Gestion de la volatilité
L’analyse technique s’impose dans les politiques de gestion des positions
Utilisée par les Japonais sur le marché à terme du riz il y a plus de deux siècles, l’analyse technique a tardé à se faire connaître de la finance occidentale. Et si cette dernière l’a adopté dès le début des années 90, l’analyse techique n’a réellement investi le secteur agricole que depuis 2007. Ce type d’analyse se généralise au point de suplanter l’analyse fondamentale, qui faisait référence jusqu’alors sur les marchés agricoles. L’arrivée de nouveaux intervenants sur les marchés à terme, attirés par l’extrême volatilité des cours, a sensiblement brouillé la visibilité sur l’évolution des prix. Les informations sur l’offre et la demande mondiales et plus localisées ont ainsi perdu de leurs intérêts, ne suffisant plus aux industriels et aux OS pour se positionner sereinement.
Prévoir des tendances et des retournements
Le principe de l’analyse technique est d’anticiper les tendances futures d’un cours principalement par l’usage de graphiques. Virginie Ciesla Maudet analyste technique professionnelle diplômée CFTe II de l’Ifta (Fédération Internationale des Analystes Techniques) spécialisée en marchés agricoles, précise : « Le cours étant la résultante de l’éternel combat entre acheteurs et vendeurs, c’est sans doute l’élément relatant avec le plus d’objectivité ce qui se trame sur un marché. En analysant le comportement des prix, nous anticipons l’évolution probable d’un cours. L’un des grands principes de l’analyse technique repose sur le fait que l’histoire se répète. Des configurations (canaux ascendants ou descendants, triangles…) se manifestent sur les graphiques des prix. Ils reflètent la psychologie haussière, baissière ou neutre d’un marché. Et comme le comportement humain est quelque chose qui a tendance à ne pas changer, il est probable qu’en présence de configurations clairement identifiées par le passé, nous ayons les mêmes implications pour l’avenir ». Autrement dit, les prix évolueraient selon des cycles et cette évolution obéirait à certaines règles. «La perception des émotions des opérateurs, et donc de leurs comportement sur le marché, est essentielle. Le marché n’est jamais rationnel» conclut la spécialiste. Souvent opposée à l’analyse fondamentale, « l’analyse technique prend en compte les fondamentaux via le prix, et va même plus loin en intégrant la perception des intervenants du marché. Je n’utilise jamais les données fondamentales pour conforter ou informer une tendance car elles sont souvent incomplètes et arrivent trop tard. Lors des grands retournements de marchés, il m’arrive souvent de prendre le contrepied de ce que ces fondamentaux laissent présager» explique Virginie Ciesla Maudet.
Un intérêt croissant des opérateurs
Qu’ils soient OS, industriels de la meunerie, de la nutrition animale ou encore exportateurs, ils font de plus en plus appel aux analystes chartistes afin de minimiser les pertes et maximiser les profits. Une tendance que confirme également le cabinet de courtage Plantureux. «Nous faisons de l’analyse technique depuis une dizaine d’années dans nos rapports. Depuis 2007, nous sentons une demande de nos clients, prêts à payer ce service. Cette année, il semblerait que les directions des entreprises s’y intéressent également comme outil de décision pour la vente de produits finis», explique Edward de Saint Denis, responsable du Desk Analyses de Plantureux.