Conjoncture / productions animales
La production bovine française va encore reculer cette année
Conjoncture / productions animales
Après une forte vague de décapitalisation, le cheptel laitier devrait se stabiliser. Les effectifs d’allaitants pourraient avoir atteint un palier
LA CRISE ECONOMIQUE avait contribué à une accélération de la baisse de la consommation de viande bovine en 2008 en France (-2%).En temps de restrictions budgétaires, l’arbitrage des ménages se fait entre autres sur l’alimentation, et un phénomène de « descente de gamme » a été observé. Si en 2009 la consommation est restée globalement stable, tout laisse à penser qu’elle devrait amorcer un nouveau repli cette année. Les prévisions de l’Institut de l’élevage tablent sur une baisse d’1%. Les Français achètent donc moins, et différemment. Ils privilégient désormais les surgelés et les élaborés, moins onéreux. De même, pour les viandes fraîches, les morceaux à bouillir où à braiser, bien moins coûteux, sont demandés tard dans la saison. Dans un contexte aussi morose, l’annonce d’une baisse des disponibilités en viande bovine sur le marché français devrait permettre de garder les cours à des niveaux stables.
Le déficit de production français va se creuser de nouveau
Dans ses prévisions pour le prochain semestre, l’Institut de l’élevage envisage un repli des principales productions françaises. Après une baisse de 3% au premier semestre 2010, la production de femelles devrait se replier de 2% au second. En taurillons et taureaux, si la production a été stable de janvier à juin comparé à la même période de l’an passé, elle devrait chuter de 11% de juillet à décembre. La production totale de bovins finis devrait atteindre 1,756 millions de têtes entre juillet et décembre 2010, soit 5% de moins que les 1,757 millions de têtes produites l’an dernier.
Ainsi, malgré une demande des ménages en berne, le déficit français de la production par rapport à la consommation va augmenter de 2 points, pour atteindre 9%.
En Europe, le cheptel laitier baisse mais le cheptel allaitant est en légère hausse
Avec la crise du secteur laitier, les éleveurs laitiers ont fortement décapitalisé cet hiver. Mais la conjoncture est en pleine évolution. D’une part, après une telle vague de réformes, les disponibilités sont dorénavant limitées. Au premier avril, le stock de femelles laitières de plus de 24 mois enregistrées en BDNI était inférieur de 65.000 têtes à celui de l’an passé. D’autre part, avec la reprise de la demande en produits laitiers et l’euphorie qui règne sur le cours du beurre, les prix du lait se sont orientés plus positivement. Ainsi, tout laisse à penser que le cheptel laitier français devrait être stable au second semestre.
A contrario, le cheptel allaitant a augmenté au premier semestre 2010.Les stocks de femelles de plus de trois ans en BDNI sont en hausse (respectivement +0,6% et +0,5% en mars et avril par rapport à l’an passé). Leur surplus atteignait 23.000 têtes début avril. Leur part dans le total des abattages augmente. D’après l’Institut de l’élevage, un renversement de tendance et un petit début de décapitalisation allaitant n’est pas exclure au second semestre 2010. En jeunes bovins, tout laisse à penser que les sorties devraient reculer au prochain semestre, avec davantage de jeunes bovins laitiers etmoins de race à viande. Cette nouvelle orientation de l’offre serait plus conforme à la demande actuelle. Alors que les cours, fortement baissiers au printemps, se sont stabilisés, le marché pourrait s’aérer un peu.
Les évolutions européennes en 2009 étaient engagées dans la même direction qu’en France. Fin 2009, le cheptel européen comptait 87,639 millions de têtes, dont 36 millions de vaches et 4,4 millions de veaux de boucherie. Le cheptel de vaches laitières (66% des vaches) diminuait de 2,4% alors que le nombre de vaches allaitantes (34% du total) était en très légère augmentation (+ 0,1%). Selon la Fédération nationale de l’industrie et du commerce en gros des viandes, la production européenne, en nombre de têtes, devrait baisser de 0,8% en 2010, après une baisse de 1,1% l’an dernier.