Conjoncture / Volaille
La production française devrait encore reculer
Conjoncture / Volaille
Si 2010 peut se placer dans la continuité de 2009, l’export sera une nouvelle fois à surveiller de près
MALGRÉ LA PRUDENCE des ménages, la volaille profite toujours de son bon capital sympathie. Facile et rapide à cuisiner,sûre et bonne pour la santé, pouvant répondre aux nouvelles idéologies de consommation (bien-être animal, développement durable), la volaille a su, jusqu’à présent, tirer son épingle du jeu. Et rien ne permet d’affirmer que la tendance va prochainement s’inverser.
De grandes différences sont toutefois à signaler selon l’espèce considérée. Ainsi, alors que le poulet et la pintade gagnent du terrain, la dinde et le lapin restent à la traîne. Selon les derniers relevés du panel TNS-Secodip, les achats des ménages en grande distribution entre 2008 et 2009 ont progressé de 2,9% pour le poulet et de 2,8% pour la pintade,alors qu’ils se sont repliés de 2,8%, 2,4% et 6,0% respectivement pour la dinde, le canard et le lapin. Pour ces produits, les prix pratiqués au détail n’expliquent qu’en partie cette désaffection. Il semble que ce soit le produit lui-même qui soit moins attractif pour le consommateur d’aujourd’hui. Goût, cuisson, mode... Autant de critères dont il faut a priori tenir compte. Pourtant, en amont, l’heure est à la mobilisation. D’un côté, les professionnels communiquent au mieux pour réveiller la consommation. De l’autre, ils ajustent leur production à la demande du moment afin de limiter au maximum leur perte de revenu.
Baisse de production en vue, excepté en poulet
Ainsi, selon l’Institut techniquede l’aviculture (Itavi), les abattages de dinde et de lapin ne cessent de se replier. Ils ont diminué de 7,3% et 4,6% sur les onze premiersmois de 2009 comparé à lamême période un an plus tôt. Une tendance qui pourrait se poursuivre à court terme, compte tenu de la baisse des mises en place de dindonneaux (-6,6% de janvier à octobre 2009 par rapport à 2008) et d’un net recul des inséminations de lapines (4,5% en un an). Aux mêmes causes, les mêmes effets pour la pintade. Le repli chronique des mises en place se confirme mois après mois, s’installant à -5,1% sur les dix premiers mois de l’année. De quoi laisser entrevoir une bonne tenue des tarifs pour l’ensemble de la filière, du fait notamment du dynamisme de la demande. Le poulet affiche en revanche une bonne croissance de sa production. Reste que la hausse de 1,9% des mises en place laissent entrevoir une progression de l’offre à moyen terme. Côté prix, tout dépendra de l’orientation des besoins. Si la demande semble prometteuse en France, plus d’incertitudes sont à signaler à l’export.
Des filières déçues par la tenue de notre commerce extérieur
L’année 2009 n’a pas vraiment été profitable aux exportateurs. Selon l’Itavi, nos expéditions toutes espèces confondues ont perdu 4% en volume, pour s’installer à 382.614 tonnes. Nos ventes ont surtout reculé vers les pays tiers (-5 %), en grande partie sous l’effet d’une parité euro/dollar très peu favorable. Nos envois de poulets et poules ont reculé de 2%. L’ampleur du recul a été encore plus important pour les autres espèces : -5% pour la dinde, -6% pour les carcasses de pintade et jusqu’à -19% pour les carcasses de canard. Finalement, seul le lapin voit ses ventes se maintenir sur un an, notamment grâce au développement des achats de l’Italie, et ce malgré la baisse sensible de ceux de la Suisse.
Cette moindre activité à l’export pourrait bien se prolonger cette année, aucune nette inversion de tendance n’étant pour le moment envisageable d’un point de vue de la compétitivité de notre origine sur le marché mondial. Or, cela pourrait se traduire par un retour de l’offre sur notre marché intérieur, et par conséquent, par des pressions tarifaires un peu plus soutenues.