Engrais : retour de l’ammonitrate
APRÈS UN HIVER long et froid, la météo printanière enclenche les épandages et par conséquent le déstockage, avec du retard. Pourtant le marché reste calme, les distributeurs étant couverts. Impulsée par le fabricant norvégien Yara, la baisse très sensible du prix de l’ammonitrate en raison notamment de la chute des cours du gaz, provoque un net regain d’intérêt pour ce produit azoté devenu plus abordable. Ce report se fait au détriment de l’urée, sur laquelle les agriculteurs avaient jeté leur dévolu la campagne précédente, face à un ammonitrate hors de prix. Le marché de l’urée est donc très morne, dans l’attente des achats qui devraient reprendre dès avril pour le maïs. Celui des solutions azotées l’est également, la période étant plutôt aux exécutions de contrats. Côté ternaires, la demande est très faible, entraînant un mouvement de déstockage de la part des producteurs. En binaire, le marché reste inerte : le cours de la potasse, imperturbablement haut, freine les éventuels besoins, sauf pour la betterave sucrière ou la pomme de terre, productions qui peuvent difficilement s’en passer. Pour l’instant, il ne semble pas que la tendance s’inverse : les pays producteurs de potasse restent sur leurs positions, certains fermant même des unités pour maintenir un marché encore plus ferme.
Selon ses dernières estimations, l’Unifa confirme qu’à fin décembre, les livraisons d’engrais étaient pratiquement à l’arrêt. « L’incertitude sur l’avenir des prix de céréales pour la prochaine moisson continue à éloigner les agriculteurs du marché des engrais. Le retard des livraisons effectuées vers les distributeurs s’est aggravé en fin d’année, à mi-parcours de la campagne. En janvier, il restait ainsi plus de 50 % des tonnages à livrer. » La campagne 2008/2009, qui s’annonçait en fort recul pour les éléments P et K, marquerait aussi le pas en livraison d’azote : -6 % par rapport à la même époque l’an dernier (cumul à fin décembre), -42 % en phosphore et 27 % en potasse.