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Œufs
La bascule vers le sans cage

De l’annonce de Monoprix en 2013 à celle d’Auchan au printemps 2017, c’est bien toute la distribution française qui ne vendra que des œufs alternatifs en 2020. En 2016, pour la première fois, les ménages ont consommé plus d’œufs de ce type que d’œufs issus de poules élevées en cage. Et le mouvement s’accélère.

Selon la Commission européenne, 44 % des poules pondeuses européennes étaient élevées dans des systèmes alternatifs en 2015 contre 65 % en 2010. Mouvement de fond, ce basculement s’accélère dans l’UE comme dans l’Hexagone. En France, en 2015, 31 % des poules étaient déjà élevées en système alternatif (15,1 millions de pondeuses). Les pondeuses en cage représentaient 68 % des effectifs, les poules au sol (code 2) étaient à 2 %. Toutes les autres poules étaient élevées en dehors d’un bâtiment : 13 % de “plein air”, 8 % de “bio”, 5 % de “Label rouge”. Entre 2014 et 2015, les effectifs des animaux élevés en plein air avaient gagné un point. Le basculement s’est nettement accéléré en 2016 : les œufs vendus sous Label rouge ont progressé en un an de 5,3 %, les “bio” de 5,4 %. La tendance à l’œuf alternatif s’accentue début 2017 : le panel Kantar montre, sur les trois premières périodes de l’année, une baisse de 12,2 % des achats des ménages en œufs “standard”, contre une hausse de 5,7 % des “plein air”, 16,8 % des “Label rouge” et 8,8 % des “bio”, les œufs “sol” restant stables.

Le poids de la distribution

En 2013, en France, Monoprix a été le premier à prendre le virage sous la pression des associations de défense des animaux, en s’engageant pour une sortie en 2016 de tous les œufs “code 3” dans ses rayons. Le mouvement prend alors de l’ampleur et les annonces se succèdent : Intermarché, Carrefour, Système U mais aussi Mcdonald's ou bien encore Sodexo. Le dernier à sauter le pas, Auchan, a rejoint ses collègues au printemps 2017. Les rayons de la grande distribution devraient donc d’ici 2020 voir disparaître les œufs de poules élevées en cage, au profit non pas des poules élevées au sol dans des bâtiments (code 2) – car ce mode d’élevage est peu présent en France contrairement aux choix faits en Allemagne et aux Pays-Bas –, mais bien des œufs dits “alternatifs” : plein air, label, bio, IGP. Dès le printemps 2016, Loué accélère le recrutement d’éleveurs pour pouvoir fournir alors que ceux, qui avaient investi dans des cages plus grandes pour la dernière mise aux normes (2012), risquent de perdre gros de leur côté.

Selon la dernière note de conjoncture de l’Itavi, la production d’œufs française enregistre une baisse d’environ 2,7 % en 2016 à 14,3 milliards d’œufs après une légère hausse en 2015. Mais les mises en place de poulettes sont en hausse de 6,3 % sur l’année : le modèle de prévision Itavi-CNPO-SSP estime donc que la production d’œufs de consommation sera en hausse de 5,1 % sur les cinq premiers mois de 2017.

Une tendance à la baisse de consommation

Après l’augmentation des prix en 2015 en raison de l’influenza aviaire aux États-Unis, le prix de gros (TNO Industrie) a fortement chuté en 2016 (-22 % en moyenne soit un prix moyen de 0,70 €/kg contre 0,90 €/kg en 2015). Les prix sont repartis à la hausse en fin d’année 2016. Les 15 premières semaines de l’année 2017 sont meilleures que durant la même période de 2016 tant en gros qu’au détail.

Sur le long terme, la consommation nationale d’œufs et d’ovoproduits, dynamique jusqu’au milieu des années 2000, subit une légère érosion : -2,7 % en 2016. Le France consomme 218 œufs par an, à 40 % sous forme d’ovoproduits (dans les produits élaborés, en RHD, etc.).

Dégradation des échanges

Depuis 2002, le secteur œufs et ovoproduits est déficitaire en volume mais excédentaire en valeur : la France est redevenue importatrice nette d’œufs en coquille en 2015 et reste exportatrice d’ovoproduits. En 2016, le secteur “œufs et ovoproduits” reste excédentaire en valeur (12,10 M€) mais déficitaire en volume (-5912 téoc*). La France se fournit principalement dans l’UE : Pologne (7 555 téoc, soit trois fois plus qu’en 2015, surtout en œufs standards), Allemagne (surtout alternatifs) et Italie.

À noter que la Pologne est également un fournisseur en très forte expansion en viande de volailles, comme l’expliquaient les interprofessions volailles réunies en assemblée générale, le 27 avril à Angers.

* téoc : tonne équivalent œuf coquille.

Un commerce mondial en berne

Les exportations mondiales d’œufs ont régressé de 10,3 % en 2016 pour s’établir à 1,73 million de tonnes équivalent œuf coquille (Mtéoc). Les œufs coquille constituent la majorité de ces échanges (82 %). Avec 20 % des exportations, la Turquie en est le champion et connaît une forte croissance en volume (+34 %), notamment grâce à l’établissement d’un courant d’affaires avec l’Irak. Au contraire, les exportations de l’Union européenne et des États-Unis régressent fortement. Les ventes américaines sont pénalisées par l’augmentation de la production indigène au Canada. Les ovoproduits représentent 18 % des flux mondiaux et connaissent également une forte baisse (-12,4 %). Les difficultés économiques d’un opérateur ukrainien majeur (Avangard) ont entraîné, par exemple, une chute de 46 % des exportations de ce pays. L’UE baisse aussi ses exportations d’ovalbumine vers le Japon, qui développe sa propre production.

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