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Évènement
Collecte bio, rendements à la baisse, qualité au rendez-vous

Année atypique sur le plan climatique, retard des récoltes d’au moins un mois : la bio aussi est affectée par une baisse des rendements qui touche la majorité des espèces de céréales. Toutes les régions françaises sont concernées : moins 25 à 30 % sur la plupart des zones, un peu moins dans le Sud-Est. De plus, la qualité technologique est hétérogène. « Nos rendements en blé oscillent entre 10 et 20 q/ha, contre 30 à 35 en moy-enne une année normale, témoigne Hugues Chaline, responsable de Biograins Vert Anjou (filiale de la CAPL), située dans la Vienne. En revanche, le taux de protéines est plutôt correct, avec une moyenne de 11,5 %. » En Bourgogne, même constat décevant pour les rendements, mais présence de bons taux de protéines, un PS et un temps de chute (Hadberg) très satisfaisants. Dans le Sud-Ouest, scénario identique, avec un taux de protéines acceptable, « sans problèmes de mycotoxines, malgré la forte humidité », signale Nicolas Lecat, directeur d’Agribio Union. Dans le centre, les rendements ne sont pas au rendez-vous et la protéine très irrégulière, tout comme dans le Sud-Est : « excès d’eau, froid de juin, échaudage, d’où des volumes en baisse et des protéines inférieures à 11 %, souvent à 10 % », note Hervé Mücke, directeur de Bio Sud Est (14.000 t de collecte). Pourtant, globalement, la note de panification des blés bio est satisfaisante, ce qui rassure les meuniers.

Des volumes en repli
Conséquences, selon les premières estimations de FranceAgriMer, la collecte des céréales bio amorce un recul significatif par rapport à l’an dernier, soit au total une chute de 24 %. Le blé tendre, principale céréale cultivée puisqu’elle constitue 40 % des volumes, est moins impacté, avec un repli de 15 % évalué au 1er septembre (et de 51 % pour le C2*, utilisé quant à lui en alimentation pour les animaux). Pourtant, les opérateurs, qui transforment 85.000 t de blé meunier, ne sont pas inquiets : « Certes les rendements ont chuté, mais les surfaces en blé meunier ont progressé, avec l’arrivée de nouveaux apporteurs, notamment dans le Nord et en île-de-France, suite à de nombreuses conversions en 2010-2011 », rappelle Jean-Louis Dupuy, PDG du Moulin Dupuy-Couturier, implanté dans la Loire, et co-président de la commission bio d’Intercéréales. Ainsi, malgré ces résultats médiocres, « nous ne sommes pas en situation déficitaire, même si le marché reste tendu, et de plus, il restait des stocks », souligne le meunier qui, depuis cette année, ne s’approvisionne plus qu’en blé d’origine France, « pour répondre expressément à la demande des industriels dans un marché en croissance de 4 % par rapport à celui de l’an dernier qui a été atone ». Au Moulin Dupuy-Couturier qui moud 20.000 t de blé bio, seul le blé biscuitier est encore acheté en Italie du Nord, en filière tracée en direct des producteurs. Mais « plus pour longtemps, car nous initions la mise en place de ces variétés en France ». Tous les moulins n’ont pas pris ce virage du 100 % français, et des achats hors frontières, pour l’instant difficilement quantifiables, sont effectués, dans un contexte où les cotations hexagonales, beaucoup moins volatiles qu’en conventionnel, ont tendance à se raffermir.

Les Fab impactés
Les céréales secondaires sont, elles, aussi touchées par cette baisse de rendements, qui plombe les volumes : -53 % pour le triticale, -17 % pour l’orge. Les fabricants d’aliments bio, qui en utilisent 120.000 t, ont accru leurs approvisionnements de 56 % en blé tendre et 34 % en triticale au 1er septembre par rapport à  l’an dernier, et ont réduit ceux en orge de 8 %. « Concernant le maïs, il est encore trop tôt pour y  voir clair, compte tenu du retard de la récolte, qui risque de durer jusqu’en janvier », s’inquiète Nicolas Lecat. D’où une tension prématurée sur cette céréale bio,  stratégique en alimentation du bétail. « Nous restons confiants, même si, compte tenu des emblavements, on s’attendait à une baisse sensible des prix », confie Jean-Charles Cizeron, du moulin éponyme, situé dans La Loire, et fabriquant de 23.000 t d’aliments bio. Quant aux autres céréales destinées à l’alimentation humaine, l’année est également atypique : l’épeautre par exemple est fortement déficitaire, en France comme en Europe, et son prix flambe : « C’est l’apanage des micro-marchés en fort essor, explique Hervé Penaud, dirigeant de AgriCPS, dans la Somme, qui en décortique de 1.500 à 2.000 t. Attiré par les prix très élevés de la fin de campagne, il s’en est semé des milliers d’hectares. Si les conditions météo sont correctes, on risque un revers de marché dès l’an prochain… »

* C2 : 2e année de conversion, incorporable dans l’alimentation animale à hauteur de 30 %.

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