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De nouveaux champions sur les marchés agricoles

Marchés - Les pays émergents bouleversent les fondamentaux du commerce mondial des denrées alimentaires. FranceAgriMer fait le point

LES PRINCIPAUX acteurs influant sur les prix agricoles sont en train de changer. C’est  ce qu’a laissé entendre Michel Ferret, chef du service des marchés et des études des filières de FranceAgriMer, lors d’une conférence de presse le 5 mars au 47e Salon International de l’Agriculture.

Des pôles logistiques en développement
    Les changements au niveau des principaux pays producteurs et consommateurs de denrées alimentaires dans le monde entraînent un développement de nouveaux nœuds logistiques. « La Russie est en train d’augmenter ses capacités de chargement et de stockage sur ses deux principaux ports d’exportation en mer Noire, mais aussi sur la façade Pacifique afin d’être présente sur les marchés asiatiques » a souligné Michel Ferret. De son côté, la Chine serait en train de placer ses pions tout autour de l’Inde, au travers d’un réseau d’alliances maritimes et commerciales, afin d’assurer ses approvisionnements en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique.

Différentes stratégies d’expansion
    Pour conquérir des marchés, les pays émergents mettent en œuvre toute une panoplie d’aides et de politiques améliorant la compétitivité de leurs productions. Au Kazakhstan, zone relativement enclavée, l’État alloue 20 $/t pour le transport des céréales vers les zones d’exportation. Un accord de transit pour 3 Mt de céréales à travers la Chine a été signé. Enfin, le pays souhaite créer des stocks relais pour exporter dans des pays tels que l’Azerbaïdjan ou l’Égypte. « Cependant, si les kazakhs ont voulu installer des silos dans le Caucase, leur voisin russe n’ont pas vu l’opération d’un bon œil » signale Michel Ferret. En effet, les fenêtres d’exportations ne sont ouvertes pour le Kazakhstan que lorsque l’Ukraine et la Russie ne sont pas au marché. La fédération russe n’est d’ailleurs pas en reste au niveau des aides à l’exportation, notamment depuis la création, en mars 2009, de la société de commerce du gouvernement. Sur les bases de l’ancien office d’intervention, elle pourrait à elle seule canaliser 50 % des exports de céréales du pays. Au Canada, le Canadian Wheat Board (CWB) aide aussi aux exportations, notamment pour le blé dur. Un autre moyen de se développer sur les marchés alimentaires est la transformation off-shore. Les Émirats arabes unis sont  devenus les 5e exportateurs de farine dans le monde à partir de blé allemand. L’achat de terres à l’étranger permet aussi à certains pays d’assurer leur approvisionnement en produits agricoles, à l’image de la Chine qui serait en train de s’implanter au Congo pour produire de l’huile de palme.

Progression des échanges mondiaux
    Entre 2000 et 2009, les volumes échangés en céréales ont progressé de 12 %, avec une hausse de 33 % en ce qui concerne le riz. D’autres produits, tels que le soja (+ 47 %), le sucre (+ 43 %), la viande (+ 43 %) et la poudre de lait (+ 23 %) ont également vu leur volumes échangés augmenter dans de fortes proportions. « Si l’on convertit les échanges mondiaux de viande en céréales, les volumes passeraient de 38 Mt en 2000, à 55 Mt sur 2009/2010 » a expliqué Michel Ferret. Ceci démontre qu’une part grandissante des céréales mondiales est fixée sous forme de viande. Le développement économique des pays émergents, dont les régimes alimentaires évoluent vers une consommation de plus en plus soutenue en produits animaux, participe à cette tendance. La relance du commerce diplomatique, avec notamment des accords d’abaissement des droits de douanes entre le Brésil, pour sa viande, et la Russie, pour son blé, participe au décalage des sphères d’influence en agriculture. Des accords de troc  voient aussi le jour sur des échanges riz/pétrole, notamment entre la Thaïlande et l’Iran.
    Quand l’Europe déréglemente, les pays émergents soutiennent leurs agricultures et gagnent des parts de marché. Quel modèle suivre ?

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