SPÉCIAL RECHERCHE - Production
Innover pour que le blé français reste compétitif sur un marché volatil
Outre le développement des biotechnologies, les producteurs en appellent à l’accroissement des capacités de stockage pour réguler les marchés
LORS D’UN COLLOQUE sur le blé tendre organisé par Arvalis-Institut du végétal le 16 mars à Paris sur le thème “Améliorer les performances et gérer les variabilités”, les intervenants ont analysé les atouts et contraintes de la production de blé en France. Entre les perspectives de débouchés et la gestion des risques économiques au niveau des exploitations agricoles, il faut selon eux accroître les capacités de stockage pour mieux réguler les marchés des céréales et pouvoir répondre aux demandes à l’export. Ceci nécessitera une remise en cause de la Politique agricole commune, dont Pierre-Olivier Drège, directeur général de l’AGPB (Association générale des producteurs de blé), qualifie la période 1992/2010 de « décroissante ».
Gains en rendement sur blé à l’arrêt
« De 1980 à 1995, les gains de rendements moyens en blé tendre étaient de 1 à 1,2 q/ha/an, puis nuls de 1995 à 2010 », a indiqué Pierre-Olivier Drège. D’après lui, le rendement moyen en blé tendre est de 71,4 q/ha depuis 1995 en France. Si les rendements avaient continué à progresser au même rythme, sans contraintes de production, la moyenne serait aujourd’hui de 83,3 q/ha, selon l’AGPB. Or « une forte volatilité des prix agricoles, entre les hausses de début de campagne et le repli soudain des cours cette semaine suite au ralentissement brutal de l’économie japonaise, nécessite de produire davantage », a déclaré le directeur général de l’AGPB.
Risques économiques croissants sur l’exploitation agricole
Pour le représentant des producteurs de blé, « la régulation passe par l’application, adaptée au marché européen, des règles de la CFTC américaine (Commodity Futures Trading Commission), mais aussi par une production régulière de matières premières agricoles de qualité ». La nouvelle Politique agricole commune devra permettre de produire plus afin de répondre aux besoins exprimés à l’export. Pour cela, les producteurs de céréales souhaitent que soit mis en place « le plan Silos », avec une hausse de 5 millions de tonnes des capacités de stockage en France, et que des investissements substanciels dans les biotechnologies au sujet du blé tendre soient réalisés.
« Face à un marché du blé fluctuant et concurrentiel, le risque économique des exploitations agricoles augmente », a pour sa part expliqué Valérie Leveau du service économique d’Arvalis. Selon elle, « une variation de 10 % du chiffre d’affaires peut faire évoluer de 40 % à la hausse ou à la baisse le revenu disponible d’une exploitation agricole ». Les résultats montrent que 30 % des exploitations françaises en grandes cultures ou polycultures-élevage sont concernées par cette relation et que 45 % d’entre elles connaîtraient des fluctuations de plus de 40 % du disponible pour une variation de 10 % de leur chiffre d’affaires. « La hausse tendancielle des coûts de production, faisant monter les prix d’intérêts, rend les exploitations plus sensibles au prix de marché », conclut Valérie Leveau. Afin de remédier à cette sensibilité, elle a d’ailleurs préconisé l’adaptation des rendements aux coûts de production, l’octroi d’aides publiques permettant de garantir un revenu aux agriculteurs, l’utilisation des outils d’aide à la décision et l’accès aux innovations telles que les biotechnologies.