Nutrition animale : les acides aminés aident à la sobriété protéique
Sans avoir fait trop de bruit, les acides aminés se sont installés dans les formulations des aliments pour animaux. Leur contribution à l’autonomie alimentaire est remise en lumière par les cours des protéines qui restent élevés et les débats sur la déforestation.
Sans avoir fait trop de bruit, les acides aminés se sont installés dans les formulations des aliments pour animaux. Leur contribution à l’autonomie alimentaire est remise en lumière par les cours des protéines qui restent élevés et les débats sur la déforestation.
L’autonomie protéique des fabricants d’aliments pour animaux français, même si elle est meilleure que la moyenne de l’UE, s’établit à 58% (toutes sources de protéines inclues). Une part à comparer à l’autonomie toutes matières premières confondues de 76% expliquait Patricia Le Cadre (Céréopa) lors de la réunion technique annuelle d’Altilis, mardi 13 septembre. « Les céréales françaises et leurs coproduits apportent 36% de la couverture protéique totale mais 59% des protéines françaises consommées par les usines d’aliments. Nous manquons donc surtout de protéines concentrées, pas de protéines totales », rappelle ainsi la spécialiste.
Le soja apporte 30% des protéines des aliments pour animaux
La part du soja, qui représente cette année 30% des protéines des formules, a baissé puisqu’elle était de 40% en 2003 et de 33% en 2012, même si elle remonte un peu ces derniers mois (elle était de 29% en 2015). « Même s’il traine des casseroles comme les OGM ou la déforestation, le soja reste une excellente matière première. De 2002 à 2017, les importations de tourteaux de soja baissent de 36% soit 1,6Mt. En 2021, elles s’affichent 4% au dessus du plus bas de 2017 » rappelle Patricia Le Cadre. Elle souligne la réduction des disponibilités des autres protéines alternatives (tourteaux de colza et de tournesol français, tourteau de tournesol Mer Noire, drêches déshydratées…).
Outre la baisse de la production nationale d’aliments qui a perdu près de 3 Mt entre 2002 et 2021, ce qui a mathématiquement contribué à la baisse des importations de soja, les acides aminés de synthèse ont joué un rôle central.
Sans les acides aminés, la France consommerait 50% de tourteau de soja en plus
Selon une étude du Céréopa, sans l’utilisation de 4 acides aminés (valine, tryptophane, thréonine et lysine), la France consommerait ainsi 50% de tourteaux de soja de plus : une tonne de ce cocktail d’acides aminés économise en effet 20 t de tourteaux de soja. Sans eux, l’autonomie des fabricants d’aliments pour animaux diminuerait de 8,5 points et la hausse du coût des matières premières serait inversement proportionnelle.
Les aliments pour porcs sont les premiers à tirer partie des acides aminés puisqu’ils sont les plus demandeurs en tourteaux de soja si ces 4 acides aminés sont supprimés des formules. Les aliments bovins viandes sont les deuxièmes plus impactés. La volaille est surtout touchée par la suppression de la lysine. « L’utilisation des acides aminés permet d’établir des synergies avec des matières premières locales pour réduire la dépendance en protéine » insiste Patricia Le Cadre. L’utilisation des acides aminés contribue aussi de façon significative à la baisse des émissions de gaz à effet de serre selon le cabinet de conseils.
« Les acides aminés actuels, et futurs, sont une des pierres angulaires de la recherche de souveraineté. Mais pour ne pas passer d’une dépendance à une autre puisque, par exemple, 92% de la thréonine est chinoise, il faut encourager la production européenne, d’autant qu’elle a d’autres atouts à faire valoir au niveau environnemental » conclut la directrice du Céréopa.