Développement durable
Déjà des outils d’évaluation des Coop
Sensibilisées depuis 2003 à la question du développement durable, les coopératives disposent d’une méthode d’évaluation appliquée à un groupe pilote
VOLONTARISME. Les coopératives françaises ont choisi la voie du développement durable (DD), et cela depuis quelques années déjà. L’organisation Coop de France a ainsi commencé à sensibiliser les entreprises sur ce sujet dès 2003, bien avant le Grenelle de l’Environnement, en créant notamment le département Développement Durable en 2007. En partenariat avec InVivo, la démarche “notation développement durable” a ainsi récemment vu le jour, et a abouti à une méthode d’évaluation baptisée Deepcoop. Une démarche dans laquelle peuvent s’inscrire d’autres actions déjà entreprises, comme la certification Agri-confiance management qualité et environnement, ou la charte du conseil coopératif.
Un groupe pilote de six entreprises
Selon Coop de France, « agir pour le développement durable, c’est tenir compte, lors de ses arbitrages, des impacts de ses activités en termes économiques, sociétaux et environnementaux dans une démarche globale, et de se concerter et communiquer avec ses parties prenantes. » L’organisation a signé avec le ministère de l’Agriculture un contrat d’objectifs développement agricole et rural pour 2009-2013. Il comprend sept actions, dont deux à enjeu national, qui intègrent les recommandations des Assises de l’agriculture et du Grenelle de l’environnement. Parmi celles-ci, maîtriser l’énergie et valoriser la biomasse, améliorer l’efficience des intrants dans les productions animales et végétales... L’engagement sur le DD de l’organisation est monté en puissance au printemps 2007, avec la création d’un Comité de pilotage conjoint Coop de Fran-ce/In Vivo. Une démarche structurée a vu le jour fin 2007, et a reçu l’appui financier du Casdar (Compte d’affectation spécial pour le développement agricole et rural).
Ce projet ouvert à toutes les coopératives a été testé par un groupe pilote de six entreprises de diverses tailles et activités. Nouricia (près de 800.000t de collecte, pour 2.000 adhérents) est la première à avoir finalisé la démarche. Cela devrait être le cas pour l’en-semble du groupe pilote courant 2009.
Deepcoop, la preuve par la notation
La première étape de la démarche “notation développement durable” consiste à identifier les parties prenantes de la coopérative, concernées par tout ou partie des trois piliers du DD (économie, société, environnement), et les associer à la démarche. « Cette première étape est particulièrement innovante », selon Denis Longevialle, responsable developpement chez Nouricia, car « elle permet à la fois de nouveaux rapprochements avec nos partenaires habituels et le développement d’échanges et de collaborations avec des acteurs non encore associés, parfois dans des domaines inexplorés. » Parmi les parties prenantes, l’entreprise cite Malteurop, NutriXo, la Drire, le Crédit Agricole, l’Agence de l’eau Seine Normandie ou même encore... le syndicat apicole de l’Aube ! Ce qui montre la diversité des parties intéressées.
Un travail de collecte de toutes les informations et indicateurs déjà existants dans les coopératives (charte, démarche qualité, Agri Confiance, HACCP...) est ensuite effectué. Après le choix des indicateurs en concertation avec les parties prenantes, les mesures associées et l’établissement d’un plan de progrès, la démarche aboutit à la rédaction d’un rapport sur le DD. Celui-ci comporte les plans d’amélioration déterminés en interne et permet, entre autres, de montrer que les entreprises ne partent jamais de zéro. Nouricia avait ainsi déjà créé en 2005 le club nouriciAgrosol, qui réunit près de 50 agriculteurs convaincus par les techniques de conservation des sols. Mireille Riclet, responsable du développement durable à Coop de France, remarque : « Les deux premières étapes peuvent être totalement internes aux coopératives, par l’intermédiaire du responsable qualité par exemple. Il faut en tout cas que la direction générale s’empare de cette demarche. »
Ultime étape: donner la preuve par la notation,sorte de caution extérieure afin que l’engagement soit reconnu et quantifié. Pour cela, l’outil de notation Deepcoop a été co-développé par Coop de France et l’agence de notation extérieure BMJ Ratings. Celle-ci attribue une note au rapport sur le DD et remet des préconisations à l’entreprise en vue d’amé-liorations. La notation est valable un an.
Créer une valeur ajoutée
L’intérêt de cette démarche est grande pour les coopératives, et source de valeur ajoutée. Selon Michel Montet, directeur céréales-appro et développement durable du groupe coopératif Maïsadour, la notation est une « preuve. Elle permet de mettre en évidence ce que nous faisons et ce que nous allons faire. » Autre intérêt, « l’aspect sociétal permet de mettre en lumière le monde agricole sur lequel on communique trop peu. » Et d’améliorer son image, comme l’indique Patrick Durand, président de la coopérative de Boisseaux : « l’agriculture jugée de façon négative n’est plus perçue comme une activité normale à la campagne. Il faut réconcilier le milieu rural avec les néoruraux. » Ce travail permettrait également selon Michel Montet de mieux aborder certaines polémiques . « Il est urgent de posséder ces outils, notamment le bilan carbone, pour mieux faire face à diverses controverses. »Comme sur les biocarburants, accusés d’être trop coûteux en énergie. En nuançant tout de même : «le métier de céréalier n’est pas à réinventer. On n’attend pas de révolution. »
Les coopératives engagées dans le DD insistent sur l’importance d’une démarche globale, pas seulement limitée à l’aspect environnemental. Ainsi, « réaliser le bilan carbone a été un véritable outil de management pour sensibiliser les administrateurs et les salariés, en cristallisant la problématique sur l’un des enjeux, le changement climatique », selon Denis Longevialle. Autre aspect important : que l’action ne se limite pas au périmètre de la coopérative, et « s’étende dans un second temps à l’ensemble de ses adhérents. »