Oléagineux
Colza, tournesol, soja : libérer les protéines des graines françaises
Du tourteau de colza à 42% de protéines, du tourteau de tournesol à 46%, 20% de lysine récupérée… autant de valeurs dont les marchés ont besoin et que les technologies testées par Terres Inovia rendent possibles sur les graines hexagonales de colza, de tournesol et de soja.
Du tourteau de colza à 42% de protéines, du tourteau de tournesol à 46%, 20% de lysine récupérée… autant de valeurs dont les marchés ont besoin et que les technologies testées par Terres Inovia rendent possibles sur les graines hexagonales de colza, de tournesol et de soja.
Améliorer l’autonomie protéique des élevages et, plus généralement, de la France passe par la valorisation des graines déjà disponibles dans le pays. « Nous travaillons sur les manières d’améliorer l’efficacité alimentaire des protéines depuis très longtemps », explique Patrick Carré, ingénieur procédé au sein de Terres Inovia.
« La question de l’autonomie protéique ne relève en effet pas tant de la quantité de protéines disponibles que de la disponibilité de protéines concentrées, riches en acides aminés essentiels, digestibles par l’animal et économiquement abordables », a t il estimé lors d’un webinaire organisé le 22 mars par Agrennium et l’Acta.
Dans le cadre de Cap protéines (Plan protéines), le financement de 10M€ dont la R&D de Terres Inovia et de l’Institut de l’élevage bénéficie sur deux ans (2021 et 2022) leur permettent d’accélérer des projets déjà engagés. Une nouvelle thèse est aussi en train de démarrer sur l’extraction mécanique des produits bien décortiqués, notamment en agriculture biologique mais pas uniquement.
Gros potentiel en colza, davantage en tournesol
*Le décorticage des graines oléagineuses a en effet le potentiel d’améliorer significativement la richesse en protéines des tourteaux comme l’ont déjà montré des projets de recherche précédents. Ainsi, les pellicules représentent environ un tiers de la masse du tourteau de colza et leur extraction permet de passer d’une teneur en protéines de 33-34% à 42%. « C’est encore plus marqué chez le tournesol dont la coque représente près de 45% du tourteau. Un décorticage complet de cette graine permettrait d’obtenir des tourteaux à plus de 46% de protéines contre 27% dans le non-décortiqué » détaille l’expert. A noter que le tourteau de tournesol HiPro, qu’il soit produit en Ukraine ou en France (usines de Saipol à Bassens-33- et Lezoux -63-) affiche plutôt 35% de protéines car il n’est que partiellement décortiqué.
Deux verrous limitent la pratique du décorticage : la difficulté de bien décortiquer et celle de réaliser une extraction mécanique de l’huile performante après décorticage. Pour le tournesol, la question est plutôt génétique : les variétés actuelles ont surtout été sélectionnées pour leur richesse en huile mais, dans le même temps, elles se décortiquent difficilement : « nous travaillons donc avec les sélectionneurs pour comprendre pourquoi afin d ‘orienter leurs recherches vers des variétés riches en huile et faciles à décortiquer à la fois » détaille Patrick Carré.
Les chercheurs se penchent aussi sur la digestibilité réelle des tourteaux pour les animaux, l’application de certains traitements thermiques dégradant notamment la disponibilité de la lysine de 20 à 25%.. Il faut accroitre la solubilité des protéines car chaque point de solubilité supplémentaire permet un gain de 0,5 g de lysine digestible. Terres Inovia propose donc de travailler sur la préparation des graines pour réduire la quantité de solvant retenue dans le marc avant le traitement de désolvantation.
Enfin, sur le soja, les unités de trituration de 10 à 25 000 t (voire plus), se multiplient en France, soutenues notamment par le Plan de Relance. La transformation du soja par ces unités de transformation territoriales dépourvues d’extraction par solvant fournit des tourteaux dits gras. Mais leur qualité ne parvient pas à atteindre les niveaux obtenus expérimentalement à l’échelle pilote que ce soit en termes de teneur en huile résiduelle (8-9% vs. 5-6%) ou de solubilité des protéines (50-75% vs. 75-85%).
Terres Inovia cherche à identifier les raisons pour lesquelles le changement d’échelle induit des pertes de performances, notamment par l’observation du fonctionnement des unités industrielles, généralement équipée de presses Olexa, pour proposer des pistes d’amélioration que ce soit au niveau de la presse ou de la cuisson.