Champagne Céréales maintient le cap
Le groupe coopératif reste optimiste malgré les incertitudes qui planent sur les marchés
L’EXERCICE 2007/2008 a été exceptionnel pour le groupe Champagne Céréales. D’une part, du point de vue des résultats : 44 % d’augmentation pour le chiffre d’affaires qui s’établit à 1,828 Md€ et un résultat net également en forte hausse, à 27,9 M€, soit une situation financière saine. D’autre part, par un contexte économique mondial sans précédent marqué par « la volatilité record des cours des céréales, du prix de l’énergie et du coût des intrants » et « la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux », selon le groupe. Pascal Prot, réélu à la présidence de Champagne Céréales le 6 janvier, nous a confié retenir « une belle performance d’ensemble, tant pour la coopérative que pour les filiales. »Ces dernières ont su tirer leur épingle du jeu en centralisant leurs achats et en recourant au marché à terme. La crise économique mondiale est désormais passée par là, et laisse planer plus d’incertitudes pour les années à venir.
La collecte 2008 progresserait de 12 %
La collecte, en repli pour la troisième année consécutive en 2007, progresserait en 2008/2009. L’exercice sera marqué par une hausse d’environ 12 %, pour un total de 2,45 Mt et même 2,8 Mt, en tenant compte de l’Ukraine. Et cela malgré une nouvelle désillusion sur les rendements. Un niveau de collecte « très satisfaisant »,qui est « le signe d’une grande confiance entre les adhérents et la coopérative », selon Pascal Prot. La qualité est convenable. Si l’on intègre les chiffres de l’Onigc qui indiquent une progression dans les parts de marché, « l’exercice 2008/2009 s’annonce très convenable. »
La crise économique en toile de fond
Toutefois, Pascal Prot reste prudent : « On a une petite incertitude due à la crise. A ce jour, les filiales s’en sortent bien mais on ne peut pas prévoir l’avenir. Il faut rester modeste. »
Ainsi, en Ukraine, où Champagne Céréales investit via Desnagrain, la crise est bien supérieure à ce que l’on connait en France car il n’y a pas de filet de sécurité. « L’activité en Ukraine est surveillée comme le lait sur le feu. ». Pour autant, aucun investissement n’a pour le moment été reporté.
« Dans ces moments d’incertitude, il est clair que le monde économique devient plus risqué. Mais dans certains cas, cela peut offrir des opportunités. Aujourd’hui, le groupe profite plutôt des investissements », selon Pascal Prot.
La crise n’aurait pas non plus de conséquences sur l’engagement du groupe concernant les questions environnementales. « Elle ne freinera pas la certification des exploitations. L’ensemble des réglementations (Grenelle) qui arrivent nous renforcent dans l’idée qu’il faut accompagner nos agriculteurs sur ce sujet. » De même, le groupe souhaite poursuivre son développement de la transformation de sa production agricole, « un axe stratégique majeur » pour Pascal Prot, d’autant plus justifié par les remous économiques. La solution? Fédérer d’autres acteurs, favoriser l’arrivée de nouveaux partenaires...
Selon Laurent Jubert, directeur général du groupe, la campagne 2009/2010 sera à « haut risque. » Pascal Prot explique cette affirmation par « une incertitude à double niveau. A quel prix la récolte prochaine sera valorisée pour nos agriculteurs et quelles seront les conséquences de la crise économique actuelle sur l’activité de nos filiales ? ». « L’optimisme raisonnable »est de rigueur.