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Bioéthanol / Site de Lillebonne
Les progrès technologiques dopent la valorisation

Le site de production de bioéthanol de blé de Tereos a atteint sa capacité nominale, et même plus

« L’Ethanolerie de Lillebonne, propriété du groupe coopératif Tereos, a dépassé ses objectifs industriels » de 8.000 hl/jour, avec un ryth­me de production moyen supérieur à 8.200 hl/j. Elle enregistre même des pointes à 9.000 hl/j, ont indiqué ses dirigeants le 25 septembre dernier lors d’une visite du site de Seine Maritime. La bonne qualité des blés 2008, également au rendez-vous en 2009, a en effet « permis d’ac­croî­tre le rendement d’extraction », explique Pierre-Christophe Duprat, directeur général de la transformation des céréales de Tereos. Pro­fitant « d’un contexte économique et politique plus favorable au bioéthanol », l’entreprise a ouvert ses portes à la presse, aux élus locaux et aux familles des employés, pour présenter, deux ans après son démarrage, ce nouvel outil capable de valoriser quelque 760.000 t de céréales pour une production totale de 3 Mhl/an d’éthanol. 60­% sont écoulées sur le marché français, le reste partant essentiellement vers le nord de l’UE. L’ETBE reste le débouché majoritaire.

Diversifier les sources d’amidon
    Si l’usine transforme surtout du blé, venu pour moitié de Normandie, « nous souhaitons di­versifier l’approvisionnement », confie Pierre-Christophe Duprat. « Maintenant que le procédé est stabilisé, nous allons l’ouvrir à d’autres matières premières » : maïs, orge et bientôt triticale. Une valorisation permise par les progrès techniques, enzymologiques en particulier, qui permettent d’hydrolyser l’amidon, mais aussi désormais de « boulotter » la cellulose. « Nous avançons donc vers les biocarburants de seconde génération. » Ces progrès ont déjà assoupli les exigences qualitatives : « A nos débuts, en 1993 sur l’unité pilote d’Origny, nous n’utili­sions que des blés meuniers. Maintenant nous transformons du fourrager », et les rendements sont supérieurs à ceux observés à l’é­poque. Avec un bémol : « Les autres céréales sont moins intéressantes techniquement, mais le but premier est de valoriser au mieux les productions agricoles des adhérents du groupe. » Le site de Lillebonne mobilise environ 100.000 ha.

Un contexte plus favorable au bioéthanol
    Le prix d’achat du blé par l’usine, défini par contrat, évolue en fonction de deux indicateurs : le prix de l’éthanol et celui des drêches. Le cours de l’agrocarburant dépend de l’équilibre en offre et demande, mais reste influencé par les marchés de l’essence et du sucre. Celui qui affiche la dynamique la plus forte montre la marche à suivre. Or, après s’être envolé à 140 $, le prix du baril de pétrole a chuté à un niveau d’à peine 30 $. Il a entraîné dans sa chute ceux de l’essence et de l’éthanol. De 64 €/hl, le prix du biocarburant a dégringolé à 43 €/hl, jetant le doute sur la pertinence du débouché. « Nous ne sommes jamais descendus en dessous de nos prix de revient », assure cependant Pierre-Christophe Duprat.
    Avec un éthanol à 53 €/hl fin septembre, l’usine de Lillebonne rémunère 125 €/t le blé à la coopérative, « sur un marché où l’on exporte entre 110 et 115 €/t », insistait
le d.-g. de la transfor­mation des céréales. « Cela n’a cependant pas été le cas ces deux dernières années, tempère le responsable, reconnaissant qu’ « il y a eu un malaise » qui a émoussé la motivation des producteurs. Ce dernier souligne néanmoins que les historiques de prix depuis 1993 attestent, qu’en moyenne, la rémunération du blé bioéthanol est supérieure à celle du marché physique. De plus, la base de calcul est aujourd’hui la même pour du blé fourrager qu’il y a seize ans pour du meunier.
    Les prix de l’alimentaire et du non-alimentaire se sont rejoints, « ce qui confirme le bien-fondé de cette filière à long terme », commente Tereos dans un communiqué alors que le gouvernement français maintient une politique volontariste. Et les dirigeants du groupe – qui compte parmi les dix premiers fabricants d’alcool-éthanol de la planète (1,5 Mm3) – de souligner que le repli des cours des céréales s’est opéré alors que la production mondiale de bioéthanol a continué de monter en puissance (20 Mm3 en 2002, 65 Mm3 en 2008, 70 Mm3 en 2009). « On nous a accusés d’affamer la planète », la situation « prouve le contraire », commente Pierre-Christophe Duprat. Et aujourd’hui, entre la stabilisation de l’énergie et la fermeté du marché du sucre, « nous pensons pouvoir aller plus haut » que les 125 €/t.

De nouveaux coproduits à l’étude

    La valorisation des coproduits est primordiale dans la rentabilité de l’outil industriel. Un tiers de la matière première rentrant dans l’usine est réorienté vers l’alimentation animale, premier utilisateur de céréales. Les drêches, d’une teneur en protéines de 32 % environ, entrent en concurrence dans les formules avec les tourteaux de soja et colza. Leur prix évolue donc en sympathie avec ces derniers, mais aussi avec les marchés céréaliers. La forte demande en protéines compense la pression baissière exercée par les céréales et permet de valoriser les drêches à 150 €/t actuellement. L’entreprise envisage par ailleurs de développer un nouveau coproduit, en concentrant davantage les protéines, à plus de 50 %. Le projet serait, selon le directeur de l’usine, Jérôme Verrier, en phase d’étude pilote.

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