évènement
Le Snia détaille ses pistes pour sauver l’élevage français
Pour endiguer la crise que traverse actuellement le secteur de l’élevage français, le Syndicat des industriels de la nutrition animale a lancé18 propositions. Il souhaite aussi une hausse des prix des produits animaux à la consommation.
La situation semble s’être aggravée fin 2012 pour les éleveurs de porcs. En 2013, la production est attendue en baisse entre -5 et -7 %. Du côté des volailles, la situation est tout aussi préoccupante avec une rentabilité qui continue de s’effriter. Une conjoncture qui pèse logiquement sur l’activité de l’industrie de la nutrition animale, qui s’inquiète pour sa pérennité. Lancée au mois de décembre, une série de 18 propositions pour « enrayer le déclin de l’élevage et soutenir la compétitivité des filières animales » a été détaillée par le Snia le 10 janvier à Paris.
« L’année 2012 marque un équilibre entre le prix de revient et le prix de vente du porc à la carcasse. Et début 2013 commence mal puisque le coût de revient, à environ 1,60 euro/kg de carcasse, serait supérieur au prix de vente situé autour d’1,40 euro/kg », estime Jean-Pierre Joly, président et directeur du Marché du porc breton. Une situation qui s’aggraverait depuis les derniers mois de l’année 2012, alors que les prix du porc avaient atteint un sommet historique en septembre. En 2013, une baisse de la production porcine comprise entre -5 et -7 % est attendue, générant une perte de 275.000 à 385.000 t d’aliments pour la nutrition animale. Du côté des volailles, la situation est tout aussi préoccupante avec une rentabilité qui continue de s’effriter. Une conjoncture qui pèse logiquement sur l’activité de l’industrie de l’alimentation animale, inquiète pour sa pérennité. Lancée au mois de décembre, une série de 18 propositions pour « enrayer le déclin de l’élevage et soutenir la compétitivité des filières animales » a été détaillée par le Snia le 10 janvier à Paris.
Des leviers pour gagner en compétitivité sur l’aliment
L’accès aux matières premières le plus large, demande récurrente du Snia, permettrait des ne pas perdre en compétitivité vis-à-vis des autres pays. Le syndicat demande, dans ce sens, un soutien de la recherche sur les protéagineux, que la disponibilité en coproduits riches en protéines issus de la production de biocarburants soit garantie, et que l’accès aux OGM soit facilité en harmonisant les procèdures d’autorisation au sein de l’UE. Le retour éventuel des PAT, en discussion au niveau européen, ne devra pas créer de distorsion de concurrence entre États-membres de l’UE. « Si demain, les PAT étaient autorisées dans l’UE et non en France, le décrochage serait énorme, notamment en viande de dinde », prévient Stéphane Radet, directeur du Snia. Maintenir la suspension des droits de douane sur les importations d’orge et de blé fourragers, « permettrait au marché de rester actif et fabriquer l’aliment le moins cher possible », rappelle Alain Guillaume, son président. Le syndicat attend d’autre part que les marchés à terme européens soient mieux sécurisés et plus transparents, « à l’image du CBOT ». Au niveau de l’industrie, le Snia espère une harmonisation de la loi concernant la pharmacie vétérinaire qui génére une distorsion de concurrence entre la France et certains pays de l’UE. Enfin, faciliter le transport des produits en accordant «un échéancier pour la circulation à 44 t avec une limitation à 13 t sur l’essieu moteur pour le parc existant et, en augmenter le poids total autorisé en charge de 32 à 36 t pour les véhicules porteurs à 4 essieux» est vivement souhaité par le Snia.
Pac et relations interfilières
Côté politique, le Snia souhaite une réorientation plus juste des aides Pac vers l’élevage, qui compte 268.000 exploitations et des milliers d’emplois directs et indirects. Un secteur qui consomme également 10 Mt de céréales par an, autant que les volumes exportés. Le Snia appelle par ailleurs l’État à « s’assurer du soutien des banques à l’élevage et de la restauration d’un lien de confiance entre banques et professionnels ». « Les banques doivent faire leur travail », a déclaré Alain Guillaume, relevant que « les Fab ont accumulé fin 2012 plus de 150 M€ de créances au-delà des délais de paiement contractuels (filière porcine, NDLR) ». Enfin, le Snia invite l’état à « réviser complètement » la législation sur la contractualisation, issue d’une loi de 1964 et de la LOA de 1980. Le cadre légal de la contractualisation aurait un caractère trop engageant pour les producteurs qui y verraient parfois une intégration masquée, selon le Snia. Ces derniers en reconnaissent pourtant l’importance, relevant quelques signatures entre Fab et éleveurs de porcs. Mais entre céréaliers et fabricants d’aliments, contractualiser sur un prix moyen sur plusieurs mois semble toujours aussi difficile. Les contrats interfilières sont pourtant l’une des clés de l’accord de mai 2011 permettant une éventuelle prise en compte de la hausse des matières premières par la grande distribution. « On peut comprendre que les céréaliers cherchent à vendre au cours mondial », admet Stéphane Radet. Le Snia réclame une hausse des prix au consommateur. Et de s’inquiéter du phénomène de végétalisation de l’agriculture. « On voit des éleveurs laitiers et parfois porcins passer aux grandes cultures. Mais quand une structure d’élevage est vidée de ses bêtes, c’est terminé, on ne peut plus revenir en arrière. Et sans élevage pas de Fab ! », alerte Alain Guillaume.