Marchés céréaliers
Les stocks de report de céréales à pailles de nouveau relevés
Les prévisions de ventes à l’exportation sur pays tiers sont abaissées et plombent un peu plus les bilans attendus en fin de campagne 2009/2010
LE CONSEIL spécialisé céréales de FranceAgriMer, réuni le 13 janvier, a procédé à certaines révisions importantes de ses bilans prévisionnels de décembre dernier. Nous avons publié dans notre dernière édition (Tendances du 15 janvier), les principaux chiffres de ces nouveaux bilans qu’il convient de replacer dans leur contexte.
Stock de report blé au plus haut depuis 2004/05
Globalement, les aménagements apportés par ces bilans de janvier, se traduisent par un alourdissement des prévisions des stocks de report auquel n’échappe que le maïs. Le report de blé tendre est maintenant estimé à 4,05 Mt, le plus lourd depuis la fin de la campagne 2004/2005 (4,77 Mt) et qui risque de peser sur cette deuxième partie de la campagne, voire sur le début de la suivante, sauf si les prévisions de récolte, dans le monde, en Europe et en France devaient se révéler en baisse sérieuse. Eventualité peu probable au vu des dernières nouvelles sur l’état des cultures dans le monde et de l’abondance des stocks mondiaux, si l’on se réfère notamment au dernier rapport de l’USDA. La France est, à l’instar du marché mondial, garantie de disposer de larges réserves et, comme FranceAgriMer confirme une extension des surfaces de blé et que les conditions de culture sont favorables, la lourdeur du marché français s’explique.
L’accroissement de la prévision du stock de report national est d’abord la conséquence de la diminution de l’objectif d’exportation vers les pays tiers abaissée de 250.000 t, à 8,5 Mt. Ce n’est d’ailleurs pas un chiffre méprisable puisque, s’il est réalisé, il constituera le deuxième de ces cinq dernières années, après le record de la dernière campagne, de 9,6 Mt. La question se pose néanmoins de savoir s’il est réalisable dans le contexte de concurrence de plus en plus dure de la part de la Russie, en particulier sur l’un de nos principaux débouchés, l’Egypte. Jusqu’en novembre, les blés français ont pu participer partiellement aux appels d’offres égyptiens. Mais, depuis, la Russie a fait main basse sur ce marché, avec des arguments de poids, outre leurs prix compétitifs : l’organisation et la régulation de leur marché. Création de stock d’intervention, ajustement des critères qualitatifs aux exigences du Gasc, négociations en vue d’un accord à long terme de livraison de blé russe à l’Egypte... Enfin, les mesures imposées aux chargeurs sur le port de Rouen pénalisant le premier port céréalier français dans les embarquements à destination de l’Egypte (cf. n° 3824) n’améliorent pas les perspectives.
Cerise sur le gâteau, le retour du Kazakhstan sur la liste de nos concurrents. Retour que prévoyait FranceAgriMer et qui s’est confirmé dès le lendemain, le blé kazakh s’introduisant, avec la Russie, dans un nouvel appel d’offres égyptien. Sur le marché intérieur, les utilisations par les Fab reculent de 100.000 t, à 5,4 Mt.
Pléthore d’orge
Ces 100.000 t perdues par le blé sont récupérées par l’orge dont les prix sont attractifs pour les utilisateurs. Ce coup de pouce de l’alimentation animale ne suffit cependant à empêcher l’estimation de stock de report de s’alourdir pour atteindre un niveau exceptionnellement élevé de 3,9 Mt, soit 147 % du report déjà important de la dernière campagne. Une très grosse collecte de 10,6 Mt se trouve bloquée à l’exportation vers les pays tiers par la concurrence de l’origine Mer Noire. Cela a conduit FranceAgriMer à revoir en baisse de 200.000 t, à 600.000 t, ses espérances de ventes hors UE.
Pour l’orge, le salut ne semble pas devoir venir d’ailleurs que de l’intervention qui poursuit sa progression et risque de l’accélérer. Les bas prix de l’orge auront découragé les producteurs si l’on en juge par les estimations de semis de FranceAgriMer qui annonce une baisse des surfaces d’orge d’hiver de 1,25 million d’hectares, soit un recul de 5 %.
En revanche, le blé dur, dont on ne saurait pourtant dire qu’il traverse une campagne euphorique qui devrait s’achever par un stock de report inusité de 297.000 t, enregistrerait une progression des surfaces de 15 %.
Le maïs échappe à la morosité
Pour trouver une conclusion heureuse à ces bilans, il faudra se tourner vers le maïs, dont la prévision de report a été abaissée de 200.000 t, à 2 Mt. Malgré son manque de compétitivité par rapport aux céréales à paille, l’estimation des utilisations par les Fab a été confirmée à 2,6 Mt et la destination éthanol est augmentée de 40.000 t à 190.000 t. Mais surtout, le dynamisme des ventes à l’UE, du nord et du sud permet d’augmenter de 335.000 t les perspectives de livraisons à nos partenaires et, avec 6,85 Mt, d’établir l’un des scores les plus élevés de ces dernières campagnes (cf. "Le maïs européen compétitif à l’export").