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« Gare à ne pas privilégier l’export agricole à celui de l’agroalimentaire »

Florence Pradier, directrice générale de L’Alliance 7

LD-LPM : Que pensez-vous du rapport du Sénat sur le soutien à l’exportation agro­alimentaire ?
Florence Pradier :
Nous partageons l’analyse des constats. Les entreprises sont confrontées à la multiplication des organismes, avec des services variables et des appuis différents selon le type de production. Vins, céréales, viandes, chocolats ou biscuits ne sont pas soutenus de la même manière. Sans stratégie véritable, il y a une dispersion des moyens.

LD-LPM : Partagez-vous ses préconisations ?
F. P. :
Plus un produit français contient de la valeur ajoutée (technologie, savoir-faire, R&D...), plus sa balance commerciale est déficitaire. C’est regrettable. L’agro­alimentaire est l’une des dernières industries qui fonctionne bien en France. Si l’on veut tirer l’économie vers le haut, il faut être capable d’exporter cette valeur ajoutée. Gare donc à ne pas orienter les exportations uniquement sur l’agriculture, sur laquelle le rapport insiste. D’autant que nous avons besoin des céréales de l’Hexagone pour exporter cette valeur et préserver notre tissu industriel.

LD-LPM : Quelle suite donner à la démarche ?
F. P. :
Il est urgent d’agir ! Pour le secteur des biscuits et gâteaux, l’export représente 650 M€ de CA, contre 2 Md€ pour le marché national. C’est insuffisant. D’autant que les ventes françaises sont concentrées à 80 % sur l’UE, où les marchés sont déjà mâtures. Si l’on reste uniquement sur ces destinations, les entreprises européennes vont cannibaliser leurs parts de marchés respectives, ce qui ne serait pas forcément à l’avantage des entreprises françaises pénalisées par des problématiques de compétitivité. L’atout de la France réside dans les savoir-faire de ses entreprises. Il faut booster l’effort vers les pays ayant le plus fort potentiel de croissance.
La diversité culturelle et gastronomique qu’incarnent les biscuits et gâteaux devrait séduire davantage l’Asie du Nord. Elle représente moins de 15 % de nos exportations hors UE, qui progressent certes, mais pas assez. Si nous ne sommes pas en ordre de marche, d’autres pays, qui ne disposent pas d’autant de savoir-faire, mais qui sont capables de produire de la qualité et de bien la copier, vont les saisir.

LD-LPM : Faut-il un soutien dédié ?
F. P. :
S’aventurer à l’international est coûteux pour une entreprise, sans retour sur investissement avant trois-quatre ans, et avec une montée en puissance progressive. Plus une structure a une taille modeste, plus l’export lui fait peur et plus elle doit être accompagnée. Une fois qu’elle est sur les rails, c’est plus facile ! Il faut donc qu’un organe soit capable de coordonner le soutien qui peut leur être apporté.

LD-LPM : Le comité Asie ne devient-il pas superflu ?
F.P. :
Créé début 2013, il prouve que l’Etat est conscient qu’il faut agir vite. Le Comité réunit des acteurs de l’export, organisations et industriels, sur la base du volontariat. Ses principaux participants sont des chefs d’entreprises qui veulent un retour sur leur investissement en temps rapide. Le Comité a défini et attribué des feuilles de mission. La prochaine étape sera leur mise en œuvre. Les dispositifs de soutien à l’export doivent être très musclés, car il est beaucoup plus difficile d’exporter des biscuits ou du pain que du blé.

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