Explosion de poussières : ne pas baisser la garde
Si le souvenir du traumatisme de Blaye s'est un peu atténué, les mesures à suivre pour réduire les risques d'explosion de poussières restent d'actualité. Deux nouveaux arrêtés, entrés en vigueur le 1er janvier 2014, définissent notamment les points de contrôles, qui relèvent des non-conformités majeures pour les installations classées soumises à déclaration, avec contrôle périodique. Mais tout site manipulant des grains et des farines se doit de rester vigilant.
Le risque d'explosion des poussières existe toujours, même s'il n'est plus aussi présent dans les esprits qu'après les accidents de Metz (1982-12 morts) puis de Blaye (1997-11 morts) qui ont motivé le renforcement des cadres règlementaires. En 1998, l'INRS estimait qu'il s'en produisait une par jour en France dans l'ensemble des activités industrielles. Leur occurrence actuelle n'est pas connue. D'une part, et heureusement, car la gestion des risques permet d'en réduire l'impact, et, d'autre part, parce que les explosions les moins graves et, surtout, les « presque-accidents » ne sont pas répertoriés. Les explosions de poussières concernent toutes les branches industrielles dès lors que les produits manipulés se présentent en poudre oxydable. Sur la base des accidents recensés jusqu'en 2010 (base Aria), le bois reste le secteur le plus à risque (42 % des cas), mais l'agroalimentaire le talonne (amidon, sucre, meunerie, alimentation animale… avec 31 %) sans oublier les céréales (10 %). Ces dernières se placent au niveau des métaux et de la chimie-pharmacie.
Des facteurs multiples, organisationnels ou humains
Les poussières d'origine agroalimentaire et de céréales provoquent des explosions historiquement plus meurtrières que les autres types de produits : capacités de stockage puis unités de fabrication et systèmes de dépoussièrage, sont particulièrement à risque. La mise en suspension de dépôts lors d'un dysfonctionnement constitue la première cause de déclenchement, les sources d'inflammation sont très souvent causées lors de travaux par point chaud, et pour 25 % par des ”étincelles (électriques ou d'origine électrostatiques).
31 % des accidents répertoriés concernent le secteur agroalimentaire.
Dans l'univers agroalimentaire, le dysfonctionnement d'une table vibrante, d'un système de ventilation/dépoussiérage ou le remplissage d'une capacité voisine constituent des facteurs de risque avérés.
Selon les services Coop de France Métiers du grain, les causes principales sont liées avant tout à des facteurs organisationnels ou humain (consignes et procédures défaillantes, non maîtrise du procédé) ou à des défauts de fonctionnement de matériels. Les causes externes et/ou les malveillances (avérées ou suspectées) n'atteignent pas plus de 2 ou 3 % des cas.
Des travaux à haut risque
Les phases de travaux sont particulièrement à risque : même s'ils ne causent pas directement l'accident, ils peuvent entraîner une mise en suspension des poussières et leur « allumage » par point chaud (chalumeau, meulage, ponçage...). Une attention particulière doit être portée sur l'aménagement des lieux et des postes de travail, l'accueil des nouveaux embauchés, des intérimaires et des entreprises extérieures. Dans un stockage de grande taille, l'auto-échauffement (élévation naturelle de la température d'un produit trop chaud et/ou humide) et l'auto-inflammation (combustion consécutive d'une partie du tas) doivent être pris en compte : la fermentation produisant un auto-échauffement peut se développer en trois à quatre jours, et une auto-inflamma-tion suivre en quatre à cinq jours.
Plan Silos et guides de bonnes pratiques
Des investissements conséquents ont été réalisés dans les silos dans le cadre du Plan Silos, 600 millions d'euros auraient ainsi été dépensés pour la mise aux normes (évents et sangles, notamment). Il reste des points difficiles à maîtriser comme les explosions dans les élévateurs, en centre de sites, qui exigeraient le positionnement d'évents et, donc, d'évacuation de la pression vers l'extérieur. Les filières se sont dotées de guides de bonnes pratiques (silos, meunerie, alimentation animale), qui constituent la base de toute démarche de prévention.
« La préoccupation autour des explosions de poussières est moins aiguë car beaucoup de hoses ont été faites, ce qui ne eut pas dire qu'il faille l'occulter, u contraire », rappelle Laurent upont (Coop de France-Métiers u grain). Il travaille par exemple ette année, avec l'Ineris, sur la ise à jour du guide concernant es barrières de sécurité. Une nou-elle édition attendue, donc, pour in 2014.
Atex : atmosphère explosive
Apsad : Assemblée plénière des sociétés d'assurances dommages
Aria : Analyse, recherche et information sur les accidents
Cérès Solutions : bureau d'études Structure et Process qui assure des missions de maîtrise d'œuvre dans le secteur agro-céréalier
CNPT : Centre national de prévention et de protection
CNRS : Centre national de la recherche scientifique
GreCon : société allemande spécialisée dans l'activité de détection et d'extinction d'étincelles
Ineris : Institut national de l'environnement industriel et des risques
INRS : Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
Kst max : Coefficient maximal d'explosivité
LSGC : Laboratoire des sciences du génie chimique à Nancy
Stif : fabricant français de composants pour la manutention des produits en vrac