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Conjoncture / Céréales
Les ventes de blé tendre sur pays tiers estimées à 11 Mt, au minimum

La France profite sur pays tiers de la défection des blés d’origine mer Noire, mais doit importer pour alimenter l’industrie de la nutrition animale

Dans notre dernière édition, nous avons publié les chiffres essentiels des bilans prévisionnels présentés par le Conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer réuni le 8 septembre. Ces bilans, les premiers de la campagne et qui seront sans doute amenés à évoluer au cours des prochaines réunions mensuelles du conseil céréales, méritent une analyse plus fine compte tenu du contexte particulier dans lequel s’inscrit cette campagne 2010/2011.

Un record d’exportations sur pays tiers pas uniquement conjoncturel
    Un chiffre tout d’abord ressort de ces bilans, c’est la prévision d’exportation de blé tendre vers les pays tiers : 11 Mt, et peut-être plus. Ce record absolu, s’il se réalise, ce qui est fort probable, sera en grande partie lié aux défaillances de l’origine mer Noire et plus précisément de la Russie, devenue un grand pays exportateur mais incapable cette campagne, pour les raisons que l’on sait, d’assumer ce rôle. Cependant, le record annoncé des exportations françaises n’est pas purement conjoncturel, il survient après ceux établis en 2008/2009 (9,6 Mt) et 2009/2010, des campagnes où Russes et Ukrainiens étaient bien présents sur le marché mondial, avec des prix très compétitifs.
    Il y a aussi dans cette perspective d’exportation une part de chance. Le ciel a gâté les cultures françaises cette année en leur permettant un développement excellent en quantité, même si avec 35,6 Mt elle est inférieure d’1 Mt à l’exceptionnelle moisson 2009, et en qualité (cf. encadré) alors que nos voisins communautaires connaissaient dans les deux cas de gros problèmes. La France dispose donc cette année d’arguments majeurs pour s’imposer sur le marché mondial, privilège qu’elle partage, ainsi que les marchés, avec les Etats-Unis.

Des importations de blés fourragers exceptionnellement élevées
    La France ne réalisera sans doute pas chaque campagne le score de celle-ci, mais trois records successifs ça rend optimiste ! En revanche, les prévisions de ventes à l’UE sont réduites de 300.000 t. Pour compenser le vide créé par l’export, FranceAgriMer compte sur des importations d’1,2 Mt, contre 490.000 t en 2009/2010. Il faut remonter à 1947/1948 pour retrouver un chiffre aussi élevé. L’essentiel de ces importations concernera du blé fourrager qui abondera en origine Baltique ce qui permettrait aux Fab d’atténuer quelque peu la hausse du prix intérieur. Le blé devrait figurer plus modestement dans les incorporations : 4,6 Mt contre 5,4 en 2009/2010. Notons à propos de l’alimentation animale, que FranceAgriMer propose de faire bénéficier les professions concernées, de son expertise dans les secteurs des productions végétales et animales pour favoriser le débat inter-filières entre céréaliers et leur aval élevage, dont les Fab, pour tenter de pallier les effets de la hausse brutale des céréales sur l’alimentation animale. Malgré les diverses réductions envisagées et la variable d’ajustement que constituent l’autoconsommation et le stockage à la ferme, le Conseil spécialisé céréales prévoit un stock de report étroit, de 2,23 Mt contre 3,4 l’an dernier.

L’orge et le maïs privilégiés par les Fab
    Le recul des utilisations de blé par les Fab va favoriser le report de leurs approvisionnements vers l’orge et le maïs qui retrouvent une place normale dans la hiérarchie des prix. Pour ce qui est de l’orge, dont la collecte est prévue en très forte baisse cette campagne, 5 Mt contre 6,5 en 2009/2010, l’industrie de l’alimentation animale en incorporerait 1,8 Mt contre 1,675 Mt la dernière campagne. Les ventes à l’UE reculeraient de 4,5 à 3,9 Mt, mais elles atteindraient le chiffre tout à fait inhabituel de 2 Mt à l’export pays tiers, conséquence, une fois encore des défaillances de l’origine mer Noire. Le stock tout aussi inhabituel présent en début de campagne permettrait de couvrir les besoins malgré la faiblesse de la récolte et de la collecte. La campagne se terminerait avec un report copieux d’1,8 Mt. Et il reste toujours dans les silos d’intervention européens 5 Mt dont la remise dans le circuit commercial n’interviendrait qu’après une meilleure appréciation de la récolte de maïs.
    Une récolte prévue en forte baisse, 13,5 Mt contre 15,2 Mt mais la réduction importante des ventes à l’UE, 5,3 Mt contre 7,1 Mt en 2009/2010, et les pays tiers, 50.000 t contre 400.000 t permettra de dégager sans difficulté 3,1 Mt de maïs pour l’alimentation animale et de conclure la campagne sur un volume quasi identique à celui de la dernière campagne, 2,3 Mt.

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