Entreprises
Les coopératives se dotent d’une charte de gestion du risque Prix
Pour faire face à la volatilité des marchés des matières premières, Coop de France Métiers du grain (CdF MG) propose à ses adhérentes une “Charte de bonnes pratiques de gestion du risque prix”, dans la droite ligne du guide présenté il y a un an. « Les outils de gestion peuvent être utilisés en bon père de famille, mais certains pourraient aussi se croire au casino », imageait Christian Pees, son président, le 11 juillet, lors d’une conférence de presse à Paris. Pour éviter tout accident et rassurer les partenaires financiers, « mieux vaut prévenir que guérir ! » Rappelons en effet que l’état se porte garant auprès des banques pour l’attribution de financements, à taux intéressants, dans le cadre du paiement comptant des producteurs par les coopératives. « L’enveloppe, montée jusqu’à 2,8 Md€, apparaît dans le radar de Bercy », estiment les responsables de CdF MG. Gouvernance, identification des risques et mise en place d’un cadre de gestion pour les maîtriser, constituent les trois axes de cette Charte.
Redistribuer la gouvernance
« Chaque entreprise reste maître de son risque, on ne peut pas lui dire de ne pas en prendre si elle en a les moyens », estime Christian Pees. La Charte insiste dès lors sur la gouvernance.
La charte de gestion du risque Prix – pensée pour s’adapter à la diversité, en taille et aversion au risque, des coop – cherche à « faire en sorte que l’information circule », souligne Christian Pees. « Plus une décision est partagée, responsabilisant beaucoup de personnes, plus la prise de risque est réduite », justifie Vincent Magdelaine. Cela suppose, notamment, de clarifier la séparation des pouvoirs, de mettre en place un schéma de circulation de l’info ou encore de former les administrateurs et les cadres à la question du risque Prix.
La charte demande aussi aux entreprises d’analyser les risques liés aux différents types de contrats qu’elles proposent aux producteurs. Elles doivent pour cela se doter d’outils et être à même d’évaluer à tout moment leur exposition. Enfin, les coopératives s’engagent à établir des limites et à les respecter en prévoyant un schéma d’alerte en cas de dépassement. Le 15e et dernier commandement prévoit des évaluations régulières des dispositifs en place, y compris par contrôle externe.
Verrouiller l’encadrement en place dans les coopératives
Si les coopératives ont déjà bien avancé sur le dossier, cette charte, lancée en mai, « apporte un cadre pour finaliser les démarches », résume Anne-Laure Paumier, la responsable Marchés. « C’est un dispositif pour éviter le trou dans la raquette », ajoute Vincent Magdelaine. Huit engagements doivent être acquis après un an et les sept autres, au bout de trois.
Si Coop de France espère que toutes ses coopératives adhérentes signeront la charte, la fédération table sur au moins 75 % (en nombre, 90 % en volume) d’engagées sous trois ans.