Les pompes à E10 se développent lentement sur le territoire français
Malgré un rythme d’installations encore faible, les représentants de la filière croient en l’objectif de 70 % de pompes équipées pour fin 2009
PRES DE TROIS mois après son lancement officiel sur le territoire hexagonal, le carburant E10 (mélange d’essence et de bioéthanol à 10 %) peine à trouver sa place dans les stations-service françaises, avec un taux de représentation de 8 % seulement. Pour parvenir à remplir l’objectif d’incorporation de 7 % d’agrocarburant dans les carburants classiques d’ici 2010, la filière bioéthanol doit assurer la disponibilité de l’E10 dans 70 % des stations françaises. Un objectif difficilement tenable compte tenu du rythme actuel des mises en place des nouvelles pompes, qui sans augmentation sensible ne permettra de convertir que 30 % des stations d’ici fin 2009.
Un rythme d’installations « pas encore optimisé »
Sur les 12.700 stations-service que comptent l’Hexagone, seulement 1.015 étaient équipées de pompes E10 au 22 juin. Au rythme de 10 à 15 pompes ouvertes quotidiennement (statistiques depuis le 1er avril 2009 selon Meedat), l’ensemble du réseau sera difficilement couvert d’ici la fin de l’année. Les représentants de la filière réuni à Paris le 22 juin, estiment néanmoins que « l’objectif des 70 % de pompes équipées fin 2009 sera atteint », le rythme des installations n’étant « pas encore optimisé ». Mais certains vont plus vite que d’autres, à l’image de la société pétrolière BP qui a déjà converti l’ensemble des son réseau à l’E10. « Nous avons procédé à un lancement éclair avec 380 stations-service qui ont basculé vers l’E10 en un mois ». Un dynamisme évident mais qui ne bénéficiera pas à tous les automobilistes, puisque l’enseigne a choisi de convertir toutes ses pompes SP95 en SP95-E10, laissant de côté les propriétaires de véhicules antérieurs à 2000 roulant à l’essence, pour lesquelles la compatibilité du moteur avec l’agrocarburant n’est pas assurée. Ces conducteurs devront alors se tourner vers le SP98, plus cher que le SP95, et sans contrepartie. Une politique que ne partage pas le géant de la grande distribution Leclerc, qui fait le choix de conserver l’offre SP95, considérant que « le SP98 n’est qu’un produit marketing sans avantage pour l’utilisateur », selon Thierry Forien, directeur de Siplec (qui s’occupe des achats de carburant pour le groupe Leclerc). Le développement des pompes au niveau des magasins Leclerc reste pour l’instant timide, avec environ 70 pompes E10 en France, mais devrait s’accélérer d’ici peu.