L’élevage de l’Ouest est à sec
Les éleveurs bretons doivent faire face à une dinimution de l’offre en fourrages
La sécheresse a atteint les éleveurs de bovins de l'ouest et du nord de la France. La Fédération nationale bovine (FNB) annonce « une baisse de rendement en fourrage de 30 à 50 % par rapport à une année normale ». En maïs fourrage, « il faut attendre la récolte pour obtenir des chiffres bien que le même niveau de perte soit très probable ». Pour les agriculteurs du sud du Finistère, les baisses de rendements s’élèvent à 50 % pour les stocks de foin d'hiver, 40 % à 50 % pour le blé (grain), et 50% à 70% pour la paille. En Vendée et en Loire-Atlantique, début juillet, ce sont respectivement 5/000 et 14 .000 t de paille qui manquaient dans des zones déjà touchées par la tempête Xynthia. Autre exemple, dans les Deux-Sèvres, le Gaec de la Madeleine, 80 ha en production laitière, est en déficit de 200 t de fourrage. Là où la sécheresse s’est installée, les éleveurs ont, en général, entamé leurs stocks d’hiver pour nourrir leurs animaux cet été.
Solution ? Vendre les animaux
« Des ventes d'animaux non finis ont été observées. Mais peu d'éleveurs décapitalisent pour le moment, même si cela pourrait s'observer du fait de la hausse du prix de l'aliment et d'un revenu qui reste au plus bas depuis 3 ans », reprend la FNB (cf. "L’élevage dans l’étau des prix"). Chez les éleveurs laitiers, la décapitalisation est déjà en marche. Selon Josian Palach, de la Confédération paysanne, « la sécheresse ne fait qu'accentuer la situation financière délicate des éleveurs laitiers. Entre hausse du cours des céréales, faible trésorerie et manque de fourrage, la décapitalisation est déjà enclenchée. Les animaux partent à l'abattoir au détriment des éleveurs de bovins viande. » Par contre, la production française de lait reste stable, « elle baissera sans doute dans les mois qui viennent avec la période des vêlages ». Baisser l'alimentation au détriment de la production pour baisser les coûts, « les éleveurs l'ont déjà fait l'an dernier, cette année ce ne sera plus possible », martèle André Bouchut, secrétaire national de la Confédération paysanne. Les solutions sont donc limitées. La dérogation de pâturage sur les jachères est insuffisante. « Nous nous battons pour que le gouvernement mette en place une aide au transport des fourrages entre les régions et limite la spéculation sur les céréales. L’état aurait dû prendre des mesures dès le début de la sécheresse. » Reste la solidarité afin que, par exemple, le maïs grain soit récolté en maïs fourrage même si le transport et le cours du maïs vont limiter les achats. La FNSEA, de son côté, a lancé le programme Solidarité Paille en privilégiant les échanges intra-départementaux pour éviter une flambée des cours. Des échanges interdépartementaux ont tout de même lieu. Ainsi l'Orne a fait appel au Pas-de-Calais, avec un prix moyen de la paille, rendue exploitation, à 90 €/t En Pays de Loire, le prix varierait entre 80 et 100 €/t. Les régions touchées ont demandé à être classées en zone de calamité agricole. Pour autant, tous les agriculteurs ne seront pas indemnisés. Le maïs est une production qui n'est plus couverte par le Fonds national de garantie de calamités agricoles mais par des assurances privées, ce qui n'est pas encore le cas de l'herbe. « Seulement, les éleveurs ne se sont pas assurés. Les assurances privées sont trop chères. Seuls les plus riches vont donc être indemnisés », reprend André Bouchut.