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Marché mondial
Les cours du blé devraient rester fermes

Aucun élément propre au marché du blé ne lui permet de franchir à la baisse la barre symbolique des 195 €/t. Mais au-delà de 235 €/t, la demande intérieure se carapate !

Après sa flamée estivale, le marché du blé tendre reste ancré à de hauts niveaux de prix. La filière agroalimentaire est mise en difficulté. Retour sur un marché atypique.

L’Australie handicapée par sa logistique
    En juillet, le marché s’est surtout animé de « la spéculation sur la capacité de la Russie à exporter », rappelle Pierre du Peyroux, analyste au cabinet de courtage Plantureux et associés. Et, si le pays disposait de stocks d’intervention, ils ne correspondaient pas forcément aux qualités demandées par les pays importateurs ou n’étaient pas localisés dans les régions tournées vers l’export. Le marché s’est emballé au fil des révisions à la baisse de la récolte. Le 5 août, Moscou annonce finalement « sans surprise » la mise en place d’un embargo à l’exportation. « Et, bizarrement, cette date marque la fin de la hausse des prix  » D’autres épiphénomènes se sont ensuite fait sentir, comme les pluies et le gel au Canada entravant les récoltes. Notons que les intempéries au moment des semis avaient déjà provoqué une vague de tensions sur le marché mondial en juin. La situation en Australie vient aussi soutenir les prix : « L’est du pays devrait produire plus que la normale et l’ouest moins. Cela est problématique dans la mesure où l’export part de la façade Pacifique et que la logistique intérieure n’est pas faite pour transférer d’importants volumes d’un bout à l’autre du continent. » Mais globalement, à la mi-août, « le blé avait fait son travail » d’influence sur le marché. Il évolue depuis à des niveaux élevés, mais sans élément propre assez marqué pour le faire repartir à la hausse. C’est le maïs qui, dès septembre, lui a succédé en tant que marché directeur, avec notamment la confirmation d’une baisse des rendements américains et des incertitudes sur la récolte en Chine, qui continue d’acheter (1,226 Mt contractées de janvier à septembre, dont 512.000 t sur ce dernier mois avec 508.000 t d’origine US). Cela a un effet psychologique important sur le marché. Depuis quelques temps le soja a relayé le maïs avec, là encore, une demande chinoise insatiable. Les cours du blé se maintiennent donc à niveau. « Il n’y a en effet pas non plus assez d’informations baissières pour casser le niveau de 195-198 €/t », remarque Pierre du Peyroux. « Nous allons donc continuer à évoluer dans le tunnel de prix actuel de 195/235 /t », estime-t-il ajoutant : « Nous évoluons cette année sur un marché très psychologique. »

Un gâteau de 20 Mt de blé à se partager à l’exportation
    Face à l’absence des grands exportateurs que sont la Russie (et ses désormais 42 à 43 Mt de blé), mais aussi l’Ukraine et le Kazakhstan (dont la moisson est passée de 16 Mt en 2009 à 11,5 Mt, avec des pertes importantes dans les zones de cultures du blé, au Nord), les autres fournisseurs du marché mondial se frottent les mains. En 2009/2010, les ventes de blé à l’export de ces trois origines s’élevaient à 36 Mt. Elles sont attendues à 14,5 Mt pour cette campagne. « Un volume de plus de 20 Mt serait donc à partager entre les producteurs en mesure d’exporter cette année », a indiqué Michel Ferret, chef du service marché de FranceAgriMer, lors de son intervention aux 61es JTIC, à Reims. L’UE, et en particulier la France, va « jouer un rôle clef dans l’équilibre du marché mondial ».

La France ne pourrait exporter que 11,5 Mt en dépit d’un potentiel de 14 Mt
    Si la récolte française s’avère finalement correcte en volume selon FranceAgriMer, et de bonne qualité, les pluies qui se sont abattues sur le nord de l’UE durant la moisson ont augmenté les disponibilités en blés fourragers. Résultat, « les importations de blés britanniques et allemands par les fabricants d’aliments composés français ont explosé », avec quelque 350.000 t à 400.000 t déjà achetées sur juillet-décembre, contre 491.000 t sur l’ensemble de la campagne 2009/2010. Les meuniers germaniques sont de leur côté venus s’approvisionner en blé de qualité dans l’Hexagone. Par le jeu des vases communicants ces entrées augmentent le potentiel exportable de la France sur pays tiers qui est estimé, selon les derniers chiffres de FranceAgriMer, à 11,5 Mt. « Un objectif réaliste », selon Pierre du Peyroux. Pourtant, les besoins internationaux en blés français sont bien plus conséquents à 13 à 14 Mt environ. Mais la France peut difficilement descendre en dessous des 2 Mt de stock de report, soit un ratio par rapport à la consommation de 6,3 % ou trois semaines, qui est un seuil critique. Pour le moment, « la demande internationale se fait bien plus discrète à compter de décembre avec des importateurs bien couverts. Même si la demande, égyptienne notamment, se manifeste toujours, elle n’est que routinière. Pour la seconde partie de campagne, il faudra patienter un peu pour observer un vrai réveil », estime Pierre du Peyroux. Les importateurs attendent notamment de mieux cerner le disponible exportable de l’Australie. Il faudra aussi garder un œil sur les rendements de maïs US, qui peuvent encore baisser, et sur l’avancée des semis en Russie. « Ceux d’hiver sont attendus en baisse, qu’en sera-t-il en printemps ? »

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