Chlordécone - un « désastre » sanitaire aux Antilles ?
Dans un rapport qui fait suite à une mission d'étude, le professeur de cancérologie Dominique Belpomme évoque l'impact de certains pesticides aux Antilles dont principalement le chlordécone et le paraquat utilisés naguère dans l'agriculture locale. « Les expertises scientifiques que nous avons menées sur les pesticides conduisent au constat d'un désastre sanitaire aux Antilles », a-t-il affirmé dans une interview parue dans Le Parisien du 17 septembre. Il a aussi relevé que la fréquence des cancers de la prostate est « majeur e » aux Antilles, mais que les scientifiques n'ont « pas encore la preuve épidémiologique » qu'ils sont « liés au chlordécone ». Interviewé par Europe 1, Michel Barnier a estimé que, sur ce point, « la situation aux Antilles est très grave. » « Nous traiterons la question du chlordécone, en ce qui nous concerne, avec la plus grande transparence ».
Lors de la présentation du document à la presse, le 18 septembre, le Pr. Belpomme a proposé un plan en cinq points pour remédier à la situation : approfondir la connaissance des impacts écologiques de la pollution de l'île, étudier la fertilité des sols, rechercher les causes de l'augmentation des cancers, mettre en évidence des dangers du paraquat (interdit en juillet), sensibiler la métropole aux problèmes des Antilles. Il a par ailleurs révélé qu'une étude de l'Inserm (Hibiscus) en Guadeloupe avait montré que la molécule de chlordécone est présente dans 90 % des prélèvements sanguins réalisés sur les mères et le cordon ombilical des nouveaux-nés. De nombreux élus locaux entouraient le médecin à l'occasion de sa conférence. Ils aspirent, bien entendu, à ce que la lumière soit faite sur la question. « Il ne faut pas que l'omerta française étouffe cette affaire-là », a lancé le député et président du conseil régional de Guadeloupe, Victorin Lurel. Le ministère de la Santé a tenu une conférence le même jour pour rappeler que l'Afssa s'est emparée du sujet dès 2002 et a établi des recommandations de consommation après une étude portant sur l'exposition des populations antillaises, qui doit d’ailleurs être révisée. Pour le directeur général de l'Institut de veille sanitaire (InVS) Gilles Brücker, qui juge ce rapport non scientifique , « il n'y a pas de catastrophe sanitaire » pour le moment. Mais il faut suivre les conséquences de l’exposition des populations aux pesticides poursuit-il.