Les pays de l’Est offensifs dès le début de campagne
La France devra stabiliser ses débouchés à l’international face à une concurrence féroce et des clients aux besoins plus modestes
CONCURRENCE. Le dernier Conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer du 13 mai 2009 a une nouvelle fois fait apparaître la complexification du marché céréalier mondial. La Russie et l’Ukraine, offensifs dès le début de la campagne, avec respectivement 15 Mt et 9-10 Mt exportables ; l’Inde de retour aux exportations ; le recul de la demande du Maghreb... seront les éléments clés de la campagne 2009/2010.
La Russie et l’Ukraine restent de sérieux compétiteurs pour la prochaine campagne
Au 6 mai, le stock d’intervention de la Russie en blé atteignait 7,4 Mt. Un stock important que les Russes vont mettre rapidement sur le marché afin de gagner de la place pour le stockage. Les producteurs ukrainiens, à la tête de près de 20 Mt, vont chercher a faire de même en raison de problèmes financiers importants. Ce qui promet un début de campagne agressif.
Des rumeurs concernant la nouvelle société étatique russe United Grain Company, évoqueraient la mise sur le marché rapide d’une première tranche de 500.000 t de blé à destination du Brésil. Cette société devrait permettre au gouvernement russe de reprendre en main une large partie des exportations vers les pays tiers. Avec des risques certains. Michel Ferret, responsable marché et étude filières, souligne qu’avec « une gestion étatique des exports, on rentre dans une sphère où la transparence n’est pas la règle. » Elle pourrait remettre au goût du jour les ventes diplomatiques (d’un Etat vers un autre), comme l’illustre le cas des relations Brésil/Russie. En tout cas, 4 visites auraient déjà été effectuées vers ce pays pour fixer le cadre des échanges pour la campagne 2009/2010.
L’Inde active à l’intercampagne, le Maghreb moins importateur
De son côté, l’Inde, avec des stocks dits « confortables », pourrait exporter jusqu’à 5,6 Mt de blé, en raison de problèmes de stockage.
Ce pays retrouverait donc sa situation d’exportateur de la période 2001/2006. Pour la troisième année consécutive, la récolte a été bonne. Elle atteindrait 78 Mt, avec un stock de départ de 13 Mt. Le gouvernement indien a déjà autorisé l’exportation de 2 Mt de blé par les exportateurs privés à compter du 15 mai. Le Bangladesh et le Pakistan seraient les premiers servis. A noter que l’Inde a d’autre part acheté beaucoup de blé dans le cadre de l’aide aux nécessiteux.
Selon le CIC du 30 avril 2009, les échanges mondiaux afficheraient un net recul de 10 Mt, s’établissant à 112 Mt pour la récolte 2009/2010, en raison notamment de besoins du Proche-Orient et du Maghreb en retrait. La Syrie, la Turquie et l’Iran rapporteraient une meilleure campagne qu’en 2008. Les besoins de ce dernier resteraient toutefois supérieurs à la normale avec des achats qui s’approcheraient des 3,5 Mt. Les importations de l’Arabie Saoudite seraient également en hausse à 1,3 Mt pour la prochaine campagne.
L’augmentation de la production du Maghreb ne sera également pas sans effet. Avec des récoltes marocaines et algériennes attendues en bonne progression, l’UE devra s’attendre à moins exporter vers ses clients traditionnels de l’Afrique du nord. L’Egypte demeurera le principal client avec des besoins qui devraient approcher les 8 Mt.
Quelle stratégie pour la France?
« Le premier objectif de la France sera de stabiliser les débouchés proches », selon Michel Ferret. La France n’a pas trop exporté sur l’UE pour la campagne 08/09 (-12,9 % par rapport à 07/08). Elle devrait se repositionner dessus pour la prochaine campagne. D’autre part, « l’Afrique Noire sera à développer ou au moins à asseoir, et les ventes sur le Maroc, à maintenir », précise le responsable marché. En sachant que la compétition avec le bassin méditerranéen sera supérieure cette année... Pour les prix, la prudence règne, vu les incertitudes concernant la récolte. Les chaleurs de juin sont redoutées.