FranceAgriMer
Des rééquilibrages des bilans céréaliers français, au regard du reconfinement
Les secteurs de la biscotterie/biscuiterie/pâtisserie industrielle, de la malterie, de l'amidonnerie mais également de la semoulerie sont victimes de la nouvelle période de confinement qui limite la consommation domestique.
Les secteurs de la biscotterie/biscuiterie/pâtisserie industrielle, de la malterie, de l'amidonnerie mais également de la semoulerie sont victimes de la nouvelle période de confinement qui limite la consommation domestique.
La commission Bilans de FranceAgriMer s’est réunie, le 16 novembre, par visioconférence, pour réviser les bilans céréaliers français prévisionnels. « L’exercice de cette commission Bilans est de donner une image de ce que sera la campagne 2020/2021, en prévoyant ce qui est mis sur le marché, consommé et in fine stocké », explique Marion Duval, adjointe au chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. La difficulté de l’exercice réside dans le fait que l’on est dans une période, particulière, de très grande incertitude sur les marchés, notamment en lien avec la pandémie mondiale de Covid-19, mais surtout avec le confinement que l’on connaît, à nouveau, actuellement en France. « Nous avons tiré quelques leçons de l’impact sur le marché du premier confinement, mais il faut avoir en tête que l’on est dans une situation qui n’est pas tout à fait similaire », tempère la spécialiste. Le cours du maïs a ainsi fortement augmenté, dans un contexte de disponibilités françaises qui sont moindres du fait d’une récolte céréalière très basses cette année.
Blé tendre : baisse des utilisations en biscotterie/biscuiterie/pâtisserie industrielle, mais hausse en panification
Le bilan français du blé tendre présente des disponibilités quasi inchangées d’une mois sur l’autre, à 14,208 Mt (contre 14,159 Mt estimées en octobre). En revanche, des postes d’utilisation ont été revus. A trois mois de campagne, le secteur de la biscotterie/biscuiterie/pâtisserie industrielle est particulièrement en retrait par rapport à la même période en 2019/2020, qui n’a pas connu d’impact de la Covid-19. Il y a un retard de mise en œuvre de 8 % sur ce segment, alors même que la panification est en ligne avec ce qui a été mis en oeuvre l’an dernier sur juillet-septembre. Un switch de 20 000 t a, de fait, été opéré entre ces deux segments : les professionnels s’attendent dorénavant à des mises en oeuvres de 1,15 Mt en biscotterie/biscuiterie/pâtisserie industrielle (contre 1,17 Mt estimées en octobre et 1,15 Mt en 2019/2020) et de 2,70 Mt en panification (contre 2,680 Mt et 2,681 Mt).
Un deuxième poste important sur les utilisations domestiques, ce sont les fabricants d’aliments du bétail. Le prix du maïs a beaucoup progressé depuis le début de la campagne, avec des céréales à paille qui pourraient regagner en compétitivité dans les rations animales. Mais les disponibilités françaises sont plafonnées, du fait d’une moindre récolte que la campagne précédente. Les professionnels ont ainsi revu en hausse de 100 000 t les utilisations de blé tendre en nutrition animale, 4,5 Mt (contre 4,794 Mt en 2019/2020). Au regard de cette augmentation, les mises en œuvre en maïs ont été abaissées de 100 000 t, à 3,1 Mt (contre 2,802 Mt en 2019/2020).
Du côté de l’exportation, nous avons une compétitivité française qui s’affirme en ce moment sur un marché Pays tiers dynamique. Les ventes françaises hors UE ont encore été revues en hausse ce mois-ci à 6,85 Mt, contre 6,70 Mt estimées en octobre et 13,46 Mt en 2019/2020. Sur l’UE, on enregistre une baisse des exportations (essentiellement sur Pays-Bas et Allemagne), qui passent de 6,423 Mt à 6,343 Mt d’un mois sur l’autre (contre 7,427 Mt en 2019/2020), au regard du réalisé depuis le début de la campagne de commercialisation.
Finalement, le stock final se tend légèrement par rapport au mois dernier, en retrait de 127 000 t, à 2,494 Mt (contre 3,024 Mt en 2019/2020). Ce n’est pas un stock historiquement bas en France, bien que l’un des plus bas. Il est à l’image d’un bilan de blé tendre tendu, du fait d’une disponibilité moindre pour cette campagne.
Orges : une consommation de malt en retrait sur le marché domestique, mais des exports qui se maintiennent
Du côté des orges, du point de vue des disponibilités, c’est le stock initial qui a le plus changé, du fait d’un réajustement des états déclaratifs de FranceAgriMer. Il s’élève maintenant à 1,384 Mt, contre 1,326 Mt en octobre et 1,327 Mt en 2019/2020.
Sur les postes d’utilisations domestiques, pour l’instant, on enregistre un statu quo en alimentation animale, au regard de ce qui est réalisé et de la compétitivité de la céréale en formulation. En revanche, le poste de la malterie (mises en oeuvre globales d’orges de brasserie par les malteurs français, auxquelles on retranche les volumes de malt exportés) a été revu en baisse. Les mises en œuvre en malterie sont en forte baisse sur les trois premiers mois de la campagne, en lien direct avec les mesures de confinement en France. Mais on a un export de malt qui semble se maintenir sur la période. Pour l’instant, la baisse de l’utilisation d’orge en malterie a été attribué au repli de la consommation de bière sur le marché intérieur : on s’attend de fait à des utilisations d’orge en malterie de 260 000 t (contre 275 000 t estimées en octobre et 240 000 t en 2019/2020) et un export de malt de 1,4 Mt (contre 1,4 Mt et 1,351 Mt).
Du côté des exportations d’orges, peu de changement : l’export Pays tiers est maintenu à 2,9 Mt (contre 3,931 Mt en 2019/2020), avec toujours une forte demande de la Chine, et une très légère baisse de l’export sur l’UE, avec 2,713 Mt (contre 2,773 Mt estimées en octobre et 3,921 Mt en 2019/2020). A noter la moindre performance de la France sur l’Espagne, au regard de la récolte d’orge record du pays, cette campagne.
Le stock final s’apprécie légèrement par rapport au mois dernier, à 1,172 Mt (contre 1,032 Mt estimées en octobre et 1,384 Mt en 2019/2020).
Maïs : baisse des besoins en amidonnerie et en alimentation animale
Concernant le maïs grain (hors maïs humide), les ressources pour le marché varient très peu, à 13,621 Mt, contre 13,656 Mt estimée en octobre et 12,963 Mt en 2019/2020) : la baisse de la collecte (11,145 Mt, contre 11,201 Mt et 10,172 Mt) étant partiellement compensée par la hausse du stock initial (2,026 Mt, contre 2,005 Mt et 2,118 Mt), du fait du réajustement des états déclaratifs de FranceAgriMer.
En revanche, des postes en utilisations domestiques ont varié, comme l’alimentation animale (cf. le bilan Blé tendre) et l’amidonnerie. Les mises en œuvre de ce dernier secteur ont été révisées de 100 000 t à la baisse d’un mois sur l’autre, à 1,8 Mt (contre 2,019 Mt en 2019/2020). Cette baisse s’explique essentiellement par la fermeture d’une amidonnerie en France, en raison de l’impact de la crise sanitaire liée à la Covid-19.
Quant aux exportations, la France enregistre une situation assez exceptionnelle, avec une bonne compétitivité de l’offre française sur le marché UE et un des premiers fournisseurs de la France, l’Ukraine, qui se retrouve avec un moindre disponible exportable. On a un marché du maïs dynamique en ce début de campagne. Les exportations françaises sur l’UE ont de fait été revues à la hausse ce mois-ci, passant de 4,130 Mt à 4,283 Mt, contre 3,951 Mt en 2019/2020.
Le stock final est en quasi-statu quo, la baisse des disponibilités étant compensée par la baisse des utilisations. Il s’élève à 2,207 Mt, contre 2,194 Mt estimées en octobre et 2,026 Mt en 2019/2020.
Blé dur : rééquilibrage entre le poste Semoulerie et l’export de semoule/farine
Le bilan du blé dur français présente une hausse mesurée de la collecte, à 1,243 Mt (contre 1,216 Mt estimées en octobre et 1,580 Mt en 2019/2020), avec des ressources pour le marché en progression, à 1,758 Mt (contre 1,726 Mt et 2,313 Mt).
S’agissant des utilisations domestiques, le poste de la semoulerie (mises en oeuvre globales de blé dur par les semouliers français, auxquelles on retranche les volumes de semoule et de farine exportés) présente une activité relativement constante sur juillet-septembre, d’une campagne sur l’autre. En revanche, les exportations de semoule et farine sont plus dynamiques. Les professionnels ont ainsi rééquilibré ces deux postes du bilan, en abaissant les mises en œuvre en semoulerie de 10 000 t d’un mois sur l’autre, à 490 000 t (contre 510 000 t en 2019/2020) et en augmentant les ventes de semoule et farine du même volume, à 110 000 t (contre 119 000). Du côté des exportations de grains, le Canada concurrence fortement l’origine France sur le marché UE, et notamment notre premier acheteur, à savoir l’Italie. En revanche, le flux sur pays tiers reste dynamique. Un rééquilibrage a également été effectué entre ces deux postes, avec un export UE réduit de 20 000 t, à 810 000 t (contre 1,143 Mt en 2019/2020) et un export Pays tiers revu en hausse de 20 000 t, à 180 000 t (contre 309 000 t).
Le stock final est réhaussé de 82 000 t à 114 000 t d’un mois sur l’autre (contre 187 000 t en 2019/2020).