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Le marché à terme de l’orge brassicole est lancé

Risque – La forte volatilité de l’orge de brasserie a conduit la filière à solliciter Euronext pour lui dédier un marché à terme. C’est chose faite

CINQ LOTS à 163 €/t échéance mars 2011. Telle a été la première prise de position traitée sur le marché à terme (MAT) orge de brasserie de Nyse Liffe, le 10 mai. Les opérateurs de la filière brassicole peuvent désormais se couvrir en Futures et Options sur Euronext. Un outil qu’ils « réclament depuis toujours », témoignait Michel Costes, président du Syndicat de Paris du commerce et des industries des grains, lors de la conférence de lancement du marché. A la clôture de cette première journée d’existence, 84 lots et 10 options avaient été échangés entre les échéances novembre 2010 et 2011. A maturité, les échanges sur le MAT de l’orge « devraient avoisiner les 3.000 lots/jours », si l’on se réfère au colza, dont la production est proche à l’échelle européenne, explique Lionel Porte, chef de produits matières premières Nyse Liffe.

Une attente de longue date
    Le marché de l’orge de brasserie affiche une forte volatilité, en particulier en orge de printemps, majoritaire en Europe et donc retenue pour ce contrat à terme. Cette dernière est en effet très sensible aux aléas climatiques, notamment aux canicules printanières et pluies à la moisson. Des événements qui influent sur la qualité et les volumes. Face à ces risques, « l’orge de brasserie nécessite une politique de couverture », assure Michel Costes. Dans cette logique, la filière a d’ailleurs développé la contractualisation pour optimiser la logistique, la qualité mais aussi les prix. Habituée à étaler ses prises de position dans le temps –avec, à l’extrême, la mise en place dernièrement de contrats pluriannuels de trois ans– elle n’est pas totalement étrangère aux achats à terme. Résultat, « les récoltes débordent souvent d’une campagne sur l’autre. » Cette année, l’impact de la crise sur la consommation de bière a conduit les industriels à réduire leurs couvertures au minimum. La récolte 2009 devrait de fait courir jusqu’en octobre-novembre 2010. Météo, conjoncture économique, ampleur du recul des surfaces européennes sont autant de points d’inter­rogation pour la suite. Pour ce premier jour de fonctionnement du MAT orge, les options se traitaient dans la matinée avec une volatilité de 25 %, contre 22 % pour le blé. Un signe de ces fortes incertitudes.

Des brasseurs à initier
    En 2008, la prime orge de brasserie/blé était légèrement négative. Lundi matin, elle n’était que de 20 €/t. Mais des écarts de 100 e/t ce sont déjà vu, soulignait François Pignolet, le vice-président d'Axéréal lors de ce lancement. L’amplitude de cette prime ne fait que justifier encore la mise en place de cet outil. Le MAT pourra aussi servir à couvrir le risque prix en orge d’hiver, en jouant sur la prime. Pour l’orge de mouture, le MAT blé, concurrent dans les formules d’aliments, est plus approprié. C’est justement la faible corrélation entre l’orge brassicole et le blé qui a conduit la filière à solliciter Nyse Liffe il y a deux ans.     L’avènement du MAT orge de brasserie est le fruit d’un travail, et de concessions, de tous les maillons de la filière. Au-delà de son intérêt pour la gestion des risques, elle devrait conférer davantage de transparence à un marché où coexistent par ailleurs des opérateurs de tailles variées et sujet à des jeux de rapports de force. Euronext va désormais devoir mener « un travail de conviction » auprès des brasseurs. Si les producteurs et les OS sont habitués à utiliser cet outil, les transformateurs le sont peu. Ils en ont néanmoins parfois l’expérience pour l’achat des métaux de leurs emballages.
    « Il faut que l’on monte à un minimum d’une centaine de lots par jour pour que le marché prenne pied et puisse représenter le marché européen voire mondial », estime François Pignolet. Une fréquentation qui pourrait être atteinte d’ici septembre. La place entend en effet être une référence planétaire alors que l’UE produit près de la moitié des volumes mondiaux (13 Mt/27 Mt) et assure 40 % des échanges. Le choix des places portuaires belges, d’où partent 90 % des exportations européennes de malt, vise d’ailleurs à lui conférer cette envergure.

Caractéristiques du marché orge de brasserie

Origine UE - 50 t - En euro - Fob fluvial, livraison Anvers ou Gand - Contrat physique de référence : Incograin n°15 et addendum IV - Variétés Tipple et Sebastian pour les récoltes 2010 et 2011 - Dépôt de garantie : 500 €/contrat

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