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Les stocks de céréales françaises s’alourdissent encore, selon FranceAgriMer

Les stocks de fin de campagne commerciale 2023-2024 de blé tendre atteindraient presque 3,5 Mt. Pour l’orge et le maïs, ils sont attendus à plus de 2 Mt. L’indolence du rythme des exportations françaises explique en grande partie ces prévisions.

© ArtTower-Pixabay

Les bilans hexagonaux de céréales s’alourdissent encore. Selon FranceAgriMer (FAM), les stocks de fin de campagne 2023-2024 de blé tendre sont désormais attendus à 3,435 Mt en janvier 2024, contre 3,219 Mt en décembre 2023. Ceux en orges s’élèveraient à 2,107 Mt, contre 1,811 Mt le mois antérieur, et en maïs à 2,183 Mt, contre 1,997 Mt précédemment.

Le relèvement mensuel des stocks prévisionnels nationaux de report pour 2023-2024 en blé tendre se justifie essentiellement par l’abaissement des perspectives d’exportations. Vers les pays-tiers, elles ont été rabotées de 100 000 t, à 10,1 Mt, et de 143 000 t vers l’UE, à 6,550 Mt. L'appétit de la Chine, du Royaume-Uni, de l'Egypte et de l'Europe du Sud (Espagne notamment) semble s'affaisser, selon FAM. Ceci en raison de la forte concurrence russe et de l'Europe de l'Est. En revanche, « le marché se réjouit du retour du Maroc aux achats en janvier », a commenté Adèle Dridi, chargée d'études économiques céréales, lors de la conférence de presse suivant le conseil spécialisé Grandes cultures de FAM du 17 janvier. De plus, la sécheresse toucherait une nouvelle fois le pays, ce qui est susceptible de dynamiser ses besoins. Les experts de FAM rapportent également les espoirs des opérateurs quant au retour de la demande algérienne lors des six prochains mois.  « Le dernier achat algérien de la mi-janvier inclurait des origines françaises, et donne des espoirs aux opérateurs pour la suite de la campagne 2023-2024. De plus, la Russie connaît quelques difficultés logistiques actuellement, liées à la météo. L'origine française regagne en compétitivité », déclare Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre de FAM.

De nombreux opérateurs se sont inquiétés ces dernières semaines de la faiblesse du rythme des exportations hexagonales de céréales, en raison notamment de la forte compétitivité des origines de l’Est, essentiellement la Russie

Lire aussi : "« Grosses inquiétudes sur les exportations de céréales françaises », selon Jean-François Lépy, directeur général de Soufflet Négoce by InVivo"

Les autres postes ne changent guère. Notons une très légère correction à la baisse des prévisions de consommation de l’amidonnerie de 20 000 t de blé d’un mois sur l’autre, à 2,38 Mt. « La demande allemande semble s'affaiblir pour les produits d'amidonnerie français, d'où la correction », indique Adèle Dridi.

Les agriculteurs français peu présents à la vente

Dans un contexte de prix bas, mais aussi de manque de débouché et de craintes pour la récolte 2024, « on rapporte une rétention importante des agriculteurs à la vente. Actuellement, au vu des mauvaises conditions de semis de céréales d'hiver, les producteurs et les organismes stockeurs (OS) sont tentés de réserver des volumes pour la prochaine campagne commerciale », détaille Adèle Dridi. Elle ajoute que les stocks en dépôt (soit les stocks que les agriculteurs n'ont pas encore vendus) représentent 34 % des volumes dans les installations des OS actuellement en blé tendre, contre en moyenne 24 % à cette période de l'année habituellement.

Le constat est assez semblable en orges. Les exportations vers pays-tiers sont abaissées de 200 000 t, à 2,9 Mt, compte tenu de la déception quant à la dynamique de l'intérêt chinois et de l'Afrique du Nord. Le succinct relèvement de celles vers l’UE, de 20 000 t à 3,143 Mt, grâce notamment à la bonne dynamique de la demande émanant de la Scandinavie en qualité brassicole (à la suite d'une mauvaise récolte cette année), de l'Allemagne et des Pays-Bas, ne permet pas d’empêcher l’alourdissement de l’offre hexagonale disponible. Les exportations de malt sont également revues à la baisse. Ajoutons à cela le recul de la consommation des fabricants français d’aliments pour animaux (de 50 000 t, à 1,1 Mt), en raison de la moindre compétitivité de la matière première en formulation.

En maïs, c’est surtout le rehaussement de la collecte hexagonale, passant d’un mois sur l’autre 10,188 Mt à 10,445 Mt, qui justifie la progression attendue des stocks de fin de campagne 2023-2024. FAM explique que cela fait suite à des arbitrages entre maïs fourrage et maïs grain. Le reste des bilans varie peu, si ce n’est une petite progression de la consommation des fabricants d’aliments pour animaux locaux de 30 000 t entre décembre 2023 et janvier 2024, à 2,73 Mt, et le léger effritement de l’export vers pays-tiers du même ordre, essentiellement du Royaume-Uni, tombant à 370 000 t.

En blé dur, l’objectif de consommation de la semoulerie nationale régresse de 10 000 t, à 500 000 t. Les expéditions vers l’UE sont abaissées de 10 000 t, à 740 000 t, mais relevées du même ordre vers les pays-tiers, à 130 000 t. Au final, les stocks de fin de campagne 2023-2024 remontent quelque peu, passant de 116 000 t à 124 000 t, ce qui permet de soulager légèrement un bilan très tendu.

La situation en mer Rouge a également été évoquée. « Pour le moment, les exportations européennes et françaises vers l'Asie n'ont pas réellement été pénalisées. Il faudra voir si la situation se complexifie, ou si le moindre trafic via le canal de Suez dure, car l'Egypte tire une part importante de ses recettes grâce au passage des navires via ledit canal. Cela peut potentiellement affecter ses capacités d'achats de grains, bien qu'il existe des alternatives », alerte Marc Zribi.

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