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Céréales
Le sorgho fait son retour dans la sole française à la faveur de sa rusticité

Dans un contexte de politiques agricoles de plus en plus vouées à la défense des pratiques durables de production, le sorgho tire son épingle du jeu

LE REGAIN D’INTÉRÊT pour la culture du sorgho serait lié aux perturbations économiques et climatiques qui touchent les exploitations agricoles depuis quelques années. “Le sorgho a une carte à jouer, en permettant aux agriculteurs de s’adapter aux contraintes environnementales en cours et à venir” d’après les représentants de la filière présents lors du lancement de la campagne 2010 dans les locaux d’Arvalis, à Paris le 18 février dernier.

Des zones de production en expansion
    Avec des surfaces de sorghos grains en progression de 20.000 ha, la France atteint les 57.000 ha en 2009. « Ce sont principalement des difficultés d’implantation des cultures cet hiver qui ont incité les producteurs à rattraper leurs semis au printemps grâce au sorgho » a expliqué Yvon Parayre, président de la commission sorgho AGPB. Cependant cette culture prend sa place dans les assolements français grâce aux progrès réalisés par les semenciers en termes de précocité et de productivité. Ainsi, les zones de cultures ont gagné du terrain vers le Nord, et le sorgho est désormais cultivé dans le Centre et sur la côte Atlantique. Les principales régions de production restent le Midi-Pyrénées, où les surfaces cultivées ont le plus progressé cette année, l’Aquitaine et la vallée du Rhône. Au niveau national, le rendement moyen 2009 s’établit entre 56 et 57 q/ha, et ce malgré les chaleurs ayant touché les cultures en juillet et en août. Si la région Sud-Est est parmi celles qui connaissent les meilleurs résultats, c’est aussi l’endroit où l’irrigation est la plus intensive. Du côté de l’Atlantique, les rendements sont plus faibles en raison de l’utilisation de variétés précoces. Mais avec des gains moyens en productivité de 0,7 q/ha/an en France, « le sorgho a encore de bonnes marges de progression » a souligné Olivier Jean, représentant de Pro sorgho.

Une rusticité gage de durabilité
    En France, 80 % des sorghos sont cultivés en sec car la plante répond bien à une irrigation modérée. Cette résistance à la sécheresse pourrait soutenir le développement de la culture en France, en particulier dans un contexte réglementaire se durcissant sur les questions environnementales. En effet, l’entrée en vigueur de la loi sur l’eau à partir du 1er janvier 2011, entraînant des restrictions d’irrigations de l’ordre de 30 à 50 %, pourrait faire la part belle au sorgho. Cette culture, peu exigeante en intrants, permettra aussi aux agriculteurs de s’adapter à la mise en place du plan Écophyto 2018. Ces échéances réglementaires devraient aussi consacrer un retour aux rotations, à l’agronomie et au travail du sol auxquels le sorgho répond bien.

Un marché européen en construction
    Avec une collecte qui s’établit aux alentours des 200.000 t en 2009 dans l’Hexagone, le sorgho peut tirer son épingle du jeu dans un contexte de prix bas sur l’ensemble des céréales. En effet, de faibles disponibilités en sorgho sur le marché français évitent l’alourdissement des stocks de report et permettent de conserver un prix rémunérateur. Pour les productions françaises de sorgho, en particulier du sud-ouest, l’Espagne reste un bon débouché avec 100.000 t exportées chaque année, notamment grâce au contingentement des entrées de maïs et de sorgho dans l’UE. En France, l’autoconsommation atteint les 100.000 t environ soit un tiers de la production. Avec un différentiel de prix inférieur de 5 à 10 €/t par rapport au maïs en moyenne et sur une longue période, le sorgho a connu des pics d’utilisations en Europe, à 6,628 Mt, lorsque les cours sur les marchés agricoles étaient au plus haut en 2007/2008. Les principaux fournisseurs européens de sorgho sont la France et l’Italie. Au niveau mondial, les États-Unis sont les premiers producteurs et vendeurs dans le monde en contrôlant 50 % des flux d’exportations. De plus, 30 % des disponibilités américaines de sorgho partent en éthanoleries, ce qui permet de réguler le marché. Des pays comme l’Argentine et l’Australie sont aussi de grands producteurs et exportateurs voués à gagner des parts de marché. Globalement, les principaux importateurs sont le Japon, le Mexique, et l’UE qui achète annuellement 250.000 t de sorgho sur le marché mondial.
    Avec une baisse globale des prix agricoles sur la campagne 2009/2010, l’intérêt pour le sorgho de la part des fabricants d’aliments du bétail s’est amoindri. Dès lors, les importations se sont réduites. Et les niveaux de collecte et d’utilisation se sont établis aux environs des 200.000 t/an. Selon les représentants de la filière, c’est le manque de régularité dans les approvisionnements qui pénalise l’utilisation du sorgho dans l’alimentation animale. C’est pourquoi, grâce aux progrès techniques, Yvon Parayre estime que « 70.000 ha de sorgho cultivés en France, c’est possible. Et nécessaire si l’on veut développer ce marché et avoir assez de disponibilités pour que les fabricants d’aliments du bétail fassent entrer ce produit dans leurs formulations. » Enfin, avec des marges brutes équivalentes au maïs, lorsque les cultures ne sont pas irriguées, le sorgho pourrait, après le découplage en 2012 et l’arrivée des aides rotationnelles d’environ 30 €/ha, prendre son essor dans les assolements avec une rentabilité globalement meilleure que celle du tournesol.

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