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Meunerie
Blé, énergie, emballage,... les coûts de production des meuniers explosent

L’ANMF vient de publier un note sur l’environnement économique de la meunerie. Points essentiels.

© ANMF

Tout en rappelant que l'ensemble des indicateurs concernant la période la plus récente n’ont pas été publiés, l’Association nationale de la meunerie française (ANMF) indique que la profession fait face aujourd’hui à « une pression historique de l’environnement économique sur la meunerie » dans sa deuxième Lettre d’information « environnement économique de la meunerie » de mars 2022.

Avec des prix du blé historiquement haut, la marge brute était au plus bas depuis 2012 au premier semestre 2021. Et « si l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) n’a pas encore publié ses indicateurs sur le second semestre 2021, tout indique une nouvelle dégradation. En effet, le prix Matif spot du blé tendre a augmenté de 54 % entre janvier 2021 et janvier 2022 (indice de prix de 188) mais aussi de plus de 50 % entre septembre 2021 et février 2022 (indice de prix de 244) », peut-on lire dans la lettre d'information.

En revanche, les auteurs constatent que « la hausse du prix de vente de la farine est beaucoup plus mesurée entre janvier 2021 et janvier 2022 pour les industries utilisatrices (+30 % pour un indice de prix atteignant 129), la vente de sachets (+10 % à 146), la boulangerie industrielle (+7% à 117) et la GMS (+5 % à 125). Ces marchés représentaient en 2021 respectivement 25 %, 5 %, 24 % et 5 % des utilisations intérieures de farine », soit au total 59 %.


Toujours selon la note de conjoncture de l'ANMF, la situation est encore plus marquée pour la boulangerie artisanale. « Ce segment de marché représentait 1/3 des utilisations domestiques de farine. L’indice de prix de farine a augmenté de seulement 6 % atteignant une valeur de 106. Cette hausse très limitée peut s’expliquer par la faible augmentation du prix moyen mensuel de vente au détail de la baguette. Son indice de prix a seulement augmenté d’environ 2 % ».
 

De multiples facteurs de hausses affectent le secteur de la meunerie

Il n’y a pas que les prix des matières premières de base qui pèsent sur le secteur. L’ensemble des autres segments qui participent à la fabrication et à la distribution de la farine est aussi concerné par la progression globale des cours mondiaux sur les marchés de matières premières en général.

A titre d’exemple, on notera que « le prix de l’électricité sous contrat a accéléré sa hausse structurelle : +23 % en janvier 2022 par rapport à janvier 2021. Le prix spot de l’électricité a augmenté de manière exponentielle fin 2021 avec une hausse de 271 % entre août 2021 et décembre 2021. Et, entre janvier 2021 et 2022, cette hausse s’élève à 251 %. En gaz, le prix du marché à terme ICE spot a été multiplié par 3,8 entre janvier 2021 et janvier 2022. A la suite de l’invasion de l'Ukraine par la Russie, le prix du marché à terme a de nouveau augmenté de 55 % entre janvier 2022 et début mars 2022. Le pétrole Brent (mer du Nord) a suivi la même tendance pour atteindre son plus haut niveau depuis juillet 2008 à près de 129 $/baril le 8 mars dernier », détaille le document.

Côté emballages, les tarifs sont de nouveau sur des niveaux historiquement hauts avec un prix du bois qui se répercute en cascade tout au long de la filière bois-pâte à papier-papier-emballage. « Les indices de prix de la pâte à papier importée, et des papiers et cartons dont emballages, ont baissé au cours de l’été dernier avant de remonter sur les niveaux historiquement hauts. Les indices de prix des papiers et cartons dont emballages ont augmentés de 28 % entre janvier 2021 et 2022 ».

Même scénario du côté du minerai de fer (référence Fer 62 % CME) avec une forte chute entre juillet 2021 et novembre 2021 (-130 %) avant un redressement de 53 % (145 $/t en moyenne sur février 2022). « Son cours mondial influence en cascade le prix final des pièces détachées indispensables à l’activité industrielle mais aussi du transport par l’élévation du coût d’achat des camions ». Quant au coût du transport, il a de nouveau augmenté avec l’indice du gasoil. Le prix à la pompe a atteint des niveaux historiquement hauts à 1,42 €/l HT à la pompe en moyenne en février 2022 ». Les coûts sont renchéris aussi par la difficulté à trouver des chauffeurs au bon moment pour le bon trajet.

Même si, depuis toujours, le secteur de la meunerie dépend très fortement du comportement de son environnement économique, la hausse actuelle est jugée « inédite » par les responsables de l’ANMF et « devra être répercutée tout au long de la filière, sans quoi le secteur sera gravement touché ».

D’autant que les impacts du conflit armé entre l’Ukraine et la Russie, même s’ils commencent à se faire sentir, ne sont pas encore « retranscrits dans les indices Insee car les valeurs de février et mars ne sont pas disponibles ».

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