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Crise de l’œuf : le ministre propose un plan d’action
Pour répondre aux opérations de casses des producteurs bretons au début du mois d’août, Stéphane Le Foll a présenté quelques pistes pour enrayer la situation de surproduction du secteur.
Le 7 août dernier, plus de 100.000 œufs ont été détruits dans les Côtes-d’Armor (à Ploumagoar) par un collectif de producteurs bretons, dénonçant la situation de surproduction européenne et française, et l’impossibilité qui en découle de rémunérer leur travail, faute de niveaux de prix de vente suffisants. Une opération renouvelée les jours suivants. En réponse à cette crise, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a présenté le 13 août un « plan d’action en faveur de la filière œuf » et a nommé deux inspecteurs généraux chargés d’aider la filière à mieux s’organiser, renforcer les actions de promotion et donner plus de visibilité sur le marché. De son côté, Bruxelles n’entend pas intervenir considérant que le secteur ne connaît pas « une situation exceptionnelle qui justifierait une intervention de l’Union européenne », selon Roger Waite, porte-parole du commissaire européen à l’Agriculture. Selon l’organisme allemand Meg, l’Union européenne comptait potentiellement plus de 340 millions (M) de poules pondeuses en mai dernier et plus de 345 M dès le mois de juin contre 320 M en 2012. Le point déquilibre du marché se situerait autour de 335 M de poules pondeuses.
Le plan d’action et les missions des inspecteurs
« Il s’agit d’une crise importante : conjoncturelle et, en partie, structurelle », a déclaré le 13 août Stéphane Le Foll à Rennes, à la sortie d’une réunion de 2 h 30 avec la filière Œufs. Le ministre y a présenté un plan d’action. « Les producteurs doivent, à leur niveau, tirer les conséquences de cette situation de déséquilibre du marché », constate en préambule Ledocument. Autre nécessité pour retrouver une certaine sérénité : « trouver des débouchés à l’excédent actuellement présent sur le marché». Pour remplir ces deux objectifs, le plan prévoit, « la mobilisation du réseau économique de l’État à l’international pour accompagner la filière, via l’interprofession dans son développement sur de nouveaux marchés », « le soutien d’actions de promotions de l’interprofession sur de nouveaux marchés à l’étranger et en France », et la simplification des « formalités administratives à l’export ». De plus, le ministère facilitera la mise en place de dons entre les professionnels et des associations caritatives permettant l’écoulement de 100.000 à 250.000 œufs par semaine. D’autre part, afin d’aider les producteurs à surmonter cette crise, ces derniers pourront bénéficier de mesures de bienveillance sous forme de « délais de paiement ou de remise gracieuse » concernant les impôts et les taxes Par ailleurs, les caisses de la MSA pourront être sollicitées pour bénéficier de « prise en charge partielle des cotisations et d’un échéancier de paiement ».
Enfin, Stéphane Le Foll a nommé deux inspecteurs généraux, Muriel Guillet et Yves Riou, pour aider la filière, en particulier le Comité national de la promotion de l’œuf (CNPO), à renforcer ses actions. Autre ambition : donner aux opérateurs une meilleure visibilité sur le marché et explorer « les possibilités pour la filière d’approches collectives pour la prospection de nouveaux marchés à l’export ». Leurs conclusions devront être remises au ministre début octobre.
Déçus par les propositions de Stéphane Le Foll, la Coordination rurale estime qu’« il faut traiter le problème à la racine et s’attaquer à la cause réelle : la surproduction liée à la dérégulation ». La Confédération paysanne considère quant à elle que « les seules solutions proposées ne sont que fuite en avant et industrialisation encore plus poussée de l’agriculture ».
Le CNPO souhaite exporter 15 millions d’œufs
« On a décidé de prendre des mesures d’urgence, car les mesures de fond que nous avons prises ces dernières semaines ne donneront des résultats qu’à moyen terme », a déclaré le 19 août Philippe Juven, président du CNPO. L’interprofession a donc l’intention d’exporter 15 millions d’œufs pour alléger le marché national et faire remonter les cours des œufs. Le Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (Snipo) sera soutenu par les attachés agricoles des ambassades françaises pour trouver des marchés et adapter l’offre française aux normes des potentiels partenaires commerciaux étrangers (date limite de consommation, marquage des œufs…).