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Septoriose du blé
Des souches résistantes aux fongicides

Selon une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), les traitements chimiques deviennent de moins en moins efficaces

SELON LES CHERCHEURS, la septoriose est la maladie foliaire majeure du blé en France et dans de nombreux pays d’Europe. Deux champignons parasites en sont responsables. Depuis plusieurs décennies, les traitements chimiques constituent la principale méthode de lutte contre la maladie, mais leur efficacité est affectée par l’apparition de souches résistantes aux fongicides. L’Inra a caractérisé les mutations génétiques en cause et ont établi un panorama complet de l’évolution des résistances en France. Ces travaux permettent de recommander des programmes de traitement efficaces auprès des céréaliers.

Mobilisation contre la septoriose

La septoriose est provoquée par deux parasites fongiques connus sous les noms de Septoria tritici et Septoria nodorum. Ces champignons provoquent des taches foliaires brunes et peuvent entraîner des baisses de rendement importantes. Actuellement, l’espèce S. tritici est largement dominante en France, alors que S. nodorum, qui peut également toucher les épis et les semences, est devenu très rare. Les régions les plus touchées par le développement de S. tritici sont celles qui connaissent des épisodes pluvieux, car la pluie et l’action éclaboussante des gouttes sur les feuilles du blé favorisent la dissémination des spores. Ainsi, il existe en France un gradient croissant de l’Est vers l’Ouest, où les précipitations et le climat océanique favorisent le développement de S. tritici.

La lutte chimique contre S.triticiest principalement assurée par deux familles de fongicides : les strobilurines et les triazoles. En France, malgré l’utilisation de ces fongicides, la septoriose n’est pas toujours correctement maîtrisée, car les traitements utilisés ont contribué à l’apparition de souches résistantes. Les chercheurs de l’Inra de Versailles associés à des équipes d’Arvalis-Institut du végétal, de Chambres d’agriculture, du SRPV (Service de la protection des végétaux) et de firmes phytosanitaires ont étudié la cartographie des résistances en France et identifié des stratégies de traitement efficaces (raisonnement des interventions, positionnement des produits, mélanges ou alternance des fongicides) pour lutter contre la maladie et limiter le développement des résistances émergentes.

Le problème de la résistance aux strobilurines

Les strobilurines introduites en 1997 possèdent une excellente performance d’action mais depuis 2003, des échecs de traitement imputables à la présence de souches résistantes ont été observées. Ainsi, d’après les collectes effectuées sur le terrain en 2005, 83 % des échantillons de blé prélevés présentaient plus de 50 % de souches résistantes aux strobilurines, en particulier dans les parcelles du nord de la France. Il a été montré que toutes les souches sont fortement résistantes à l’ensemble des strobilurines, suite à une mutation génétique qui affecte le site d’action du fongicide. En termes de stratégie, il a été préconisé de limiter l’emploi des strobilurines et de les associer avec d’autres matières actives, comme les triazoles et les multi sites. Des programmes sans strobilurines peuvent aussi être retenus dans les zones où la résistance est généralisée et où la septoriose est l’unique maladie foliaire visée.

Érosion de la résistance aux triazoles

Les triazoles, utilisés depuis plusieurs décennies contre la septoriose, conservent toujours une efficacité correcte même si une érosion a été constatée au cours des dix dernières années. Le développement de souches faiblement à moyennement résistantes résulte d’une ou plusieurs mutations génétiques au niveau de la cible de ces triazoles. En pratique, cette famille chimique conserve son intérêt à condition toutefois d’optimiser le choix de la matière active, sa dose d’emploi et la période d’application.

Vers une protection intégrée

Outre les précautions d’emploi indiquées pour les strobilurines et les triazoles, il est possible de faire appel à d’autres fongicides, en particulier les multi sites. Ces derniers fongicides s’avèrent efficaces dans le cadre d’un traitement préventif, puisqu’ils ne sont pas concernés par la résistance. Plus généralement, le choix de variétés de blé peu sensibles, l’allongement des rotations dans les parcelles et une optimisation de la fertilisation pourraient aider à limiter le développement de S. tritici. Les travaux sur la septoriose se poursuivent : une meilleure connaissance des caractéristiques biologiques des divers génotypes devrait contribuer à diversifier les moyens de lutte.

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