Conjoncture / productions animales
Des prévisions d’abattages à la baisse en ovins et bovins pour l’année 2010
La tendance de fond à la baisse des abattages, qui s’est éclipsée devant l’ampleur de la crise du lait, revient sur le devant de la scène. Le recul progressif de la consommation se fait à nouveau sentir
Pour la filière bovine, l’année 2009 s’est montrée atypique, s’éloignant de la tendance de fond caractérisée, en France comme en Europe, par un lent déclin de la production et un effritement progressif de la consommation. En effet les soubresauts consécutifs aux évolutions des marchés laitiers (rétention puis abattages massifs de réformes) ont permis de maintenir les abattages en volumes. Mais tout laisse à penser que l’année 2010 devrait renouer avec un contexte structurellement difficile, d’autant plus que peu de signaux positifs ont été émis au premier trimestre.
Des prévisions d’abattage en baisse pour les vaches laitières et les jeunes bovins
Au 1er février, le stock de femelles laitières de plus de 24 mois enregistrées en BDNI (Base de données nationale d’identification), était inférieur de 74.000 têtes à celui de l’an passé. Les abattages consécutifs à la crise du lait ont donc été très conséquents mais l’année 2010 devrait marquer une pause dans la décapitalisation du cheptel laitier. En effet, le cheptel français apparaît s’être ajusté au quota laitier. De plus, certains éleveurs devraient pouvoir bénéficier d’allocations provisoires de la part de l’industrie laitière, ce qui devrait permettre d’enrayer le phénomène de décapitalisation. Pour les jeunes bovins, l’année va être marquée par un renversement du ratio laitier/allaitant. En effet, la BDNI a enregistré une progression de 20.000 têtes pour les animaux de race laitière. Mais cette hausse ne compensera pas la forte baisse d’effectifs allaitants. D’après l’institut de l’élevage, au 1er janvier, il y avait près de 45.000 animaux de race à viande de moins que l’an passé. Dans un contexte commercial difficile, surtout à l’export, car nos partenaires méditerranéens sont durement touchés par la crise et enregistrent un baisse notable de la consommation, ce resserrement de l’offre pourrait permettre de soutenir quelque peu les tarifs. En revanche les effectifs de femelles allaitantes ont crû l’an passé. C’est un surplus de 23.000 têtes qui a été enregistré pour les plus de 36 mois. Or selon la Fédération Nationale Bovine, « plus de 15.000 éleveurs de viande pourraient cesser leur activité dans l’année », car la production de bovin viande est entrée dans « sa quatrième année de crise de revenu ». Par conséquent, une importante phase de décapitalisation du cheptel allaitant pourrait intervenir cette année, si la situation économique des éleveurs ne s’améliore pas. Mais même cette perspective ne devrait pas permettre le maintien de la production. Au total, l’Institut de l’élevage s’attend à un repli de 4 % de la production bovine, particulièrement à partir du deuxième trimestre. Seuls les abattages de veaux de boucherie pourraient rester fermes. Actuellement, les effectifs en petits veaux laitiers de 8 jours sont orientés à la hausse, 6 % supérieurs à ceux de l’an passé, soit près de 11.000 têtes.
Malgré des mesures, la filière ovine restera en repli en 2010
De même, la production de viande d’agneau a reculé de 7,5 % en tec en 2009, d’après l’Institut. Ainsi, en dix ans, la production ovine française a enregistré une chute de 25 %. Ce déclin devrait être plus limité en 2010, les prévisions de l’Institut tablent sur un repli de 3 %, même si la filière avait espéré stabiliser la situation. Cependant, plusieurs signes pourraient indiquer des perspectives plus favorables à long terme. Tout d’abord, l’impact négatif de la FCO a pris fin. Mais surtout le rééquilibrage des soutiens publics dans le cadre de la Pac, au profit, entre autres, des filières ovines, effectif cette année, pourrait permettre aux éleveurs de reprendre pied. Par ailleurs, les actions menées dans le cadre de la « reconquête ovine », participent à cette dynamique d’ensemble positive. Sur le dernier mois de 2009, la baisse de la production s’est enrayée, et s’est limitée à -2 %, ce qui pourrait être vu comme un début de réponse positive à ces signaux.