Blé dur et pâtes bio
« Stocker sur la précédente récolte de blé dur pour anticiper les risques sur la suivante », la stratégie de Jean-Philippe Lefrançois, DG d'Alpina Savoie
A la veille de Natexpo et dans le contexte d’une consommation en produits bio qui progresse sans cesse, Jean-Philippe Lefrançois, directeur général d’Alpina Savoie, raconte le parcours de l’entreprise dans le secteur bio.
A la veille de Natexpo et dans le contexte d’une consommation en produits bio qui progresse sans cesse, Jean-Philippe Lefrançois, directeur général d’Alpina Savoie, raconte le parcours de l’entreprise dans le secteur bio.
Où en êtes-vous en matière de bio origine France chez Alpina Savoie ?
Nous avons commencé à acheter quelques tonnes de blé dur bio français il y a environ vingt ans. Aujourd’hui, nous utilisons 4 000 t à 5 000 t de blé dur cultivé en France. L’objectif est d’atteindre les 10 000 t d’ici à cinq ans. C’est un travail qui se fait en filière et avec nos partenaires. Nous travaillons notamment avec deux groupements de producteurs, Biosud en Camargue et Agribio Union en Occitanie, au sein d’une structure baptisée Sud Blé Dur Bio. Nous échangeons aussi avec Arvalis-Institut du végétal pour la partie agronomie et rotation des cultures (riz/blé dur/luzerne et parfois tournesol). Nous sommes également accompagnés dans notre développement par l’Agence bio. Pour nous développer, nous adaptons nos besoins aux ressources en approvisionnement. Nous recherchons à accompagner de nouveaux agriculteurs dans le Rhône et nous venons aussi de signer un accord avec les coopératives Drômoise de céréales et Union bio sud-est. Nous venons également de rencontrer Berry Graines pour développer nos activités en quinoa bio origine France.
Certains volumes de blé dur bio sont importés. Êtes-vous concernés par ce sujet ?
L’ensemble de notre gamme Alpina Savoie en bio est 100 % bio origine France. Nous travaillons avec des blés d’importation, en général Espagne et Italie, pour la fabrication de produits pour le compte des industriels et des MDD. Excepté pour la MDD Carrefour, partenaire historique de notre entreprise, dont le cahier des charges stipule une origine France et pour qui nous produisons deux références en blé dur bio.
Consommation bio et Covid-19, une croissance éphémère ou une tendance ?
Il est difficile de prévoir exactement l’impact à long terme du Covid-19 et du confinement sur la consommation du bio en France. Cependant, il est vrai que la période de confinement a fait grimper les ventes. Mais si on regarde à plus long terme, je pense que nous avons une vraie tendance de fond sur ce sujet. Il est incontestable que le Covid-19 a ramené du sens dans l’acte de manger et l’alimentation en générale. Nous répondons également aux attentes de nouvelles générations très engagées sur les questions du goût, du sain, de l’environnement ou encore de l’économie locale. Elles ne sont pas uniquement portées par une vision globale sur l’alimentation et l’environnement mais aussi par le fait de répondre à des questions comme « à quoi je m’engage personnellement par mes choix alimentaires », ici et maintenant.
Un mot sur la récolte 2020 ?
En 2020, nous serons sur une année dans la moyenne des dix dernières années, avec un rendement moyen et une qualité moyenne. C’est conforme à nos attentes et cela suffira à nos besoins. Pour verrouiller nos engagements, 30 % de nos besoins de l’année à venir proviennent de stocks de report que nous avons constitué sur la précédente campagne. Cette stratégie nous permet de faire face à des problèmes de qualité ou de quantité sur une année et d’éviter ainsi une rupture d’approvisionnement.