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Farine
[Coronavirus Covid-19] : La meunerie tient bon face au pic de demande, mais demain ?

Les meuniers français ont su faire face à une demande accrue, suite au discours d’Emmanuel Macron, et à des conditions de travail particulières.

© Bru-nO (Pixabay)

La meunerie française a connu une nette progression de son activité depuis le milieu de la semaine dernière, et surtout depuis le discours d’Emmanuel Macron du 12 mars. C’est le constat partagé par de nombreux dirigeants du secteur qui évoquent des hausses allant de 20 à 40 % notamment en Ile-de-France. Une hausse de la production qui s’est accompagnée de conditions de travail perturbées avec le renforcement drastique des mesures sanitaires à mettre en place au sein de l’ensemble des entreprises de la filière. Si une majorité d’acteurs se montrent motivés pour l’instant, avec le sentiment d’être "investit d’une mission", des craintes pointent concernant les prochaines semaines concernant la capacité à pouvoir mobiliser les équipes dans le temps.
Dans cette période pour le moins particulière, une cellule de crise a été mise en place par l’Association nationale de la Meunerie française (ANMF) afin d’accompagner au mieux les professionnels dans ce nouveau contexte.

Pas de problème d’approvisionnement ni de livraison globalement

Les minoteries ont tourné à plein régime, "parfois 24 heures sur 24" selon l’ANMF, depuis les annonces gouvernementales, "qui ont poussé certain français à faire des réserves malgré le fait que le plan de continuation de la filière alimentaire est acté" explique Lionel Deloingce, président de Moulin Paul Dupuis. Affichant pour certains des hausses d’activité supérieure à 30 %, les meuniers sont toutefois conscients du caractère purement artificiel et conjoncturel de la situation. Les achats de blé ont d’ailleurs été moins soutenus ces derniers jours qu’au lendemain des annonces des 12 mars et du week-end suivant. " Nous avons eu une croissance de la demande en début de semaine en boulangeries artisanales au-delà de 140 %. Cependant nous anticipons un retour à la normale en fin de semaine, même avec l’ouverture 7/7 autorisée pour les boulangeries artisanales : les mouvements d’achats irrationnels semblent baisser. Les besoins chez les industriels du pain sont soutenus, mais le marché de la RHF est en forte décroissance voire à l’arrêt" relevait le 19 mars Éric Roos, directeur de Soufflet Meunerie.
Côté logistique, "Nous n’avons pas connu de rupture de chaîne d’approvisionnement" assure Lionel Deloingce, dont le constat semble partagé par l’ensemble du paysage meunier hexagonal. Les livraisons de farine posent moins de problèmes, les flottes livrant les boulangeries étant souvent internalisées.
Les moulins spécialisés en produits Bio ne sont pas en reste même si ces produits ne sont pas forcément privilégiés en temps de crise. "Nous avons connu nous aussi un afflux de commandes cette semaine" rapporte Olivier Desseine, dirigeant des Moulins de Brasseuil (78), qui relève toutefois une gestion logistique parfois difficile.
Si cette semaine a été synonyme d’activité soutenue, celle-ci pourrait bien redescendre aussi fortement, les Français ayant des réserves qu’il faudra bien consommer.

Cellule de crise ouverte par l’ANMF

Comme lors de la crise du virus H5N1, l’ANMF a mis en place une cellule de crise pour répondre aux interrogations de ses adhérents. "Tout le personnel est mobilisé en ce moment autour de cette question, soit 9 personnes" explique Aurore Bescond, secrétaire générale adjointe de l’ANMF. "Les principaux sujets sont les questions liées aux procédures et contrôles à mettre en place en ce moment concnernant l’activité et les livraisons, au transport avec un travail à réaliser ax côtés des autres fédérations profesionnelles, et aux mesures barrières à mettre en place au sein des entreprises mais aussi au niveau des livraions en boulangerie", détaille-t-elle. Et dans le même temps, "nos entreprises doivent continuer de nourrir les Français". Et de conclure : "Nous avons une mission de service publique".

Une résilience à surveiller

Télétravail, mesures de distances entre salariés sur site, masques/gants/gel à disposition si disponible… Autant de précautions d’usage que les meuniers ont mis en place dans leurs entreprises pour poursuivre l’activité dans les meilleurs conditions possibles. Toutefois, une question commence à émerger chez certains dirigeants : Combien de temps les salariés, qui jusqu’ici travaillent admirablement selon de nobreux témoignages, pourront-ils tenir dans ce contexte anxiogène et potentiellement dangereux pour la santé. Pour l’heure, aucun moulin interrogé n’a déclaré de salariés touchés par le Covid-19 (Moulins Paul Dupuis, Moulins de Brasseuil, Moulin de Chars, et groupe Soufflet).

 

 

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