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Marché mondial / blé
Les clés des marchés à l’export

De nouvelles opportunités se profilent sur le marché mondial pour la France. A condition de s’adapter aux exigences qualitatives des pays cibles

EN 2018, la consommation mondiale de blé devrait grimper à 718,9 Mt, contre 628,8 Mt sur la moyenne 2006-2008 selon l’OCDE. Tous les débouchés augmenteraient. Il faudra, entre autres,  nourrir plus de 700 millions de personnes supplémentaires, et répondre à une demande croissante de l’industrie des biocarburants (+106,4 Mt dans le monde d’ici 2020, selon l’Inra). Des volumes, mais aussi de nouveaux marchés seront à saisir, sous réserve d’adaptations aux exigences des pays cibles. Un thème qui a été évoqué le 10 novembre au cours du colloque “ Compétitivité des céréales françaises aujourd’hui et demain ”, coorganisé par Arvalis et France Export Céréales.
 
Travailler sur les teneurs en eau et les protéines
    « Fournir des blés propres » est le premier critère à soigner selon François Gâtel, directeur de France Export Céréales. Dans bon nombre des pays cibles, l’acheteur est l’Etat. « Il ne veut pas prendre de risque ». Contrairement à l’Amérique du Nord, les silos portuaires français n’ont pas de nettoyeurs. Le tri du grain en amont, chez les collecteurs, est donc essentiel. « Le conditionnement, la présentation de ce qui est chargé dans le bateau sont importants », a précisé Jean-Philippe Everling, directeur de Granit Négoce.
    Autre exigence primordiale de qualité : la teneur en eau. Les blés français sont souvent jugés trop humides, ce qui peut engendrer des problèmes de conservation, ainsi que des difficultés à appréhender le mouillage au moulin. Un problème qui, selon François Gâtel, peut être réglé rapidement par une étape de séchage.
    L’effort pourra également être porté sur les teneurs en protéines, parfois trop faibles notamment pour la production de pains plats arabes que l’on peut trouver en Egypte ou au Moyen-Orient. Or tous les concurrents, que ce soit les USA/Canada, l’Allemagne, l’Australie ou la Russie peuvent fournir des blés à teneurs protéiques plus élevées. Autre aspect, le développement de la teneur en gluten, mais en ne cédant pas aux sirènes non plus. « Il faut conserver les qualités de la protéine qui font la spécificité du blé français, avec un P/L inférieur à 0,8 ». Ces dernières exigences impliqueront des mesures beaucoup plus longues à mettre en œuvre, dont la sélection variétale.
    Il ne faudra pas non plus négliger l’aspect couleur de l’amande. « Les consommateurs français ont l’habitude d’une mie crème alors que  beaucoup de pays consomment des pains blancs », indique François Gâtel. Et bien entendu, travailler également l’image du blé français. Car si sur les marchés actuels, les productions françaises bénéficient d’une bonne image, il reste des efforts à faire concernant la prospection. On leur reprocherait une qualité « moyenne » –un blé semi hard, à faible taux de protéines– souvent inférieure au cahier des charges. Les pistes d’évolution concerneront l’ensemble de la filière. Elle devra songer à segmenter davantage sa production ou améliorer la qualité moyenne.

Des parts à gagner au Moyen-Orient
    Quelques 58 % du blé français sont exportés, dont 43 % en UE (chiffres 2008/2009, FranceAgriMer). Selon François Gâtel, il est dans un premier temps important de maintenir les marchés actuels, c’est à dire les marchés de proximité géographique (Benelux, Allemagne, Europe du sud) et/ou culturelle (Maghreb, Afrique de l’Ouest, Proche et Moyen-Orient). Maintenir car, dans l’ensemble, il sera difficile de développer les échanges dans ces zones. Ainsi, en Europe, « nos productions pâtissent de la baisse de la consommation de l’alimentation animale liée à celle des productions animales ainsi que d’une concurrence intra-UE » indique François Gâtel. Dans les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, il sera difficile de faire plus, le taux de pénétration étant déjà compris dans la fourchette 60-80 %. Par contre, concernant le Proche et Moyen-Orient (Egypte, Yémen, Iran), les parts de marché pourraient être bien meilleures. « Les années sont plus fluctuantes. Par exemple, nos parts de marché en Egypte évoluent de 0 à 30 % », selon les campagnes.
    Parmi les marchés à conquérir : la péninsule arabique et l’Irak. Par exemple, l’Arabie Saoudite a décidé d’arrêter progressivement sa production du blé et d’ouvrir ses frontières. Parmi les bonnes pistes en Afrique, le Nigéria et l’Afrique Australe. Sans oublier en Amérique du sud, le Brésil (tout de même le second marché importateur en blé de la planète) ou encore le Venezuela, lorsque la production argentine connaît des difficultés comme c’est le cas cette année.

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