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La crise financière produit ses premiers effets sur les marchés agricoles

La baisse des cours se trouve amplifiée par la crise boursière actuelle

LE KRACH BOURSIER accélère la baisse des prix selon bon nombre d’opérateurs de la filière du commerce des grains. Réunis à Munich pour la traditionnelle bourse européenne annuelle, le 3 octobre, il était difficile de ne pas évoquer ce début de campagne particulièrement agité. Et, malgré l’ambiance festive générée par la fête de la bière, le moral n’était pas des meilleurs pour les quelques 2.200 participants. En effet, la crise financière internationale n’a pas tardé à faire sentir ses effets sur les marchés agricoles en tirant les prix vers le bas, aussi bien à l’échelle mondiale que locale.

Le recul de la consommation pèse sur les marchés

Si les fondamentaux a long terme n’étaient pas particulièrement baissiers il y a encore un mois, une majorité d’opérateurs s’attendent à une poursuite de la baisse des cours en conséquence de la crise de confiance qui sévit actuellement. En effet, la récession étant actée, la consommation devrait en toute logique s’en trouver diminuée. Et l’impact sur les prix se fait déjà nettement sentir. Pendant que le Cac 40 affichait ses plus grosses pertes depuis de nombreuses années, les cours de l’ensemble des matières premières agricoles, sur les marchés à terme comme physiques, affichaient eux aussi un sérieux recul en Europe, comme ailleurs dans le monde. Mais beaucoup de facteurs restent incertains. En effet, la baisse du pouvoir d’achat, déjà présente au delà de la crise financière actuelle, pourrait conduire à une baisse de la consommation des viandes ou plutôt à un report des viandes rouges vers des viandes moins onéreuses comme les volailles. Reste à savoir si les consommateurs et la grande distribution resteront fidèles à l’origine française. Pour l’heure, le syndicat de l’industrie de la nutrition animale ne relève pas d’impact de la crise sur l’activité des fabricants d’aliments du bétail. La note de conjoncture de la filière pour le mois d’août, à paraître d’ici une semaine, devrait afficher un retrait de la production. Mais il faudra attendre celle de septembre et des mois suivants pour mesurer les premières conséquences de la crise des marchés financiers. Certains opérateurs rapportent néanmoins un ralentissement de la cadence de la production dans l’élevage ou dans d’autres industries comme l’amidonnerie dont l’activité est liée à celle du bâtiment, dont un ralentissement est attendu.

Autre facteur de baisse évoqué par les professionnels rencontrés à Munich, un éventuel durcissement des relations entre les banques et leurs clients, dont les coopératives font partie. Ces dernières risquent en effet de se voir contraintes d’écouler des volumes pour dégager de la trésorerie et ainsi forcer leurs agriculteurs à offrir leurs productions alors que les prix reculent. «Le climat est très difficile. D’abord, les banques accorderont moins de crédits et, dans le même temps, il y a nécessité de vendre même si les cours sont bas alors que les prix des engrais et des phytos ont nettement augmenté», explique un courtier de la région Centre. «Ceux qui n’ont pas opté pour le prix moyen, et ils sont nombreux, vont s’en mordre les doigts », lâche un autre courtier. Cette situation aura inévitablement pour effet de tirer davantage les prix vers le bas.

Des pratiques professionnelles en voie d’évolution

Il est encore trop tôt pour affirmer que l’ensemble de la profession du commerce des grains a entamé un virage dans sa façon de travailler. « Les courtiers se doivent d’être très précis et prudents dans les informations qui circulent » explique le président de la fédération des courtiers, Antoine de Gasquet. « Pour l’instant il n’y a pas trop de conséquences de la crise proprement dite chez nos clients», estime-t-il. « Cargill limite les délais de paiement selon ses activités mais cette exception est antérieure au krach boursier », précise Antoine de Gasquet. D’autres entreprises pourraient s’engager dans la même voix. Certains courtiers ou coopérateurs estiment que les comportements évoluent. «On limite encore plus les prises de risques avec la crise. Chaque vente est couverte avec une assurance crédit, et l’on ne traite plus qu’avec des clients connus et fiables. Il y a peu de places pour les outsiders», explique un responsable commercialisation d’une coopérative française.

D’autre part, ce que l’extrême volatilité avait déjà amorcé lors des dernières campagnes de commercialisation se confirme avec la crise qui secoue actuellement les marchés mondiaux : «L’interaction entre les marchés financiers et les matières premières est renforcée. Et, en l’absence d’éléments fondamentaux, on se focalise sur les premiers. La réactivité est très importante», confie un courtier parisien. Et d’ajouter «les outils d’informations sont de plus en plus importants dans nos métiers, notamment en temps réel».

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