Etat correct des cultures en sortie d’hiver
Tour de plaine – Les conditions climatiques ont permis une bonne reprise de végétation à la sortie de l’hiver mais ont aussi favorisé la présence de parasites
« UNE METEO clémente depuis la sortie de l’hiver a permis une bonne reprise de végétation des grandes cultures, mais engendré une forte pression parasitaire », indique Philippe Halle, responsable agronomique chez Cap Seine, coopérative couvrant une zone allant du Vexin à la Picardie jusqu’au Pays-de-Caux. C’est le sentiment général qui se dégage des zones de grandes cultures en France. De fortes amplitudes thermiques depuis la fin de l’hiver, avec des périodes chaudes ont, par endroit, soutenu le parasitisme, alors que les cultures avaient bien passé l’hiver. Un manque de pluie dans certaines régions pourrait être pénalisant pour la reprise de croissance sortie hiver.
Quelques excès d’eau sur la moitié Nord
« Dans le Pas-de-Calais, les cultures sont dans un très bon état, et les problèmes de stress hydrique inexistants en raison d’un climat humide et de sols limoneux », indique Marc Dupayage, responsable agronomique d’Uneal. Dans cette région, les blé, escourgeon et colza seraient en très bon état. Mais avec le redoux, la pression parasitaire s’accroît sur toutes les cultures. Chez Cap Seine, « il n’y a pas d’inquiétudes à avoir pour le moment sur les rendements car la situation est saine », indique Philippe Halle. En colza notamment, l’état des cultures, en avance sur le stade, est très bon. Les blés et escourgeons sont en revanche plus hétérogènes, en raison d’une implantation tardive suivie de neige par endroit.
En Champagne, Jean-Luc Jonet, directeur terrain chez Champagne Céréales, fait état de blés et d’escourgeons en bon état, avec cependant quelques dégâts liés à des gels mécaniques en terres crayeuses exposées au froid. Dans les terres fortes et hydromorphes, des excès d’eau ont entraîné des retards d’une dizaine de jours sur les cultures d’hiver. En colza, le volume de végétation à la sortie de l’hiver est plus limité que d’habitude en raison d’un automne froid et sec. Et la mouche du choux éclaircit les parcelles. Dans l’Aube, Philippe Michonneau, responsable agronomique de la Scara, indique que le blé est en bon état, mais des symptômes d’oïdium apparaissent localement sur les blés et les escourgeons. Quelques problèmes de rouille sont aussi observés par endroit avec le redoux. De plus, de faibles précipitations pourraient faire entrer les cultures en stress hydrique avec la reprise de croissance. En colza, le développement est régulier.
Forte pression parasitaire dans le Centre
« Le blé est dans un très bon état, mais un retard d’une semaine lié au froid est remarqué. Il est cependant rattrapé avec les hausses de température actuelles », explique Dominique Romelot, du service Développement d’Axereal pour la zone sud du Centre. Les blés durs sont satisfaisants et n’ont pas souffert du gel. Les escourgeons, brassicoles pour la très grande part des surfaces, présentent des symptômes de mosaïque dans les sols argilo-calcaires caillouteux en raison de rotations courtes. Le problème s’amplifie depuis trois à quatre ans. « La résistance des variétés actuelles à la souche initiale de mosaïque Y1 semble contournée dans les secteurs à forte pression. Les pertes d’épis peuvent aller de 10 à 20 % dans les zones touchées. Si avec le redoux et la croissance des orges, les effets s’estompent, les rendements à terme restent affectés », indique Dominique Romelot. Le colza bénéficie d’un bon développement végétatif suite à une implantation adéquate. Cependant, des dégâts liés aux charançons sont rapportés ainsi que de hernie attaquant les pivots dans les sols humides et acides. Dans le Puy-de-Dôme, Philippe Combes, responsable Expérimentation Grandes cultures chez Limagrain, constate aussi que « le colza a bénéficié d’une bonne implantation à l’automne, sans dégâts à l’hivernage, avec de l’eau et des éléments fertilisants disponibles ». Cependant, un climat chaud depuis la reprise de végétation a entraîné un fort seuil parasitaire, en méligèthes notamment. «Le blé et l’orge ont eu un temps d’implantation long, du 15 octobre au 15 décembre, entraînant des écarts de stade. » L’état est correct avec quelques parcelles ayant souffert d’un gel mécanique, ce qui a réduit le potentiel des cultures céréalières d’automne.
Temps sec à la sortie de l’hiver dans l’Ouest
« Le blé tendre a bénéficié d’une bonne implantation, malgré des excès d’eau en novembre et en décembre, surtout dans les sols de bocage hydromorphes », indique Jean-Luc Lespinas, responsable agronomique de la Cavac. Il poursuit : « Un mois de février sec a engendré un manque d’eau et donc d’assimilation de l’azote. Cependant, les pluies récentes ont permis une reprise de la croissance. » Si l’avancée des cultures serait irrégulière dans les sols hydromorphes, la sole de céréales est belle. A noter une montée en puissance des taupins. Les cultures d’orges d’hiver bénéficient des mêmes conditions que celles de blé. Pour le colza, le développement est conforme à l’habitude avec des dates de semis adéquates. Cependant, quelques soucis de parasites foliaires sont remarqués et le temps sec ne favorise pas le redémarrage des cultures. Du côté de la coopérative Euralis, basée dans le Sud-Ouest, les cultures d’orges et de blés, tendre et dur, seraient dans des états de bons à très bons. Les colzas seraient pour leur part plutôt hétérogènes, avec des états allant de médiocres à bons. Chez Maïsadour, le blé tendre, céréale à paille majeure de la région, est jugé dans un état plutôt très satisfaisant avec une faible pression des adventices.