Tour de plaine
Des récoltes de blé tendre et de colza très hétérogènes au nord de la France
Si le retour du beau temps en juillet a permis d’achever les récoltes, le gel hivernal et les pluies du printemps ont joué sur les rendements.
Les récoltes de blé tendre et de colza sont globalement terminées sur la moitié nord de l’Hexagone grâce au retour du beau temps. Le gel de cet hiver, ainsi que les importantes pluies du printemps et du début de l’été font ressortir une grande hétérogénéité de rendement inter et intra régionale.
Récoltes de blé tendre décevantes sur la Bretagne et la Picardie
En Poitou-Charentes, les moissons de blé tendre sont bonnes avec un rendement moyen qui devrait s’afficher entre 70 et 75 q/ha. « Cela n’a rien à voir avec l’année dernière, où la région avait beaucoup souffert de la sécheresse. Même les petites terres ont rendu de façon inattendue. Les petites craintes pour les taux protéiques se sont estompées, et il ne devrait pas y avoir de souci pour tenir les 11 %. En revanche, les poids spécifiques sont moindres que l’année dernière, mais ils restent corrects à 78 kg/hl », annonce Morgan Kerjean, commercial chez Charente Alliance.
En Bretagne, « plus on va vers l’Ouest, plus les moissons sont décevantes, en particulier sur les terres profondes », affirme Bruno L’Hour, responsable Collecte et Commercialisation des céréales chez Triskalia. « Sur le centre Bretagne, on est généralement sur des rendements de l’ordre de 75-80 q/ha, alors qu’aujourd’hui on est davantage sur 60-70 q/ha. Plus on s’approche du Finistère, plus on tourne autour de 50 q/ha ». Selon lui, ces pertes de rendement pourraient être dues à un excès d’eau dans les terres, suite aux fortes précipitations du printemps et du début de l’été. « Néanmoins, la qualité reste correcte et on est dans une année normale ». En effet, la production de la zone Est part généralement vers l’export. « Le taux de protéine moyen était supérieur à 11 %, ce qui est assez inhabituel pour la Bretagne. » La production côté ouest sert, pour sa part, de fourrage.
Sur la Haute-Normandie et la Picardie, il y a de très grandes amplitudes de rendement. « Au sud-ouest du département de l’Eure, les rendements sont très bons, et cela d’autant plus que le bilan était catastrophique les deux années passées. En revanche, en Seine-Maritime, les rendements sont inférieurs de 10 à 15 q/ha par rapport à l’année précédente, à près de 90 q/ha », rapporte Patrick Aps, directeur adjoint productions végétales et animales chez Cap Seine. Ce dernier avance un taux de protéines moyen correct, entre 11 et 11,5 %, et des problèmes de PS qui ont été rares et très localisés. « Si l’on croise les rendements et les prix, c’est une bonne année pour les agriculteurs, mais actuellement c’est une année moyenne pour les collecteurs que nous sommes. » En Picardie, « la récolte est globalement en dessous des attentes. Les rendements oscillent 82 et 87 q/ha et les PS vont de 70 à 78 kg/hl. On a du mal à expliquer les écarts. Les meilleures terres sont celles où il y a le plus de déception, alors que les petites terres ont plutôt eu les meilleurs résultats », constate Jean-Luc Florin, directeur adjoint chez Noriap. Comme pour Patrick Aps, cela est sûrement dû à un trop plein d’eau au mois de juin et début juillet.
Sur le Grand-Est, il est difficile d’avoir des chiffres moyens, ne serait ce que parce que l’impact du gel a été très différent selon les départements. « Dans le Bas-Rhin, quasiment tout le blé a été détruit par le gel. Il a fallu aller chercher l’équivalent de 15.000 t de paille dans l’Aube et la Marne. Dans certaines zones, il y a eu des épis mais pas de grains. A noter que le blé a souvent été substitué par du maïs, qui depuis son implantation a bénéficié de conditions climatiques très favorables », avance Eric Berton, directeur de la FRSEA Lorraine et Grand Est.
Jusqu’à 80 % des colzas détruits sur certaines zones du Grand-Est
Comme en blé, la récolte de colza sur la région Poitou-Charentes est également satisfaisante, avec des rendements moyens qui dépassent les 35 q/ha. Après deux-trois très bonnes années, Bruno L’Hour qualifie la production bretonne de « correcte », avec des rendements moyens de 30 qx/ha sur la zone Ouest et de 35 q/ha sur l’Est. En Haute-Normandie, les rendements seraient inférieurs de 10 q/ha à ceux de l’année dernière, selon Patrick Aps. « On est sur un petit 40 q/ha. » En ce qui concerne le Grand-Est, « certains secteurs ont vu jusqu’à 80 % de leur production de colza détruite. Il y a eu des rendements catastrophiques en Lorraine, avec notamment des échos de 6 q/ha pour un agriculteur. C’est la Champagne-Ardennes qui s’en sort le mieux car, dans cette région l’impact du gel a été moindre. Par endroits, les rendements dépassent les 40 q/ha », conclut Eric Berton.