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Marchés
Le sucre enregistre une envolée historique de ses cours mondiaux

Offre limitée, demande croissante, stocks au plus bas : tout se conjugue pour que les cotations du sucre crèvent le plafond

EN OCTOBRE, les cours mondiaux du sucre ont progressé de façon exponentielle atteignant en ce début novembre des records historiques sur les marchés à terme new-yorkais et londonien. Sur le NYBoT-ICE américain, les cotations ont atteint le vendredi 5 novembre leurs plus hautes valeurs depuis 1981 (32,30 cents la livre de sucre brut), alors que le Liffe britannique enregistrait le même jour des niveaux sans précédents depuis le lancement du contrat à terme en 1987 (788 livres la tonne de sucre blanc). Les prix sont dopés par les craintes d’un net rétrécissement de l’offre, sur fonds de stocks mondiaux au plus bas, alors que la demande s’accroît de la part des grands pays importateurs traditionnels. La Chine, le Pakistan, l’Union européenne, l’Indonésie et la Russie souffrent en effet de récoltes nationales moins abondantes que prévu en raison de conditions climatiques désastreuses qui ont perturbé les cultures de betteraves sucrières et de canne à sucre. Selon l’Organisation international du sucre (Iso), l’excédent sucrier ne devrait pas dépasser les 2 Mt pour la campagne 2010/2011, après deux ans de déficit record, contre 3,22 Mt estimée en août dernier.

La Niña responsable du renchérissement fulgurant des cours mondiaux du sucre
    L’origine de cette envolée des cours mondiaux est à mettre sur le compte des inquiétudes croissantes quant à une dégradation des perspectives de récoltes chez les principaux producteurs, alors que la demande mondiale reste imposante et que les stocks des pays consommateurs sont à leur plus bas niveaux depuis vingt ans. Entre pluviométrie excessive et sécheresse persistante, les détériorations induites par le phénomène météorologique La Niña ont conduit les opérateurs à prendre conscience que les tensions qui ont pesé sur la campagne 2009/2010 sont encore d’actualité.

Baisse de production et engorgement des ports au Brésil
    Le Brésil, de loin le premier exportateur de sucre, fait l’objet de toutes les attentions. Les  pluies diluviennes de cet été qui ont paralysé l’acheminement de la marchandise vers la façade maritime, ont entraîné un engorgement des ports brésiliens, avec plus de 120 navires en attente de chargement. Ce problème de logistique, qui n’était pas entièrement réglé fin octobre, a généré une situation chaotique sur le marché mondial. Parallèlement, la sécheresse qui s’est abattue dans le sud du pays a considérablement dégradé les cultures de canne à sucre, ce qui va affecter les rendements de canne. Selon la Fédération brésilienne de la canne à sucre (Unica), les fortes pluies qui ont frappé la région centre-sud du pays durant la seconde moitié de septembre ont également induit des conséquences négatives sur les cultures de canne. Ainsi la production de sucre sur les deux premières semaines d’octobre est de 30 % inférieure à la même période de 2009, d’après des statistiques officielles. La récolte 2010/2011 est attendue en hausse sur l’an passé, mais les autorités ont revu sensiblement à la baisse leurs estimations initiales.

Les exportateurs outsiders peinent à prendre la relève
    Dans ce contexte, l’Inde, deuxième producteur mondial de sucre, fait figure de sauveur mais rien n’est moins sûr. Malgré une production prévue en croissance de plus d’un tiers par rapport à la précédente campagne qui serait supérieure de 3 Mt à la consommation intérieure, les autorités indiennes risquent de limiter leurs exportations, en raison d’un niveau de stocks jugé trop bas. La décision est attendue dans le courant du mois de novembre.
    Pour couronner le tout, l’Australie, qui occupe la troisième place au palmarès des plus grands exportateurs de sucre mondiaux, s’inquiète pour ses cultures sucrières, en proie à de fortes précipitations.
    Les tensions actuelles enregistrées sur le marché international du sucre risquent de perdurer à moyen terme. Selon le cabinet spécialisé Czarnikow, la demande mondiale de sucre devrait en effet doubler au cours des vingt prochaines années, tirée par les économies émergentes. Les opérateurs n’ont pas fini de se faire des cheveux blancs.

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