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Graine de soja états-unien : le marché est jugé baissier par divers experts

Les récoltes en Argentine et au Brésil s’annoncent bonnes voire très bonnes pour le moment.

© jcesar2015-Pixabay

Alors que des analystes privés, tels que le CIC (Conseil international des céréales), jugent le marché du blé tendre haussier, l’histoire serait tout autre concernant la graine de soja sur le marché à terme du CBOT à Chicago, selon divers experts présents au Global Grain, événement organisé le 8 novembre à Genève par FastMarkets.

Lire aussi : "Les prix du blé tendre pourraient rebondir dans les prochains mois, selon le CIC"

Jonathan Grange, dirigeant du cabinet de courtage Sunstone Brokers, justifie sa vision baissière du marché lors des prochaines semaines par une demande internationale en graine de soja (et ses coproduits comme le tourteau) qui ne se porte pas au mieux. « Les deux plus gros bassins de demande sont l’UE et la Chine. Or, au sein de l’UE, la production de viande, spécialement de porcs, régresse d’environ 1,5 Mt entre 2021 et 2022, et d’encore 1 Mt lors des sept premiers mois de 2023. (…)  En Chine, le secteur de la viande porcine n’est pas au mieux, pénalisant la demande locale en protéines », alerte-t-il. Rappelons que la baisse de la demande en viande pèse par ricochet sur la demande en grains et en tourteaux de la part des fabricants d’aliments pour animaux.

Faibles marges du secteur porcin en Chine

Interrogé en marge de la conférence, Matt Ammermann, analyste du cabinet StoneX, est d’accord avec le courtier, et apporte des précisions quant à la situation chinoise. « Les marges chinoises du secteur porcin sont faibles. La Chine achète beaucoup de soja actuellement, dépassant leurs capacités de trituration. Mais s’agit-il d’achats de précaution, afin de ne pas avoir à acheter par la suite, ou d’achats de spéculation ? Bien que rien ne soit sûr, je penche actuellement pour la première hypothèse. Ainsi, le rythme des achats chinois pourrait diminuer par la suite. »

Entre 162 et 165 Mt de soja attendues au Brésil

En plus de la demande, la production de soja devrait rebondir nettement en Amérique du Sud. « Certes la météo n’est pas idéale actuellement, en raison du déficit hydrique au nord et au centre du Brésil, et l’excès d’eau au Sud. Mais dans l’ensemble, la production nationale devrait progresser entre 2023 et 2024, que nous espérons à 162-165 Mt ! », indique Luiz Carlos Dos Santos Junior, directeur adjoint du cabinet de courtage SA Commodities. Il ajoute que le Brésil devrait rester le principal fournisseur de la Chine, sachant que la production états-unienne est attendue en recul entre 2022 et 2023, passant d’environ 116 Mt à 112 Mt, selon le rapport de l’USDA d’octobre dernier.

L’Argentine devrait également connaître un net rebond de sa production de soja, ce qui n’est certes pas étonnant au vu du cataclysme subi en 2023, avec une récolte de seulement 25 Mt environ. « Nous nous attendons à un chiffre proche des 50 Mt en 2024, production qu’il faudra écouler. La demande sera là, mais c’est l’offre qui dictera la conduite des prix », déclare Leandro Daniel Racedo, trader au sein du bureau Al Ghurair Resources International LLC.

Attention à la météo et aux soucis logistiques au Brésil

Bien entendu, il convient de rester prudent. Les semis ne sont pas terminés au Brésil, et le pays souffre de problèmes logistiques, qui risquent de s’aggraver en cas de confirmation de très bonne récolte. Par ailleurs, un gros accident de production pourrait changer la donne, tout comme en Argentine. Le phénomène El Niño sera à surveiller. De plus, l’élection présidentielle en Argentine aura un effet sur le comportement des vendeurs de soja. 

Lire aussi : "Marché du soja : quelles conséquences auront les élections argentines du 19 novembre ?"

 

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