Conjoncture / productions animales
Le porc concurrencé par la volaille
La filière porcine, touchée de plein fouet par la hausse des coûts de l’aliment n’attend pas la fin de l’année dans la sérénité
Malgré une accalmie en octobre, le cours de l’aliment poursuit son escalade, et devrait refléter jusqu’à la fin de l’année le marché haussier des matières premières. D’après l’Institut du porc, il pourrait atteindre 245 euros la tonne et se retrouver près de ses niveaux records de 2008. Comme la conjoncture en aval demeure en demi-teinte, producteurs et intermédiaires affichent leurs inquiétudes.
Le marché mondial demeure très concurrentiel
Le marché du porc français n’a pas bénéficié d’une conjoncture facile ces derniers temps. En octobre, la traditionnelle hausse de la production s’est vue confrontée à un mouvement social très suivi. Les abattoirs ont vu leurs capacités ralenties par les grèves, les pénuries d’essence ont inquiété les opérateurs de l’aval de la filière qui ont ralenti leurs commandes... Au final, le Marché du porc Breton estime que la fluidité du commerce a pâti du contexte social. Au mois de novembre, ce sont deux semaines de quatre jours –toujours en période d’offre abondante– qui continuent de freiner la cadence des abattages et qui contribuent, dans une certaine mesure, au peu de fermeté des cours à Plérin. Néanmoins, le MPB note que la marque VPF (Viande de porc française) connaît un essor encourageant. Les transformateurs ont davantage recours à la viande d’origine française, et la gamme présentée sous l’estampille VPF s’élargit. La demande en viande de porc française sur notre marché intérieur serait donc mieux orientée grâce à cette initiative. Grâce à ce projet, l’amont a moins besoin de chercher des débouchés à l’export. Ce qui est une bonne nouvelle compte tenu de la conjoncture. Car d’une part, l’évolution des taux de change nous est de nouveau défavorable. Avec un dollar qui baisse, la compétitivité des produits européens est malmenée, en particulier à destination de la Russie et de l’Asie, dont la demande est en plein essor. Et d’autre part, le cours du porc aux Etats-Unis a fortement chuté (-0,23 euro/kilo au mois d’octobre), ce qui améliore la compétitivité des marchandises américaines. A priori, l’année 2011 ne devrait pas démarrer sur un renversement de tendance. L’offre devrait rester croissante dans l’Union européenne, l’Ifip estime en effet que la production porcine dans l’UE à 27 sera supérieure de 1,3 % au premier trimestre 2011 comparé à la même période de 2010.
En France la consommation de viande de porc s’effrite
En aval, le marché français de la viande de porc reste peu évolutif. Les prix de détail sont globalement stables, alors que la consommation de viande de porc fraîche est à la traîne. D’après Kantar WorldPanel, les ménages auraient diminué de 2,3 % leurs achats de viande de porc entre janvier et fin septembre comparé à la même période de l’an dernier.
Seule la charcuterie tire son épingle du jeu, et encore, une grande partie de la croissance de secteur est du à l’essor des charcuteries de volailles. La volaille, qui continue de voler la vedette au porc dans l’assiette des Français. Les achats de poulet ont ainsi encore progressé de 7,3 % sur les neuf premiers mois de 2010 par rapport à la même période de 2009. Dans la même fourchette de prix (6,50 euros le kilo pour les découpes de volailles contre 6,55 euros de kilo pour les morceaux issus de la longe, d’après l’Ifip), la volaille bénéficie d’une bien meilleure image “santé”. Pas étonnant dans ce contexte qu’Agreste souligne la hausse des abattages de poulet de chair (+2 % au mois de septembre, comme en août). La progression de la production de poulet a été de 6 % au premier semestre, et reste toujours positive au deuxième, confirmant ainsi la place prépondérante du poulet dans les assiettes des consommateurs. Dans les rayons, la viande de porc devra donc lutter pour ne pas perdre trop de terrain.