Les ventes de farines françaises à l’international fléchissent en 2007
Les meuniers exportateurs français réunis au sein du Symex poursuivent leurs actions politiques et commerciales pour préserver et développer leurs débouchés
APRES de bons résultats en 2006, les exportations de farines françaises se sont érodées en 2007, du fait notamment de l’envolée des cours des matières premières. Les volumes reculent de 7 %. Lors de leur assemblée générale, qui s’est tenue le 21 mars à Paris, les adhérents du Symex (Syndicat français de la meunerie d’exportation) ont réaffirmé leurs principaux axes d’action pour maintenir, voire dynamiser, leur activité dans un secteur très concurrentiel : défense de leurs intérêts dans les négociations avec les pays d’Afrique Caraïbes Pacifique (ACP), promotion des farines françaises en Chine et suivi de la concurrence turque.
Angola, premier client des farines françaises
Les meuniers français intervenant sur le marché international étaient parvenus en 2006 à endiguer le repli de leur activité. Une première depuis 1999. Les exportations avaient même bondi de 11,8 %, à la faveur notamment du développement des ventes sur la Libye (qui ont progressé de 39.000 t à 137.000 t). Les Français ne sont pas parvenus à réitérer cette performance en 2007, les ventes passant de 452.000 t à 422.000 t d’une année sur l’autre. La demande erratique de la Libye, qui n’a commandé que 67.000 t en 2007, explique en partie ce repli. Certains clients réguliers comme la Mauritanie, le Sénégal ou la Gambie n’étaient par ailleurs plus demandeurs, ce qui a pesé sur le bilan. L’Angola, dont les achats avaient décollé ces dernières années, se montre fidèle aux farines françaises : les commandes du pays ont grimpé de 20 % par rapport à 2006, à 125.300 t. D’autres clients confirment leur intérêt pour la production hexagonale, comme le Tchad, la Côte d’Ivoire, la République centrafricaine et le Congo. Par ailleurs, les exportations sur la Guinée et la Polynésie française progressent et Cuba a de nouveau pu acheter français.
En dépit de cette érosion des volumes, la France reste le premier exportateur européen, ses principaux concurrents, Belgique et Allemagne notamment, ayant eux aussi essuyé un ralentissement de leur activité. Notons par ailleurs que l’Italien Grandi Molini a décidé de se retirer du marché export en août dernier.
Une concurrence turque affaiblie
L’activité d’export des meuniers turcs se serait passablement estompée depuis 2005. La raison ? Ankara a revu fin 2006 son système de soutien à la meunerie d’exportation. Plusieurs raisons à cela : l’action menée par le Symex et Euroflour – pour dénoncer ce qu’ils considéraient comme une distorsion de concurrence – mais également la conjoncture. Des récoltes de moindres quantité et qualité (-2Mt, à 15,5 Mt) ont motivé la décision du gouvernement turc. Le pays est même, cette année, contraint d’importer du blé. Ses exportations de farine ont chuté de près de 2 Mt en 2005 à moins de 800.000 t. Elle a concentré son activité sur 11 destinations, contre 82 alimentées il y a deux ans. Si leurs démarches ont porté leurs fruits, le Symex et Euroflour ne baissent pas la garde : « nous avons rappelé aux institutions françaises et européennes impliquées dans le dossier de rester vigilants : si la récolte de blé s’avère bonne en 2008, il est probable que la Turquie réactivera son système de subvention », avertit le Symex.
Le dossier des ventes aux pays ACP reste également ouvert. Rappel des faits : avec des blés aussi chers et la disparition des restitutions à l’exportation, il est devenu difficile d’accéder à ces marchés protégés par des barrières douanières pouvant atteindre 40 %. En juin 2007, le Symex a cherché à « alerter l’opinion sur les crises possibles liées à l’augmentation du prix du pain dans ces pays où la population a un faible pouvoir d’achat ». Il proposait de revoir les taxes à l’importation de farine et de « supprimer les obstacles au commerce, comme les mercuriales ou les cahiers des charges impossibles à tenir ». Dans ce cadre, les négociations ouvertes par l’UE avec les pays ACP en vue de la conclusion d’accords de partenariat économiques plus équilibrés ont « constitué une menace pour les exportateurs français ». En effet, leurs principaux clients étaient concernés et la farine faisait souvent partie des listes de produits dits sensibles. L’harmonisation fiscale due à l’intégration régionale pouvait entraîner une hausse des droits de douanes et rendre ces marchés moins accessibles aux Français, en particulier par rapport aux concurrents chinois et turcs, non concernés par ces accords. Fin décembre, date butoir de la négociation, quelques Etats s’étaient engagés dans des accords intermédiaires et le Ghana était le seul pays a avoir décidé de libéraliser le commerce de farine. Tous les autres l’ont inscrite sur la liste de produits sensibles. La Commission poursuit les discussions. « Nous devons persévérer auprès d’elle pour qu’elle défende nos intérêts. Une action directe auprès des dirigeants africains impliqués dans ces négociations et des représentants de la société civile est envisagée » confie le Symex. La promotion de la farine française auprès des utilisateurs chinois, en partenariat avec France Export Céréales, va se poursuivre en 2008. A l’occasion d’Europain, le Symex accueillera ainsi deux délégations d’opérateurs chinois pour leur présenter la filière.