Les prix du riz explosent
Retour sur le marché mondial du riz, qui a flambé au cours d’un mois d’avril très chaud
EXCEPTIONNEL. Les cours à l’exportation du riz asiatique ont escaladé de nouveaux sommets durant ce mois d’avril, marqué par des développements extraordinaires. Les cotations de la Thaïlande gagnent ainsi quelque 40 % face au risque de pénuries sur le marché mondial, dues aux restrictions commerciales imposées par plusieurs exportateurs clés.
Selon le Conseil international des Céréales (CIC), la situation est aussi très tendue aux États-Unis. Les cours à terme de Chicago ont atteint de nouveaux plus hauts sur une base presque journalière, étayés par la précarité de l’offre mondiale et les retards apportés aux semis de la récolte de cette année. Les cours à l’exportation en Thaïlande ont donc explosé, les cotations indicatives pour du riz étalon 100 % qualité B gagnant 270$, ou 40 %, à 960$ fob. En cause, la précarité des disponibilités mondiales, sous l’effet des restrictions maintenues ou nouvellement introduites par les principaux exportateurs. Des rapports suggérant que les agriculteurs retenaient des stocks ont aussi étayé les valeurs, tout comme l’approche de plusieurs appels d’offres importants par les Philippines, pour un volume maximum d'1 Mt. Des statistiques commerciales préliminaires pour le premier trimestre plaçaient les exportations à 3,3 Mt, en hausse d’environ 70 % sur l’an dernier, mais l’Association des exportateurs de riz de Thaïlande a rappelé qu’elle misait sur un ralentissement notable au cours des prochains mois, en raison des prix exceptionnellement élevés. Soulignant dans quelle mesure les valeurs thaïlandaises se sont envolées, la référence 100 % qualité B se négocie normalement à un prix inférieur au riz US No.2, 4 % de brisures, un riz blanchi de qualité comparable. Mais à la mi-avril, le cours nominal du riz thaï gagnait 150$ de plus.
Aux États-Unis, les cours à terme du riz brut à Chicago ont affiché des gains exceptionnels, l’échéance mai s’établissant à 25 % de plus, sur fond de demande internationale soutenue pour l’offre américaine et compte-tenu de la précarité des disponibilités auprès des autres origines. Étayés par les très fortes ventes de début mars, les engagements cumulés au titre de la campagne de commercialisation ont grimpé à 3,5 Mt, en hausse de 21 % sur l’an dernier.
Retards sur les semis 2008
Les retards des semis de la récolte 2008 ont aussi étayé les valeurs. Au 20 avril, l’USDA estimait que les semis étaient achevés à 26 %, contre 40 % un an plus tôt. Dans le sillage des gains réalisés sur les marchés à terme, les cotations au Golfe pour du riz américain No.2, 4 % enregistraient une progression d’environ 130$, pour s’établir aux alentours de 830$ fob.
Le Vietnam a quant à lui abaissé son objectif d’exportations pour 2008 de 0,5 Mt, à 4 Mt, pour tenter de juguler les pressions inflationnistes. Bien qu’officiellement il y ait une interdiction sur les nouvelles ventes jusqu’en mai, les exportateurs ont participé à l’appel d’offres organisé à la mi-avril par les Philippines. L’activité s’est principalement axée sur les expéditions à valoir sur des contrats existants, environ 360.000 t étant préparées au port de Saigon, principalement pour l’Afrique et les Philippines.