Politique agricole/Protéines
Julien Denormandie détaille la stratégie nationale Protéines végétales
Annoncée depuis plusieurs mois, "la stratégie nationale Protéines végétales" a été présentée par le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie mardi 2 décembre, en précisant ses contours et la répartition de son financement, pour partie déjà connue
Annoncée depuis plusieurs mois, "la stratégie nationale Protéines végétales" a été présentée par le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie mardi 2 décembre, en précisant ses contours et la répartition de son financement, pour partie déjà connue
Présentée comme une première pierre à l'édifice d'une autonomie protéique pour la France future, "la stratégie nationale Protéines végétales" fixe des objectifs sur 3 ans reposant sur trois axes : la réduction de la dépendance aux importations de sources protéiques, notamment d'origine américaine (Etats-Unis et Amérique du Sud), l'amélioration de l'autonomie alimentaire des élevages, et développer une offre de produits locaux en matière de légumes secs.
Le ministre de l'Agriculture a confirmé l'enveloppe de 100 millions d'euros pour mener à bien cette stratégie "à horizon 2 ans". Un financement qui s'inscrit dans celui du Plan France Relance, auquel "viennent s'ajouter les investissements du PIA4 et de BpiFrance" a expliqué Julien Denormandie.
Au-delà de ces intentions, l'ambition est également de poursuivre une stratégie pour aller plus loin et atteindre à plus long terme une totale indépendance du pays au regard de ses besoins en protéines végétales, pour la nutrition animale et humaine.
50 M€ pour réduire la dépendance aux importations de matières riches en protéines
La réduction des importations de matières premières végétales riches en protéines passera nécessairement par une hausse de la production de légumineuses sur le territoire hexagonal. La "stratégie nationale Protéines végétales" ambitionne une progression de la sole nationale de légumineuses de 40% sur 3 ans, soit une hausse de 400 000 ha. Les cultures concernées par cet objectif sont : soja, pois, féveroles, lupin, luzerne, trèfle, sainfoin, lotier, vesce pour la nutrition animale et les lentilles, pois chiche, haricots, petits pois, pois cassés, fèves pour la nutrition humaine.
A 10 ans, le ministère de l'Agriculture souhaite doubler ces surfaces, qui passeraient ainsi d'environ 1Mha à 2Mha.
"L’un des freins au développement de la production des espèces légumineuses est lié au manque d’organisation et d’investissements de la part de l’aval de la filière : manque de débouchés rémunérateurs, absence de silos pour stocker les récoltes…" estime le ministère de l'Agriculture. Pour pallier ces difficultés et parvenir à cet important bond de l'assolement hexagonal, les opérateurs concernés disposeront d'un financement de 50 millions d'euros destiné à structurer les filières. De nouveaux outils de transformation, de stockage ou de logistique pourront ainsi être financés.
20 M€ pour améliorer l’autonomie alimentaire des élevages
Le secteur de l'élevage sera également mis à contribution et disposera d'une enveloppe de 20 millions d'euros destinée à renforcer l'autonomie alimentaire du bétail au sein de l'exploitation. Une moitié de cette enveloppe concernera l’investissement matériel, et l’autre, l’achat de semences. Ce soutien, à hauteur de 40 % de l’acquisition de semences, doit permettre de développer et renforcer les prairies existantes. Selon Julien Denormandie, "au moins 100 000 hectares" pourront être enrichis en espèces de légumineuses fourragères.
27 M€ pour la recherche, le développement et l'innovation.
Estimant qu'"il existe un vrai besoin d’investissement dans la recherche sur les légumineuses, pour assurer leur compétitivité par rapport à d’autres productions", le ministère de l'Agriculture met sur la table 20 millions d'euros à disposition de la recherche/développement pour travailler en ce sens.
Sont cités en exemple des projets collectifs, pouvant "être rapidement mis en oeuvre" : l'évaluation des variétés de légumineuses pour aider l'agriculteur à un choix optimal en fonction de son contexte"; la mise en place d'"un réseau d'expérimentation Soja bio robuste"; le déploiement "de 300 fermes de démonstration sur l'autonomie fourragère en élevages de ruminants....", ou encore la création d'"un observatoire sur les productions et usages de matières premières végétales riches en protéines".
Enfin, afin de motiver les entreprises de sélection variétale, pas toujours promptes à se saisir de la question des légumineuses, et de développer de nouvelles formes de protéines, 7 millions d'euros seront mis à contribution pour soutenir cette recherche aujourd'hui trop limitée par une demande insuffisante au niveau de la production. S'intégreront aussi à ce dispositif, la recherche sur d'autres formes de protéines telles que les insectes ou les microalgues, par exemple.
3 M€ pour la promotion des légumes secs dans l'alimentation humaine
Si la stratégie nationale Protéines concerne pour l'essentiel les besoins de la nutrition animale, l'alimentation humaine n'est pas oubliée, notamment celle des enfants. Ce sont ainsi 3 millions d'euros qui seront alloués à la promotion de la consommation des légumes secs à destination des plus jeunes en particulier.
Certes, la consommation des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots, pois ou encore fèves) a tendance a progressé depuis quelques années, mais elle reste encore faible, voire marginale, au regard des travaux du Programme national nutrition santé, "recommandant la consommation d'une portion de légumes secs par semaine" a expliqué Julien Denormandie. "Nous n'y sommes pas aujourd'hui" a-t-il assuré.