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Les transformateurs appellent à plus de régulation

Volatilité – Les industriels dénoncent le poids de la spéculation financière

En pleine flambée des prix des céréales, plusieurs représentants de la transformation ont fait part de leur inquiétude quant à la volatilité observée sur les marchés des grandes cultures depuis plusieurs semaines, et le rôle joué par les opérateurs financiers extérieurs au marché traditionnel. Le 12 août, meuniers et fabricants d’aliments du bétail ont ainsi dénoncé l’absence d’outil de régulation et d’utilisation du stock d’inter­ven­tion européen.

« Le blé tendre devrait se situer entre 160 et 180 €/t », selon Bernard Valluis
    « Face à l’envolée des cours du blé depuis le début de l’été, accentuée par la catastrophe climatique en Russie, Joseph Nicot, président de l’ANMF, réaffirme la nécessité de mettre en place des outils de régulation du marché », explique un communiqué du 12 août de l’Association na­tionale de la meunerie française. Pour cette derniè­re, la hausse des prix ne serait pas uniquement le fruit « d’incertitudes sur les récoltes dans l’hémisphère Nord. » « La spéculation financière s’est emparée de cette opportunité de profits rapides avec une activité totalement inhabituelle sur le marché coté par Euronext à Paris », dénon­ce l’association de meuniers. Certes, la baisse de la monnaie européenne puis les incertitudes sur les récoltes confortées ensuite par la sécheresse en Russie peuvent l’expliquer en partie, mais pas totalement. « Le nombre de contrats traités sur le marché à terme européen a explosé fin juin, avec plus de 20.000 contrats traités par jour (entre 5.000 et 10.000 en règle générale, ndlr), et même près de 50.000 le 5 août », explique Bernard Valluis, président délégué de l’ANMF. Une hausse de fréquentation que l’on peut imputer à la finance, puisque « l’ensemble des opérateurs du marché physique ne peuvent prendre de telles positions », assure Bernard Valluis, ajoutant qu’à ce moment là, « le marché des valeurs était moins porteur que les matières premières affichant une forte volatilité. »
    Autre élément attestant d’un prix anormalement élevé : « C’est surtout la cotation pour une livraison en novembre qui a été tirée par la spéculation. Pour les autres plus éloignées, les prix étaient moins chers. C’est le signe évident qu’une bulle s’est formée sur la cotation de novembre », note Bernard Valluis. D’après lui, la cotation de la tonne de blé tendre qualité meunière pour une livraison en novembre Rendu Rouen devrait se situer entre 160 et 190 €, contre 220 eenviron actuellement. « Les fondamentaux actuels ne peuvent suffire à expliquer la hausse enregistrée ces dernières semaines », insiste l’ANMF, s’appu­yant sur les relevés de l’USDA avec une production mondiale 2010/2011 n’affichant « qu’un retrait de 6 Mt par rapport à 2009/2010 », et un ratio stock de fin de campagne/consommation de 26 %. « Le même niveau que celui de la campagne précédente au cours de laquelle le prix moyen se situait autour de 150 €/t. » L’asso­ciation demande ainsi la mise en place d’éléments de régulation, notamment des marchés à terme. « Des règles spécifiques plus strictes et plus restrictives pour les marchés des produits agricoles que pour les produits dérivés en général, comme  la connaissance des positions ouvertes des opérateurs financiers, la fixation de limites d’emprise, des limites journalières de variations de cours. » La révision de la directive européenne des marchés des instruments financiers (MiFid) attendue pour l’année prochaine pourrait intégrer ces demandes. La constitution d’un stock européen de réserve est égale­ment évoquée. « Il répondrait aux besoins des utilisateurs, qui, en période de forte volatilité, en déplorent l’absence. »

Le Snia et l’Afab inquiets pour la filière
    La nutrition animale a également tiré la sonnette d’alarme au regard de la hausse des cours, qui « conduit à un renchérissement inéluctable du coût des aliments pour animaux. » Dans un communiqué du 12 août, le Snia dénonce « les effets négatifs d’une trop grande volatilité entretenue par une active spéculation, et l’intérêt que représente le maintien d’outil de régulation de marché à l’échelle européenne. » Même constat pour l’Afab, qui représente les industriels de l’Ouest : « Cette augmentation soudaine et brutale ne peut s’expliquer que par une spéculation excessive sur le marché des matières premières. Les fabricants d’aliments en appellent donc aux pouvoirs publics pour réguler les marchés et à la responsabilité des filières de productions végétales et des organismes stockeurs pour éviter la perte des filières de production animale. Très rapidement, la remise en marché de stocks européens d’intervention de céréales pourrait modérer le prix des céréales. » Une situation d’autant plus urgente que les cours de la viande ne progressent pas aussi vite que ceux des aliments, loin s’en faut.

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