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Embaucher n’est pas joué

L’Ensmic a organisé une table ronde consacrée aux besoins des industries céréalières au Sia 2007

EMPLOI. Profitant de leur présence au salon international de l’Agriculture sur le stand de la région Ile-de-France, l’école nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières a organisé une table ronde sur le thème « Métiers et formations de la filière céréalières», le 8 mars dernier. « Il est très important de rester proche des professionnels, donc il ne faut pas rater l’occasion de se rencontrer », a déclaré Annie Le Toquin en introduction. Plusieurs filières étaient représentées lors de cette rencontre : les meuniers avec Jean Maurey, président de l’Association nationale de la meunerie française et son homologue de la petite et moyenne meunerie, Christophe Courtin, accompagnés de M. Gibert, directeur d’exploitation des Grands moulins de Paris ; la boulangerie-viennoiserie avec pour la partie industrielle Mme Desgrey d’Alliance 7, et M. Fontaine, gérant d’une boulangerie Bio pour l’artisanat. Pour l’Ensmic, Annie le Toquin, directrice de l’école, et M. Crétois, qui a enseigné la meunerie à de nombreuses promotions de BTS. Si une bonne part du secteur était représentée, on pourra néanmoins regretter l’absence de la filière de la nutrition animale. Pour mieux répondre aux besoins des entreprises françaises évoluant dans le secteur des industries céréalières, la directrice de l’Ensmic s’est penchée sur les attentes et les difficultés des intervenants présents.

Boulangeries et industries satisfaites

Pour la représentante des industries alimentaires, Mme Desgrez, estime que « même si le secteur n’embauche plus comme autrefois, nous recherchons encore des profils sur des niveaux 4 (bac pro) et 3 (BTS) », ajoutant que « le BTS industries céréalières leur convient bien mais n’est pas assez connu au delà de la filière meunière, sans oublier les formations commerciales ». M. Fontaine, jeune gérant d’une boulangerie bio, reconnait également la qualité du BTS de l’Ensmic mais aussi son importance dans la filière. «Dans les relations au sein de la filière boulangère, avoir fait l’Ensmic facilite les choses». Concernant l’emploi, les besoins pour la partie production se tournent plutôt vers les traditionnelles formations de boulanger, mais la recherche se porte aussi « sur du personnel type technicien BTS industries céréalières, pour l’encadrement ou le développement de la société ».

Meunerie : « Un cruel manque de personnel en production »

L’inquiétude vient de la meunerie. « Nous avons un grand manque de personnel en production » regrette M Gibert des GMP. Ce dernier remarque que si l’Ensmic a pendant longtemps su répondre aux besoins des meuniers, « un manque cruel de personnel existe pour faire tourner nos moulins ». En fait le métier de meunier, ou de conducteur de cylindre n’attire plus les jeunes. «On est obligé de puiser dans d’autres formations et de les former, mais souvent ils finissent par partir dans leur métier de base», explique t-il. « On est en train de perdre le métier de base, celui de meunier. Pourtant ce n’est pas un métier à la chaîne, c’est très intéressant, riche et polyvalent », s’étonne-t-il. Du côté de la petite et moyenne meunerie, la recherche se situe vers « la polyvalence qui reste le maître mot », selon Christophe Courtin. « La passion du métier est importante pour avoir ce profil et accepter les contraintes de la profession » a-il déclaré. Et au delà du BTS, la formation en alternance trouve aussi ses défenseurs. « Elle permet d’intégrer des jeunes dans des petites structures et c’est un bon moyen de rester en contact avec l’Ensmic ». « Le CFA est la meilleure façon de motiver les jeunes» a assuré pour sa part, Alain Crétois. Pour l’ANMF, représentée par Jean Maurey, « de l’emploi il y en a. Il y a de la place dans les grandes et les moyennes structures et les formations de l’Ensmic répondent à nos demandes, c’est davantage un problème de motivation des étudiants qui se pose ». En effet avec « 2 à 3 offres d’emploi pour chaque élève sortant de l’Ensmic », selon Christophe Courtin, la filière souffre d’un véritable déficit d’image.

« Les jeunes ont une image traditionnelle de la meunerie alors que celle-ci est devenue très technologique mais les nouvelles générations l’ignorent » explique M. Gibert. Le vice président de l’ANMF pense qu’il faut multiplier les portes ouverts des moulins, « c’est le meilleur moyen de donner envie aux jeunes de venir travailler dans nos industries ».

Alors s’il y a du travail et des entreprises offrant des postes intéressants, comment se fait-il que les meuniers ne parviennent pas à embaucher ? Le problème de l’image de la meunerie a été évoqué et certainement à juste titre. Là dessus, l’ensemble de la filière et l’Ensmic devront travailler à redonner ses lettres de noblesse à cette activité primordiale et ancestrale. Et la directrice de l’école de meunerie, Annie le Toquin, est bien décidée à y remédier. « Un plan de communication pour faire connaître nos formations est prévu avec notamment une présence renforcée dans les salons étudiants et des portes ouvertes de l’école ». Les prochaines auront lieu les 17 et 21 mars prochain.

Seul bémol de cette rencontre, l’oubli de la question des salaires qui, quoi qu’on en dise, aurait certainement apporté des réponses au problème de l’embauche.

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