Céréales/Monde
Le riz, un marché à part
Touché par la hausse des prix, le secteur se démarque par un schéma spéculatif spécifique
DEUXIEME CEREALE produite dans le monde derrière lemaïs, le riz n’a pas été épargné par la flambée des prix, sans que son évolution soit cependant totalement corrélée aux autres céréales. « Il n’y a pas eu de pénurie de riz en 2007, mais il était impossible de garder un grand écart de prix par rapport aux autres céréales. Les cours ont augmenté plus en sympathie que par nécessité. Ce qui explique le décalage dans le temps de la flambée », a indiqué Jean-Pierre Brun, courtier en riz, aux journées Claude Thieulin de l’Aftaa (Association française des techniciens de l’alimentation et des productions animales) le 2 décembre.
Chicago n’est pas la référence
La spéculation est présente sur le marché du riz, mais de manière différente que pour les autres céréales. Elle se concentre sur le physique. La bourse de Chicago, seulmarché à terme pour le riz « n’est basée que sur la production de riz paddy américain à destination des USA. Il y a donc peu de spéculation sur cemarché. » Sur le physique en revanche, elle s’est illustrée en 2007 par des rétentions de certains pays, comme l’Inde et l’Egypte, ce qui a entretenu la hausse. Le riz se démarque en outre des autres céréales par un interventionnisme marqué des Etats. Un tiers des échanges se font directement de gouvernement à gouvernement, sans passer par des intermédiaires privés.
Si les prix sont redescendus, ils restent tout de même de niveaux supérieurs à ceux de 2006. Et le paysage a été profondément modifié. « La situation s’est retournée en 2008. On est passé d’une production subventionnée à des importations subventionnées. » Une situation connue par certains Etats africains, qui ont financé leurs importations pour résoudre les graves pénuries accompagnant la hausse des prix. Cette solution pansement serait sur le long terme accompagnée par un redéveloppement des cultures dans de nouvelles zones.