Marchés
Lactosérum, « d’un sous-produit peu valorisé à un ingrédient laitier à part entière »
Suite au développement du débouché alimentation humaine, avec notamment les poudres infantiles et la chocolaterie, la demande mondiale en lactosérum continue de croître. Pour l’UE, la nutrition animale compte maintenant pour moins de 70 %.
« D’un sous-produit peu valorisé, le lactosérum est devenu un ingrédient laitier à part entière », explique Béranger Guyonnet, chargé d’études économiques chez France-AgriMer, lors d’une conférence au Space, le 11 septembre à Rennes. Aujourd’hui, on ne parle plus seulement de poudre de lait de lactosérum classique, mais également de poudre de lait de lactosérum déminéralisé et/ou délactosé ou bien encore de concentré de protéines de lactosérum (WPC), etc.
« Les exportations mondiales ont augmenté de 30 % entre 2007 et 2012, s’affichant à 1,2 Mt », estime Béranger Guyonnet. Les prix suivent une tendance haussière. S’ils étaient plutôt compris entre 400 et 600 €/t sur la période 2000-2006, ils se situent aujourd’hui autour de 1.000 €/t.
Les offres UE et US dominent
Le marché du lactosérum est toujours très concentré. L’UE et les États-Unis, respectivement 1er et 2nd exportateurs mondiaux, représentent à eux deux 70 % des volumes échangés. Au niveau européen, la baisse puis la mise à zéro des restitutions à l’exportation pour la poudre de lait écrémée, de 2003 à 2005, a favorisé la production du couple lactosérum/fromage aux détriments du couple poudre de lait/beurre. La France est le premier exportateur européen de lactosérum en poudre sur le marché mondial, tandis que l’Allemagne s’est concentrée sur l’intracommunautaire, gagnant des parts de marché sur l’Hexagone.
Aux États-Unis, on enregistre une forte augmentation des exports de concentrés de protéines de lactosérum (WPC) aux dépens du lactosérum classique, le WPC étant devenu un substitut intéressant à la poudre de lait écrémée.
En face, cinq pays totalisent 60 % des importations mondiales de lactosérum, avec par ordre d’importance : la Chine, l’Indonésie, la Malaisie, le Japon et la Russie. La Chine en totalise quasiment 30 %.
« Pour rappel, la demande chinoise en lactosérum avait explosé en 2008-2009 avec la crise de la mélamine, et elle n’a fait que croître depuis, soutenue notamment par les nombreux scandales alimentaires qui continuent de toucher le pays », indique Béranger Guyonnet. À noter que « la Biélorussie est devenue le premier fournisseur de la Russie depuis 2011, devant l’UE, en raison de la suppression de droits de douanes sur les produits laitiers entre ces deux pays, et d’une dévaluation du rouble biélorusse de 90 % entre janvier et octobre 2011 ».