Limagrain annonce l’explosion des surfaces OGM en 2007
Le nouveau directeur général de Limagrain, Daniel Chéron, a prédit qu’en 2007, les cultures de maïs transgénique à destinations commerciales seront multipliées par six par rapport à l’an passé
MULTIPLICATION. A l’occasion d’un point presse organisé par le semencier Vilmorin, Daniel Chéron, directeur général de Limagrain (actionnaire majoritaire de Vilmorin) a prédit une explosion des surfaces d’organismes génétiquement modifiés en 2007. Selon lui, le maïs BT de Monsanto, qui n’occupait que 1.000 ha en 2005, sera semé sur 30.000 ha cette année. Un chiffre qui tombe en pleine campagne présidentielle alors que la population française reste en majorité opposée aux cultures transgéniques en plein champ.
Une progression des surfaces de maïs transgénique probable
Simple effet d’annonce pour rassurer les producteurs hésitants à se lancer dans l’OGM, ou estimations fondées ? Difficile de répondre à cette question. Selon le directeur général de Limagrain, Daniel Chéron, « nous devons faire face à une importante demande de la part des agriculteurs qui souhaitent cultiver du maïs OGM dans le Sud-Ouest ». En l’occurence, la réponse à ce besoin est assurée par le géant américain Monsanto qui vend des semences espagnoles aux agriculteurs français. Le chiffre de 30.000 ha ne semble pas être issu d’une étude particulière. Selon le service de communication de Limagrain, les surfaces annoncées sont des estimations faites à partir de remontées des intentions des agriculteurs du Sud-Ouest français. Mais Limagrain n’est pas la seule société à parier sur une forte progression des terres OGM cette année. Certaines avancent des niveaux proches de 50.000 ha. Quoi qu’il en soit, l’augmentation des surfaces sera certainement effective, comme l’explique Cedric Poeydomenge, directeur adjoint de l’AGPM et spécialiste de la coexistence à Maizeurop. Pour lui, les deux précédentes campagnes ont fait grimper l’intérêt des producteurs de maïs, notamment du Sud-Ouest, pour les variétés BT, résistantes à la pyrale, principal ravageur du maïs français. « En moyenne , on a gagné plus de 10 q/ha l’an passé, de plus les producteurs ont observé une meilleure qualité des grains », explique Cédric Poeydomenge. Concernant les surfaces annoncées par les semenciers, il est plus sceptique : « on peut sans risque dire que les surfaces progresseront, mais on est incapable de donner un chiffre même approximatif ». Toutefois, compte tenu du débouché espagnol visé par ces productions OGM, si les surfaces atteignaient 30, voire 50.000 ha, « les produits seraient absorbés sans problème par la consommation espagnole qui s’élève à 2 Mt par an » assure-t-il.
Les réticences politiques n’inquiètent pas les professionnels
Semenciers et producteurs de maïs ne s’inquiètent pas du retard du projet de loi sur les OGM, dont Jean-François Copé, porte parole du gouvernement, avait promis à tort la finalisation avant la fin de la législature. Pour Daniel Chéron, la poursuite du développement de ce type de culture se fera même en l’absence d’avancée législative. De quoi faire réfléchir les deux favoris des élections présidentielles, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, convaincus ou contraints de se prononcer contre les OGM.
En effet, la première a réitéré sa volonté d’interdire les OGM et les essais en plein champ à l’occasion de son discours à Villepinte, dimanche 14 février. Plus surprenant, Nicolas Sarkozy, plus évasif, s’est dit « sceptique sur les vrais avantages des OGM » mais « n’écarte pas l’hypothèse que les OGM s’avèrent un jour vraiment utiles à la société, aux agriculteurs et aux consommateurs ». Ce jour pourrait être demain. Concernant la Recherche, le candidat de la droite majoritaire, estime qu’elle doit se poursuivre mais que « l’expérimentation en plein champ doit s’accompagner d’un encadrement strict et transparent ». De là à dire qu’elle ne l’est pas…
Face à ces déclarations peu rassurantes pour les partisans des OGM, la profession reste de marbre. « On ne commente pas les positions politiques » explique Jean-Claude Guillon, reponsable communication chez Limagrain. Pour sa part, Cédric Poeydomenge de l’AGPM, assure « que les Politiques ne pourront aller contre l’avis de la réglementation européenne qui permet la culture de maïs BT ».