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« L’alimentation animale coûte de 20 à 25% plus cher que l’an passé », selon Eva Gocsik (Rabobank)

Energie, matières premières, épizooties… : les marchés des produits animaux sont ballotés par l’actualité mais ne peuvent pas perdre de vue la durabilité expliquait Eva Gocsik de la Rabobank en ouverture du Feed Info Summit de Barcelone.

Eva Gocsik, analyste spécialisée sur les marchés des protéines animales à la Rabobank est intervenue en ouverture du Feed Info Summit de Barcelone, le 26 septembre
© Yanne Boloh

Les pressions inflationnistes, que ce soit pour l’énergie et le gaz, les matières premières et les transports, expliquent le ralentissement dans la croissance mondiale des productions animales estime Eva Gocsik, analyste spécialisée sur les marchés des protéines animales à la Rabobank qui intervenait en ouverture du Feed Info Summit de Barcelone, le 26 septembre. Elle rappelle d’autres facteurs aggravants comme les épizooties et les questions que se posent les consommateurs sur les produits animaux, le bien être, l’environnement, la santé etc.

Le gaz est 10 à 15 fois plus cher que l’an dernier aux Pays Bas

« L’augmentation de l’énergie impacte tous les maillons de la filière, de la production d’engrais à l’emballage des produits animaux, ce qui pèse sur les marges de tous les acteurs. Aux Pays-Bas, le prix du gaz est entre 10 et 15 fois plus élevé que l’an dernier », constate l’intervenante.

Au total, l’augmentation des couts des aliments pour animaux s’étage entre +20-25% par rapport à une année 2021 ou ils étaient déjà hauts. Certains facteurs, bien que notables, ont heureusement eu moins d’impacts qu’il n’était craint en début d’année. Ainsi, sur les marchés des matières premières, l’arrêt brutal puis la reprise à faibles volumes des exportations ukrainiennes de maïs a été compensé par d’autres origines avec une augmentation des flux au départ d’Allemagne, des USA, du Brésil et du Canada. La France a notamment augmenté ses livraisons vers l’Espagne et les Pays Bas. « Mais si, pour tous les grains, les prix se détendent un peu, ils restent beaucoup plus hauts qu’auparavant et l’avenir est très incertain », alerte Eva Gocsik. Elle s’inquiète notamment de la différence de qualité des maïs importés dans l’UE car ils peuvent avoir été produits avec des pesticides ou des OGM interdits dans l’UE.

L’accord sur la régionalisation signé par la France avec la Chine sera t il effectif ?

Au niveau des marchés des viandes, les importations chinoises de porcs ont chuté et l’Espagne, acteur majeur, réoriente ses productions. « Même si les achats de la Chine se calment, elle restera un importateur majeur », tempère toutefois l’analyste. Les épizooties orientent en tous cas les marchés. « La fièvre porcine africaine, présente aux frontières de la France et des Pays Bas, a complétement chamboulé les marchés. La France a signé un accord de régionalisation avec la Chine, mais personne ne sait si cela sera réellement utile », complète celle qui attend une baisse mondiale de la production de porcs de 4 voire plutôt 5% cette année. Dans l’UE, l’Espagne devrait encore progresser de 1% quand la France devrait être à -2% et l’Allemagne à -10%.

Le poulet vendu en hard discount prend la place des autres viandes

La situation est différente en volailles : la hausse des prix à la consommation, qui a commencé en mars, devrait se poursuivre mais les opérateurs pourraient réduire la taille de leurs gammes. Face à l’augmentation du prix de toutes les viandes, les consommateurs déploient des stratégies d’adaptations : ils privilégient le poulet a toute les autres protéines animales et vont au moins cher. La montée du hard discount alors que les ventes dans l’ensemble de la grande distribution chutent l’illustre bien en Grande Bretagne.

Ne pas perdre l’objectif climat de vue

Dans le même temps, les distributeurs et les chaines de restauration exigent une accélération de la transition de leurs approvisionnements vers plus de durabilité. « Tesco qui veut être net zéro avant 2050 a demandé à ses fournisseurs de détailler le niveau de leurs émissions de carbone fin 2021 puis d’établir leur plan pour parvenir à zéro émission fin 2022 et de lui fournir, avant fin 2023, des objectifs scientifiquement étayés pour parvenir à tenir ces ambitions », conclut l’intervenante.

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